Ville de Gardanne
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Djembé, humanitaire et vieilles 4L
Voyages en Afrique / Carole Signes
jeudi, 29 mars 2007

Les jeunes Gardannais ont vibré au diapason de l’Afrique, en février dernier. Bénin, Burkina Faso, Maroc : trois voyages, trois destinations pour un seul objectif, allier échanges culturels, plaisir et expérience humanitaire.

« Elles sont belles, vous ne trouvez pas ? » Pas peu fiers de leur travail de mécanicien, Benjamin Chelli, Florent Hernandez, Samir Fezzazi et Walid El Hanafi, élèves du Centre Microélectronique de Provence embarqués du 15 au 25 février dernier dans la 4L Trophy 2007, font découvrir leurs deux véhicules de compétition.

C’est qu’ils ont mis plus de 10 mois à préparer leur participation à cette course d’orientation disputée au volant de 4L, organisée à travers le Maroc et ouverte aux étudiants européens ! Il a fallu, pour s’y inscrire se constituer en association, rechercher des fonds et des subventions (le raid revient en effet à plus de 5 000 euros par voiture), acquérir les véhicules, les customiser et les adapter aux sols caillouteux et aux dunes marocaines, réunir les 50 kg de matériel scolaire demandés à chaque équipage et distribués ensuite sur place.

Car cette course, physique et sportive s’il en est, s’avère aussi une belle aventure humanitaire. L’édition 2007 devrait ainsi permettre, grâce aux 2000 participants, de scolariser quelque 5 000 enfants marocains.

D’ailleurs, à écouter les quatre comparses, l’humain reste le plus beau vecteur de l’aventure. « J’ai particulièrement apprécié d’être au contact de la population locale : les enfants, pieds-nus, accouraient vers nous, venaient écrire leur adresse mail sur la voiture... en plein désert ! C’était surréaliste. Ils nous portaient de petits souvenirs et n’attendaient rien en retour ! Des Berbères nous ont également accueillis chez eux » raconte Benjamin.

Samir, d’origine marocaine, est revenu lui aussi avec des souvenirs plein la tête : « j’ai parlé avec des enfants, dont certains handicapés, dans ma langue. Je leur ai demandé s’ils étaient heureux de pouvoir bénéficier de tout ça, ce qu’ils voulaient faire plus tard, dans la vie... J’étais en pleurs. » Et face à de telles expériences, explosions de boîte de vitesse et autres déboires mécaniques sont vite rangés aux oubliettes.

« Pourquoi repart-on déjà ? »

L’humanitaire ? C’est une vocation qui ne date pas non plus d’hier pour le Lycée agricole de Valabre, qui, depuis dix printemps, organise chaque année un séjour avec quelques-uns de ses étudiants au Bénin. La dernière édition de ces périples africains a ainsi eu lieu en février. Les buts poursuivis sont doubles, selon Daniel Sanfilippo, professeur de biologie et coordinateur du voyage. « Tout d’abord il s’agit d’entrer dans une démarche d’interculturalité. Mais aussi, d’apporter un appui technique ou financier à des projets béninois . » Depuis peu, le lycée de Valabre concentre ses actions sur le Nord du pays, qui demeure le territoire le plus enclavé et le plus défavorisé, notamment sur les villes de Natitingou et de Kérou.

« Dans la première, nous avons apporté deux postes informatiques complets à une association en charge d’insérer les personnes handicapées. Ils vont monter un Cyberespace, réaliser des photocopies, de l’édition, de la saisie de documents et, à terme, se connecter à Internet. Cette initiative devrait permettre de créer deux emplois,  » développe Daniel Sanfilippo.

Dans la ville de Kérou, il y a aussi beaucoup à faire. « Il faut savoir que cette commune est très vaste, elle s’étend à l’échelle d’un de nos départements  ! Il n’y a rien : ni infrastructures, ni forage, ni écoles... Nous avons donc dirigé notre énergie vers l’un de ces villages, Kokéni : nous y avons financé les matériaux nécessaires à la construction d’une case d’alphabétisation. Nous avons également réuni des fonds propres à réaliser deux forages...  » Dix élèves de 18 à 22 ans ont participé à cette aventure. Une équipe qui, bien sûr, a vécu intensément cette expérience. Leur réaction, à la fin de ce périple de 17 jours ? « On a un visa de trois mois, nous ont-ils dit ! Pourquoi ne reste-t-on pas davantage  ? »

Mistral et Harmattan : un riche cocktail !

L’enthousiasme s’est également glissé dans les valises des Gardannais partis, avec le Service jeunesse de la ville, à la rencontre de la population burkinabaise. En effet, du 26 février au 13 mars, celui-ci a organisé un voyage culturel destiné à des jeunes pratiquant la percussion, la danse ou encore la jonglerie. Le tout organisé au centre Sindi International chez Adama Dramé, percussionniste de renommée internationale avec lequel le service jeunesse a noué des liens particuliers depuis 2002.

Une expérience inoubliable pour tous les jeunes participants à l’aventure, et que l’on peut retrouver sur leur carnet de bord, mis en ligne sur internet. En attendant, au mois de mai prochain, la constitution d’une exposition retraçant les grandes lignes de cette épopée tout en culture.

« Il y avait deux niveaux d’attente. Les stagiaires en percussions espéraient apprendre beaucoup au contact de l’un des plus grands maîtres incontestés du Djembé. A l’inverse, deux de nos animateurs spécialisés l’un en hip-hop, l’autre en techniques de jonglerie et d’équilibre sur objets, se demandaient comment ils allaient pouvoir transmettre leur propre savoir aux jeunes burkinabais. »

Mais, au final, le courant passe. Et les échanges ont bel et bien lieu. Dans les deux sens. « L’accueil, notamment, a été hors du commun... C’était une belle leçon de convivialité, de simplicité. » Et d’humilité. « Les artistes africains avec lesquels nous travaillions n’étaient pas dans la démonstration, restaient discrets lorsqu’ils répétaient. Du coup, lorsqu’ils se livraient à des prestations scéniques, nos jeunes se trouvaient véritablement impressionnés. »

Tout ces programmes d’échange culturel devraient permettre d’aboutir par la suite à la conduite d’actions sur le long terme.