Ville de Gardanne
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Question orale
lundi, 1er avril 2019

Mme Apothéloz : Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les conseillers municipaux, Permettez-moi d’intervenir sur le contrat de transition écologique en cours de négociation, je parle bien entendu d’UNIPER. Parler du charbon, ici à Gardanne, ce n’est pas simplement parler d’une énergie fossile, d’emploi et d’économie nationale. Pour moi non plus, je ne l’ai jamais dit, mais je l’ai dit avec fierté à M. Roger Meï, je suis par ma mère d’une famille de mineurs en Lorraine, à Forbach, Freyming très exactement, vraiment au coeur du charbon lorrain.

Le charbon fait partie intégrante de Gardanne depuis le XVIIe siècle. Il a façonné les hommes et le territoire encore plus que le paysage ! Il a fourni sa richesse à la commune. Il a donné sa dignité aux hommes, les gueules noires. Le charbon est l’âme de notre ville. Il lui a donné sa grandeur et sa dignité. Il l’a créée, ville de solidarités et terre d’énergies. Ainsi que tous les intervenants l’ont rappelé le 25 février lors de la commémoration des 6 mineurs décédés dans un éboulement au Puits Gérard. Moment intense d’émotion, de souvenirs et de partage. Alors Oui pour moi, comme pour vous, perdre le charbon peut nous sembler perdre l’âme de notre ville !

Et pourtant ! Rappelons-nous en janvier 2003, la mine a fermé. Et pourtant, nous avons continué à vivre, nous parlons du Puits Morandat. Aujourd’hui le Puits Morandat vit une seconde naissance. Il nous offre l’avenir avec la 3e industrie, celle de la microélectronique, de l’économie sociale et solidaire, de la géothermie et toutes ces industries nouvelles. Et nous en sommes fiers ! Notre puits se voit de très loin. Il est porteur de l’économie régionale, mais il est aussi porteur d’une Cité des sciences et des énergies. Nous avons toutes les raison d’être fiers de notre ville. D’ici 2022, la centrale à charbon fermera comme l’a confirmé le 19 octobre, le Ministre de la Transition énergétique et de la solidarité lors d’une réunion ! Comme l’ont réaffirmé encore David Coste et le Préfet lors de la réunion du 22 février.

Mme Primo : Pas sûr.

Mme Apothéloz : Je prends acte de l’intervention. Encore une attaque contre notre charbon ? Mais, soyons lucides mais, comme le dit le poète René Char qui est un poète d’ici d’Isle sur le Sorgue « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». Ce charbon n’est pas, n’est plus le nôtre, mais celui d’un pays africain en voie de développement. Il parcourt des milliers de kms pour parvenir jusqu’à nous Je vous pose des questions : Est-ce bien raisonnable ? Est-ce éthique et économique ? Est-ce bien raisonnable face au défi majeur du réchauffement climatique ? La question reste ouverte. Gardons les yeux ouverts, sachons nous montrer Gardannais mais aussi habitant et citoyen de la planète Terre aujourd’hui bien mise à mal.

Gardanne terre solidaire ! Gardanne terres d’énergies renouvelables. Voici le défi qui nous provoque et nous attend. Il ne s’agit pas de tourner une page mais d’ouvrir une superbe page vierge à écrire avec la foi en l’avenir, de nos enfants et petits-enfants. Nous avons déjà commencé à écrire ce nouveau chapitre de l’histoire de Gardanne, au XXIe siècle. Poursuivons dans cette voie, celle du Puits Morandat. Nous ne perdrons ni notre honneur ni notre dignité en perdant les fumées de charbon ! Le charbon nous a porté sur la voie de l’énergie.

Passons énergiquement de l’énergie fossile aux énergies renouvelables ! Nous avons déjà commencé avec le photovoltaïque aux Sauvaires, avec la géothermie à Morandat ! Poursuivons donc avec la tri-génération, la mise en place d’une filière bois déficitaire en Paca, l’écoconstruction pour lutter contre le réchauffement climatique, sachons nous montrer dignes de l’avenir ! Je le sais, ce ne sera pas facile. Ce sera un combat encore plus qu’un défi. Relevons-le car c’est de notre responsabilité d’élus. Poursuivons notre chemin en gardant les rênes de notre histoire. Essayons de construire un projet qui donne de l’emploi et de la dignité.

Monsieur le Maire : Je vais dire quelques mots, si vous avez lu Le Monde d’hier, vous avez lu quelque chose d’absolument inacceptable. Il y a 5 centrales à charbon en France, Saint-Avold, 2 au Havre, 1 à Cordemais et 1 à Gardanne. Le maire du Havre a obtenu que sa centrale continue, premier ministre, le ministre de l’Ecologie, De Rugy a obtenu que la centrale de Cordemais continue. Je suis en train de leur écrire, c’est inacceptable que l’on puisse répondre comme cela. Je viens d’adresser à M. Macron, une lettre, franchement on ne peut pas accepter cela, ce n’est pas parce qu’on est ministre qu’on a des passe-droits.

Ensuite, sur le charbon, je voudrais rappeler que pendant la guerre les Allemands ont fabriqué de l’essence avec du charbon, que la ville de Gardanne avait financé en 2003, une étude avec l’Université de Compiègne où l’on a vu des moteurs diesel tourner avec du charbon, c’est-à-dire du charbon réduit en poudre très fine mélangé avec de l’eau et un peu de fioul, qu’on appelle "ultracarb-fluide" et on a fait tourner un moteur diesel. Avec le charbon on peut faire beaucoup de choses. Et là on dit il y a des procédés à inventer. En Chine, en Allemagne, un peu partout, on cherche des solutions d’avenir pour respecter l’environnement et ici on annonce la fermeture.

Ce n’est pas cela qu’il faut faire, si vous avez quelques influences auprès de Monsieur Macron. A court terme, c’est une chose, mais regardons loin, quand il n’y aura plus de pétrole, quand il n’y aura plus de gaz de schiste, quand il n’y aura plus de gaz et bien on retournera au charbon. Il y en a partout dans le monde, il faut donc trouver des méthodes modernes pour mieux l’utiliser. Et sachez, Mesdames, Messieurs, j’ai tous les documents à votre disposition qu’avec du CO2 on fait de la pierre, vous entendez, au lieu de l’envoyer dans l’atmosphère on peut le transformer en pierre. C’est le BRGM qui est une institution nationale, c’est le CNRS donc, il y a des solutions. Saint-Avold, c’est à 10 ou 15 km du Rhin, de ce côté on veut fermer, de l’autre côté les Allemands en construisent et ils ont prévus plusieurs dizaines de centrales à charbon. Ils ferment les vieilles, ils mettent des moyens. Donc des solutions existent et Le Monde a bien situé les choses, si vous voulez on vous fera passer à ceux qui le souhaitent, on vous fera passer les documents. Je trouve inadmissible qu’on puisse avoir, parce qu’on est ministre, des exceptions à la règle.

Monsieur Jorda : Je n’en rajouterai pas sur ce que Monsieur le Maire vient de dire, mais par rapport à l’avenir de la centrale, depuis le mois de décembre, les salariés de la centrale sont en grève, alors ils sont en grève d’abord pour défendre leur outil de travail, mais aussi pour défendre l’indépendance énergétique de notre région. Ils sont en grève et donc les dernières réunions auxquelles vous faisiez référence, où un certain M. Coste a dit effectivement faisons des projets, bâtissons des projets et cela en 6 mois. Vous étiez à la réunion, où vous avez eu aux moins des échos, un représentant du ministère a dit effectivement pour faire un projet viable, il faut au moins 4, 5 ans.

Aujourd’hui, M. Coste qui est le délégué interministériel qui gère un petit peu la fermeture de la centrale de Gardanne, parce qu’ils viennent pour fermer la centrale, ils disent construisez des projets, faites des projets. C’est ce que vous avez proposé Mme Apothéloz, mais le délai qui est fixé par le Gouvernement est farfelu pour ne pas dire autre chose. Ce qui veut dire qu’à un moment donné on peut effectivement avoir comme disait Monsieur le Maire avoir des projets et il y a aussi des projets qui ont été présentés aussi par Europe Ecologie les Verts, les salariés de la centrale y travaillent aussi, donc effectivement, il y a des projets.

Et bien d’abord premier point, le délai est trop court, battons-nous ensemble pour que le délai soit repoussé, c’est le sens de la lettre signée par l’ensemble des élus du territoire en partant du Maire de Gardanne, en passant par le Maire de Meyreuil, la Présidente du Conseil Départemental, le Président de la Région et les Conseillers Départementaux dont je fais partie et plus largement Sophie Joissains, on a aussi Mme Halifat qui a signé cette lettre. Donc, effectivement, on a besoin de temps, la fermeture en 2022 ce n’est pas sérieux de donner une date butoir comme cela, si on veut bâtir des projets qui peuvent préserver l’énergie, qui peuvent préserver l’industrie, qui préservent l’environnement et qui respectent le savoir-faire des salariés cela était le premier point.

Deuxième point, les projets ce sont des bonnes choses, quand on demande au Gouvernement qu’est-ce que vous mettez dans la balance financièrement pour les projets ? On ne sait pas. M. Coste est incapable de dire aujourd’hui quoi que ce soit, on a encore deux réunions cette semaine une jeudi, une vendredi, on va avoir encore les mêmes réponses, "on est là pour fermer" "Faites des projets, faites des propositions, qu’est-ce qu’on met dans la balance ? Est-ce que c’est les collectivités territoriales qui doivent payer la reconversion ? Est-ce que c’est les salariés ? Ou est-ce que c’est l’Etat ? Parce que c’est une décision de l’Etat, il faut que l’Etat assume ses responsabilités.

Nous, en tant qu’élus ont doit le faire, c’est ce qu’on a fait, ce qu’à Monsieur le Maire, ce que vous avez fait, ce qu’on fait les salariés qui sont en grève, je le répète depuis le mois de décembre, ensemble, faisons ensemble que l’on obtienne, je ne vais pas dire le mot parce que, mais on va le dire, un moratoire revendiqué par les salariés, parce que je pense que c’est un combat que l’on doit mener tous ensemble. Après, les projets oui, mais il faut qu’ils soient construits de façon conséquente, avoir le temps et avoir les finances pour le faire, parce que ce n’est ni aux collectivités, ni à la Mairie, ni au Conseil Départemental, ni au Conseil Régional d’assumer les responsabilités d’une décision de l’Etat.

Mme Apothéloz : Claude, je partage ce que tu dis.

Monsieur Amic : Monsieur le Maire d’abord pour répondre à votre intervention politico-politicienne, des amis de M. Macron, il y en a autant dans notre groupe que dans votre majorité, il y eu un temps, il y en avait un à quelques mètres, mais bon "n’habite plus à l’adresse indiquée", c’est-à-dire on se recherche les uns, les autres. Maintenant pour intervenir plus sur le fonds, moi l’article dans Le Monde, je l’ai lu, j’ai apprécié votre phrase sur l’identité comme l’a dit Brigitte et moi j’ai été ravi de votre intervention. C’est vrai que le Président de la République a répondu lorsqu’il était dans les Alpes à Gréoux les Bains qu’il y aurait peut-être un projet de reconversion.

En tous les cas, force est de constater que nous n’avons aucune garantie et évidemment quand on constate qu’un ministre dans sa "circo" originelle sa centrale est préservée, que tel numéro un de ces ministres dans son territoire originel, la centrale est préservée c’est vrai qu’on peut douter, mais bon tout le monde est présumé intègre dans ce genre de choix, donc il faut leur laisser quand même le bénéfice du doute, mais pour faire peut-être une unité entre nous, Monsieur le Maire vous aviez pris l’habitude de faire des motions, motions de soutien, motions diverses et variées…

Monsieur le Maire : J’allais le proposer.

Monsieur Amic : Voilà, peut-être si on peut tous s’entendre là-dessus, Macronistes, non Macronistes, les vrais, les autres et les anciens on votera tous.

Monsieur le Maire : Je vous proposerai une motion, je la rédige, je vous la fait passer et vous me donnerez votre point de vue. D’accord.

Monsieur Garella : Une question, pour vous ou M. Jorda, au niveau de l’actionnaire parce qu’on n’a pas très bien compris, parce qu’on ne se croise pas dans les commissions, j’aimerais bien avoir un point sur cela. Est-ce que Claude peut nous éclairer ?

Monsieur Jorda : On a un actionnaire qui est UNIPER, mais on sait très bien qu’UNIPER est en train de vendre ses parts à un certain actionnaire tchèque y compris cela fait partie des problématiques en dehors du délai.

Monsieur le Maire : Une partie a été vendue à la Finlande, une autre partie à un Tchèque, mais on ne sait pas où cela en est.

Monsieur Garella : A qui appartient le foncier ?

Monsieur le Maire : Le foncier appartient à la centrale à UNIPER.

Monsieur Amic : Dernière remarque Monsieur le Maire, vous allez peut-être trouver cela ridicule, mais pour qu’on puisse avoir un autre impact auprès des médias nationaux, on pourrait proposer de faire notre prochain conseil municipal à la centrale. En fait, tenir quelque chose pour que notre unité politique soit tenue à la centrale et que le monde nous entende.

Mme Primo : Je m’excuse de casser cette charmante unité, mais il y a quelque chose qui me dérange dans la démarche de Mme Apothéloz, autant je partage l’idée qu’aujourd’hui il faut se préoccuper en terme d’avenir de la planète, de l’écologie, autant, entre la proposition du maire qui dit quel que soit le pays ou l’endroit où l’on se trouve dans la planète, il y a du charbon qui est exploité et la proposition que nous nous faisons c’est-à-dire utilisons notre outil pour rendre le charbon propre. Ce que vous dites c’est, on ferme la centrale à charbon et puis on va localement au niveau de Gardanne gérer le problème des emplois. Je pense que ce n’est pas comme cela qu’on doit prendre le problème de l’écologie et de l’avenir de la planète.

Moi, ce que j’ai envie de faire, c’est que autant les petits enfants qui habitent en France, que les petits enfants qui habitent en Allemagne ou que les petits enfants qui habitent en Pologne, ils puissent respirer un air pur parce qu’on aura trouvé le moyen de produire du charbon, avec du charbon propre. Alors, une partie des propositions qui sont faites ici, c’est de dire, utilisons nos outils parce qu’on est dans un pays développé pour faire en sorte de pouvoir gagner à un moment donné un territoire sur lequel on va montrer aux autres qu’on peut faire propre. Exactement, que cela a été fait sur la désulfuration de la centrale. Donc, continuons dans cette voie, vous terminez par la planète, mais ce qu’il faut c’est élargir la préoccupation par rapport à la planète où que l’on soit, la question de l’écologie, elle est fondamentale. Ce qui me paraît important, c’est de faire en sorte qu’on puisse élargir cette question à l’ensemble des pays dont c’est la préoccupation.

L’ordre du jour étant clôt et les questions épuisées, Monsieur le Maire lève la séance du Conseil Municipal.