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Un grand projet pour les arts et les loisirs en centre-ville Energies 432 - Jeremy Noé

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Avec la création d’un Centre loisirs, arts et culture, (Claec) un lieu unique en centre-ville, Gardanne entend donner une nouvelle dynamique aux actions culturelles et à la jeunesse.

À Gardanne, il y a une école d’arts plastiques, une de musique, des centres aérés, un cinéma. Autant de structures éparses qui fonctionnent bien, mais qui commencent à être soit victimes de leur succès, soit de leur vétusté. La Ville souhaite désormais intégrer tout ce petit monde dans un pôle tout en un au quartier Mistral, destiné autant à favoriser les pratiques culturelles qu’à répondre aux besoins des familles gardannaises.

L’ÉDUCATION POPULAIRE À L’ÉTROIT

Cela fait déjà un petit moment que les centres aérés jouent à guichets fermés, selon un fonctionnement qui a un tantinet vécu, puisque les 300 enfants usagers sont accueillis dans pas moins de cinq écoles différentes. « Les enfants ne peuvent laisser aucun dessin, aucun jeu, et le personnel doit à chaque fois réaménager les salles selon les besoins de l’école ou des centres de loisirs. L’été, il faut quatre jours de déménagement ! » souligne Angèle Planidis-Dumont, directrice générale des services.

« Le fonctionnement actuel n’est pas du tout pratique pour les familles, en fonction de l’âge des enfants il faut aller d’un site à un autre, » ajoute Valérie Laurent, responsable du secteur de l’Éducation. D’où le besoin d’un lieu ouvert toute l’année, propre à répondre aussi aux nouveaux rythmes scolaires. Et tant qu’on y est, un lieu qui puisse aussi créer des passerelles avec les activités artistiques de la ville, par exemple que les petits accueillis le mercredi après-midi puissent profiter de cours d’arts plastiques ou de musique sans avoir à parcourir à pieds la moitié de la ville.

A l’école d’arts et de musique, on se montre on ne peut plus réceptif au projet. « Quand je suis arrivé il y avait une cinquantaine d’élèves. On est à 250 inscrits cette année, indique Alain Puech, depuis dix ans à la tête de l’école municipale d’arts plastiques. « Évidement, on aurait bien besoin de s’agrandir », reprend Paul Giancaterina, son alter-égo à l’école de musique.« En 30 ans nous sommes passés de 150 à 300 élèves, le nombre d’instruments enseignés à été multiplié par deux, les pratiques ont évolué sur la musique d’ensemble, les orchestres, d’où le besoin de salles d’expression... et sans parler de la volonté de travailler avec d’autres services de la Ville. »

Alain Puech souligne : « Cela n’a rien d’une fantaisie municipale, c’est une nécessité car en 2016 nous ne serons plus aux normes. A l’heure actuelle le bâtiment est dans l’incapacité d’accueillir des personnes handicapées. »

UN CINÉMA À REPENSER

Enfin, le cinéma associatif 3 Casino, principalement alimenté par une subvention de la Ville (1,8 million d’euros de 2007 à 2014) est depuis deux ans amputé de sa salle 1, fermée pour cause de sécurité. La poutre maîtresse laisse craindre l’effondrement de la toiture, et le coût de sa réfection est jugé particulièrement salé : 460000euros. « Et ce sans garantie de modernisation de la salle, » souligne Mustapha El Miri, adjoint à la culture.« À ce prix là, l’entreprise conductrice des travaux nous a dit qu’il valait mieux construire du neuf. »

Soumise aux contraintes budgétaires, la Ville saisit l’opportunité pour repenser le cinéma et l’inclure dans le Centre des arts et des loisirs. Il s’agirait non seulement de rationaliser les coûts, mais là encore de créer des passerelles, pour que les Gardannais et les jeunes en particulier se (ré)approprient leur cinéma et ne soient plus seulement consommateurs, mais aussi cinéastes, et pourquoi pas décorateurs, costumiers, compositeurs, acteurs... au gré d’ateliers menés par les services municipaux.

Questions À Mustapha El Miri Adjoint au maire délégué à la culture

Énergies : Pouvez-vous nous présenter ce projet de Claec ?

Mustapha El Miri : Le Centre d’arts et de loisirs, c’est un équipement nouveau à part entière sur la ville. Le fait de regrouper autant de services municipaux va nous permettre de créer de nouvelles pratiques pour les Gardannais. En un même lieu, des gens pourront regarder, découvrir, pratiquer les arts plastiques, la musique, du cinéma, participer à des atelier associatifs... au-delà des cours réguliers qui auront lieu. L’idée est qu’il y ait vraiment du brassage et de nouvelles pratiques. Il manquait à nos yeux un tel équipement, qui puisse rendre justice à tout ce qui est fait depuis 20 ans, qui puisse répondre aussi aux limites d’espace rencontrées par les écoles d’arts.

Nous aurions pu reconstruire plusieurs équipements, à grands coûts ; nous avons préféré réfléchir à la mutualisation. Ça s’est fait naturellement. Et ça risque de se généraliser à l’avenir. Ça permet de rationaliser les dépenses publiques, et de rendre les pratiques plus faciles. Autre chose, qui s’impose avec force, c’est qu’il manque à Gardanne un endroit où sortir, aller boire un coup, manger. Aussi nous incluons dans la réflexion un café théâtre, ou une scène associative, qui puisse allier petites formes artistiques avec un lieu de détente et de consommation. Ce qui permettrait à des artistes locaux de pouvoir se produire et participer à l’animation de la ville tout au long de l’année.

Énergies : Certains s’inquiètent de la disparition du cinéma 3 Casino, et du festival

d’automne.

Mustapha El Miri : Pour nous le devenir est réglé... puisque cela a été tranché, voté, annoncé en Conseil municipal : on construira un autre cinéma ! Il n’y a pas lieu de tergiverser, au contraire, puisqu’on aura enfin un lieu qui sera fréquenté par une population plus large, au-delà du cercle d’initiés. Pour nous le cinéma ne doit pas s’adresser qu’aux cinéphiles, il doit appartenir à tous les Gardannais car c’est eux qui le financent.

Le festival ne pourra en sortir que renforcé, car il pourra attirer des gens d’abord venus pour les arts plastiques, la musique. On peut imaginer pouvoir travailler avec les écoles d’arts pour enrichir la programmation, faire intervenir des musiciens de l’école de musique, etc. Tout amoureux des arts devrait se réjouir d’une telle proximité. Certains ont une conception un peu muséographique de l’art, comme s’il ne devait exister que pour lui-même. Je suis plus sur cette idée que l’art se doit d’être pratiqué, accessible à la population, et aux Gardannais en particulier.

Points de vue croisés

Alain Puech directeur de l’école d’arts plastiques

A l’heure actuelle nous avons trois salles. Il y aurait encore un peu de place à certains créneaux horaires, mais il y a des jours où il faudrait pousser les murs, et je sais que je pourrais sans problèmes remplir deux salles de plus. Notamment le soir, quand on accueille les actifs : on est à bloc ! Nous accoler à une salle de cinéma ferait sens, dans la mesure ou en arts plastiques il y a une grosse filmographie. Tous les mois on propose d’ailleurs avec la médiathèque un film et un débat, mais avec une salle de cinéma, on pourrait imaginer un festival du film d’art, faire du montage, des films, mettre de la musique dessus, et qu’on pourrait projeter dans des conditions correctes... l’idée derrière ce centre d’arts c’est vraiment de mutualiser les pratiques.

Michel, Anne élèves de l’école d’arts plastiques

Michel : Je ne dirais pas qu’on est à l’étroit, c’est pas tellement l’espace, c’est surtout que les salles sont vieilles et les escaliers assez raides. Moi, ça va, mais il y a des gens plus âgés et qui ont quelques difficultés à monter ces escaliers, et ne serait-ce que pour elles, j’espère que le projet va se réaliser et que la salle de cinéma pourra accueillir au moins 200 personnes car j’aime le travail fait par le cinéma.

Anne : De temps en temps quand les cours sont pleins, c’est vrai qu’on est un peu à l’étroit. Il y a aussi les nuisances des ateliers à côté, par exemple là, les fraiseuses de l’atelier sculpture... et quand on peint on a souvent besoin de se concentrer, au calme. Je trouve le projet génial, avec plus de place et j’espère plus de lumière naturelle. Je suis pour les échanges avec les centres de loisirs, pourvus que les salles soient bien isolées.

Éric papa de Lisa, 4 ans, et Aaron, 6 ans

Les enfants sont très contents d’aller au centre aéré. Ça se passe très bien, on les met à chaque vacances, c’est un service très accessible, on paie en fonction des ressources. Lisa est avec les petits, Aaron au CP. Ils font plein d’activités, du foot, des arts plastiques, du tambour, aujourd’hui Lisa est revenue avec un masque. Réunir tout sur un même lieu ? Ils seront nombreux ! Pourquoi pas, ça peut être intéressant si on garde le même nombre d’animateurs. Le cinéma, on y va, on y était encore samedi dernier, on est allé voir “Les nouveaux héros.” On est arrivé en décembre sur la ville et je suis très satisfait, la médiathèque, le sport, les parcs, le cinéma, tout est à proximité, on n’a pas besoin d’aller à Plan de Campagne !

Les points clés

- Les structures culturelles de Gardanne sont victimes de leur succès et de leur vétusté. Les écoles d’arts et de musique ne seront bientôt plus aux normes d’accueil du public.

- Le projet de Centre loisirs, arts et culture (nom de code : Claec) entend réunir cinéma, écoles d’arts et de musique, centres aérés, café-théâtre, en un même lieu.

- Le lieu retenu est au quartier Mistral, en centre-ville, facilement accessible en voiture et à deux pas du Cours. Les places de parking à Mistral seront conservées.

- La Ville a signé le 11 mars dernier avec la Communauté du Pays d’Aix une convention pour le lancement d’une étude de faisabilité.

3000
en m2, la surface projetée du projet

300
Le nombre d’enfants de 3 à 11 ans accueillis dans les centres aérés

30
ans environ, l’âge des écoles d’arts et musique