Ville de Gardanne
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Un 1er mai pour l’histoire
Retour sur 1988 / Bruno Colombari
jeudi, 29 mai 2008

1968, 1988, 2008 : du séisme de Mai aux conflits sociaux en cours en passant par la grande grève des mineurs, la CGT a puisé dans les mouvements passés la motivation pour les combats d’aujourd’hui.

Ce 1er mai 2008 restera peut-être comme le jour où le nouveau code du travail a été adopté, “toiletté” comme disent certains, plus dur pour les salariés selon d’autres, avec des périodes d’essai allongées, des indemnités de licenciement plafonnées, des ruptures de contrat négociées et des contrats à durée plus ou moins déterminée. Au puits Morandat, après la manifestation du matin à Marseille qui a réuni près de trente mille personnes sur la Canebière, les militants de la CGT se sont retrouvés pour un aïoli festif. « Les luttes sont nombreuses, avec ST Microelectronics, La Provençale, Coca-Cola, les lycéens, et les mobilisations vont grandir. »

Mais ce printemps 2008 était aussi l’occasion de se souvenir de deux dates qui ont marqué l’histoire du bassin  : mai 68, bien entendu, avec une exposition retraçant les temps forts au niveau national complétée par des photos prises à Gardanne, mais aussi la grande grève des mineurs d’avril à août 1988. De nombreux articles de presse et des photos racontent ce qui s’est passé cette année-là. Tout avait commencé le 7 avril par une grève de deux heures par poste, reconductible, qui devient totale le 28 avril avec occupation du carreau à Meyreuil. Les revendications portent sur une revalorisation des salaires alors que la cohabitation se termine dans un climat de réduction des aides au secteur public.

Le conflit va se durcir et durer ainsi jusqu’au 9 août, un record dans l’histoire du Bassin minier. « Il y avait beaucoup de solidarité entre nous, se souvient Brigitte Martin, les larmes aux yeux. C’était difficile, il n’y avait plus d’argent qui rentrait, alors on allait voir EDF, le service des eaux, on demandait la gratuité pour les enfants à la cantine. Ça a marqué toute notre vie, c’est sûr. Il y a eu aussi des tensions dans les couples, quelques séparations. Au bout d’une semaine de grève, ça commence à faire long, mais après le deuxième mois, on vit comme des zombies. Mais il reste cette petite flamme que personne ne nous enlèvera. »

L’exposition raconte ainsi les grands moments, comme la manifestation à Cannes sur les marches du palais, l’occupation du galion du film Pirates, une lampe de mineur offerte au footballeur Alain Giresse, la venue du leader syndical britannique Arthur Scargill, les cinq femmes grévistes de la faim allongées sur des lits de camp dans la salle du conseil de l’Hôtel de Ville, un mariage sur le carreau de Meyreuil...

« On a réussi à bloquer le Vieux-Port en fabriquant des radeaux avec des palettes et des bidons, entre lesquels on a tendu des câbles. Ça a duré deux bonnes heures avant que les plongeurs de la police maritime ne viennent nous déloger. Les plaisanciers n’étaient pas contents, parce que personne ne pouvait entrer ou sortir. » Sur les photos, on essaie de se reconnaître, on retrouve des copains. Les uns ont disparu, d’autres ont perdu des cheveux ou n’ont plus la moustache. Comme le dit Guy Bonnet (qui fêtait ce jour-là ses cinquante ans), « ces vingt dernières années nous tiennent particulièrement à coeur. Il faut continuer les luttes. »

40 ans après...

Plus de trente mille manifestants dans le département le 1er mai, quarante mille rien qu’à Marseille le 15 : difficile de dire si, quarante ans après 68, un nouveau printemps social est en train de prendre forme. En tout cas, sur les banderoles, les références sont nombreuses, avec notamment un « levez pas le doigt, serrez-vous les coudes, élèves, profs, parents, 1968-2008, la lutte continue . » Trois bus sont partis de Gardanne. La réponse du chef de l’État (une loi sur le service minimum d’accueil dans les écoles) ne changeait rien à la détermination de ceux qui se battent pour un service public de qualité, à Gardanne comme ailleurs.