Ville de Gardanne
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Gardanne : futur pôle international de compétence et d'innovation
convention CMP-CEA / Loïc Taniou
jeudi, 7 octobre 2004

Depuis la création du premier circuit intégré en 1959, la microélectronique n’a cessé de se transformer jusqu’à devenir l’une des technologies clés du développement économique et social de nos sociétés industrielles. L’orientation vers ce secteur fait partie de ces choix stratégiques relevés par Gardanne. La signature d’une convention entre l’école d’ingénieurs, le LETI de Grenoble et le CEA Cadarache en est une illustration.

Ce lundi 13 septembre 2004 est un jour qui fera date pour la microélectronique en région PACA et pour le Centre microélectronique de Gardanne. Une convention portant sur la constitution d’une équipe commune de recherche entre l’École nationale supérieure des mines de St-Étienne, le LETI de Grenoble et le CEA de Cadarache a été signée en Préfecture des Bouches-du-Rhône. Cette équipe mixte de chercheurs sera basée au CMP de Gardanne.
Avec 40 % de la production nationale des semi-conducteurs développée sur ses terres, son important réseau d’infrastructures (ST Microélectronics, AMTEL, GEMPLUS...), les 10 000 emplois qui lui sont liés, la Provence offre un environnement exceptionnel et stratégique pour la filière microélectronique. « Il s’agit aujourd’hui, de constituer un pôle de compétence et d’innovation en Provence autour de la microélectronique et de créer un lien fort avec le pôle Grenoblois » souligne Philippe Collot, directeur du CMP. Les deux régions, très complémentaires, se rapprochent afin d’établir des collaborations et de constituer un grand pôle international de la microélectronique. Rhône-Alpes travaille sur les nanotechnologies tandis que la région PACA est plus orientée sur la conception de systèmes sécurisés et leur intégration sur différents supports.
Pour Philippe Collot, « l’installation à Gardanne d’une équipe commune de recherche n’est pas le fruit du hasard, c’est un choix stratégique, ambitieux mais réaliste » et de préciser qu’il est nécessaire « de ne pas être isolés des structures de production et de fabrication et d’orienter la recherche en étroite collaboration avec le secteur industriel, de servir d’interface entre l’univers académique et celui de l’industrie. » Ainsi, pour que la région devienne progressivement un pôle international de compétence et d’innovation et pour qu’elle puisse s’adapter aux mutations ultra rapides du secteur, il est fondamental qu’en parallèle à l’industrie la recherche soit performante et qu’elle permette le développement de nombreux projets innovants. La constitution d’une équipe commune de recherche permettra notamment d’anticiper les futurs besoins.

Être en cohérence avec le tissu industriel local

Une des thématiques de recherche développée en ce moment concerne l’utilisation de l’électronique sur supports plastiques, c’est-à-dire essayer de travailler à partir de polymères qui serviraient de conducteurs plastiques, évitant d’utiliser le silicium. Nous pourrions retrouver ces procédés dans les fabrications d’écrans plats ou d’étiquettes sur les vêtements. Comme l’explique Philippe Collot, il s’agit « d’offrir une technologie peu coûteuse, compatible avec une production de masse, pour s’insérer dans un marché considérable, celui des biens technologiques à forte valeur ajoutée, » et de préciser que « le Centre de recherche et de développement est un outil qui permet de réagir très rapidement » face à un univers en rapide mutation. Il ne suffit plus de s’adapter, il faut anticiper, impulser, mobiliser. Et la recherche est un volet essentiel car elle permet d’inventer, d’être réactif et créatif. Elle permet aussi de créer des brevets, des propriétés industrielles et des licences d’exploitation.
Pour Philippe Collot « Ce ne sont pas les coûts de fabrication qui sont élevés, mais ceux qui sont liés à la recherche et au développement. » Face à ces investissements considérables, il est indispensable de se regrouper, de jouer la complémentarité. Il faut des comportements de coopération et de partenariat, comme celui développé avec ST Microélectronics qui permet aux étudiants de bénéficier d’un microscope électronique d’un coût élevé.

Des projets de haut niveau

De plus, face à ce secteur en constante évolution, il est essentiel d’adopter une stratégie européenne pertinente, d’où la volonté commune de développer un réseau de microélectronique de dimension internationale, suivant un axe Rhône-Alpes / PACA.
Le CMP compte bien y prendre toute sa place en offrant, en parallèle à ses activités de recherche, des formations et des enseignements en phase avec l’industrie. Ainsi, des enseignants viennent des entreprises et offrent une approche très pragmatique qui permet de participer avec les partenaires industriels à la mise en place de nouveaux produits. « Il s’agit de former des ingénieurs en microélectronique capables d’évoluer dans un secteur industriel en mutation, d’offrir plus de transversalité et de gérer des projets de très haut niveau. » Pour cela, le CMP propose des formations d’ingénieurs de spécialité ISMEA (microélectronique appliquée), d’ingénieurs civils des mines en spécialisation, des formations continues allant jusqu’aux masters et thèses ou encore la formation de personnels d’entreprises. Ce sont 268 étudiants, doctorants ou chercheurs qui sont à ce jour au CMP.
Gardanne, en accueillant le Centre microélectronique, se trouve ainsi très bien située pour participer à cette grande aventure, ce secteur offrant de belles perspectives d’avenir. Lors de la signature de la convention, le Préfet a souligné combien le secteur de la microélectronique est un enjeu majeur pour la région. Elle est pour lui « l’initiative la plus porteuse en terme de création d’emplois en PACA. » Nul doute, que le Centre microélectronique favorisera l’implantation de nouvelles structures et jouera progressivement un rôle d’incubateur et de pépinière d’entreprises. En effet, il pourra accompagner les porteurs de projets de création d’entreprise dans leurs démarches, notamment pour les entreprises à caractère technologique ou innovant. Outre l’aide technique et l’expertise que pourra amener le Centre, un système d’aide au démarrage accompagné de moyens financiers est en train de se mettre en place dans le bassin minier.

Tête chercheuse

Pascal Manet est le premier chercheur de l’équipe commune de recherche et de développement, qui est accueilli au Centre Microélectronique de Provence à Gardanne. Une équipe qui sera constituée à terme d’une vingtaine de chercheurs. Elle travaillera sur trois aspects principaux : le Manufacturing science ou génie des procédés, le micropackaging et l’électronique sur support souple et la conception de circuits sécurisés.
Pascal Manet, âgé de 28 ans, après des études d’ingénieur à l’École supérieure d’électricité et une thèse en modélisation et détection d’effets magnétiques alternatifs, commence aujourd’hui un cycle de recherche, financé par le CEA. Il travaille sur des projets qui s’intéressent principalement à la sécurité des cartes à puces, aux attaques auxquelles elles peuvent être soumises et espère beaucoup que ces travaux de recherche permettront à terme d’obtenir des brevets.
En effet, l’équipe de recherche aura vocation à poser des brevets, déposer des propriétés industrielles, faire des publications. Un travail de recherche dure environ quatre années avant de pouvoir déboucher sur une commercialisation. Cette équipe se veut être très opérationnelle et à la pointe de la recherche. Une sorte de tête de pont pour les grands industriels du secteur de la microélectronique.