Ville de Gardanne
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Vieillir chez soi, c’est important !
Social / Energies 429 - Bruno Colombari
jeudi, 29 janvier 2015
/ Clément Vibert

Le vieillissement de la population n’est pas un phénomène nouveau. Mais il pose la question du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Le CCAS est l’un des organismes qui, à Gardanne, propose un service d’aide à domicile.

LES CHIFFRES DU RECENSEMENT SONT CLAIRS : ENTRE 2006 ET 2011, LA PART DE GARDANNAIS DE PLUS DE 75 ANS EST PASSÉE DE 7,4 À 8,7 %, SOIT 220 PERSONNES SUPPLÉMENTAIRES. Et la part des plus de 80 ans vivant seuls est passée de 41,2 à 44,5 %. Autrement dit, le nombre de personnes âgées augmente, et parmi eux, le nombre de personnes seules s’accroît aussi. Parmi elles, bien sûr, toutes ne sont pas dépendantes, et la très grande majorité préfère continuer à vivre dans leur maison, dans un environnement familier où elles se sentent bien. Pour celles qui connaissent des difficultés pour gérer le quotidien, il y a l’aide à domicile.

« Toute personne retraitée souhaitant en bénéficier peut en faire la demande auprès du Conseil général ou de sa caisse de retraite », explique Georges Felouzis, directeur du CCAS (centre communal d’action sociale).« Il est possible d’être reçu au CCAS pour faire le point sur ses droits et être orienté efficacement. » Le médecin traitant remplit ensuite une grille d’évaluation Aggir pour mesurer le degré de dépendance de la personne âgée : orientation dans le temps et dans l’espace, toilette, habillage, alimentation, déplacements, cuisine, ménage, transports... Tout ce qui touche à la perte de l’autonomie dans les gestes du quotidien.

Le Conseil général, par le biais de l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), prend en charge les personnes les plus dépendantes. Pour les autres, c’est la caisse de retraite qui prend en charge une partie de la dépense, le reste étant payé par la personne en fonction de ses revenus. Pour les personnes retraitées hospitalisées qui vont avoir besoin d’aide à leur retour à domicile, il existe un dispositif de sortie d’hospitalisation, l’ARDH (Aide au retour à domicile après hospitalisation), valable pour une durée de trois mois. « Attention, ce dossier doit être fait avant le retour à la maison, il ne faut pas attendre d’avoir quitté l’hôpital », précise Murielle Bouteiller, chargée du pôle gérontologie au CCAS.

Vient ensuite le temps de choisir un prestataire de services. A Gardanne, il y a le CCAS, l’Agafpa, l’Adar, Boston Services... La personne âgée peut aussi embaucher directement quelqu’un par le biais des Cesu (Chèques emploi service universels). « Mais il est préférable de passer par un prestataire », explique Murielle Bouteiller.« Les intervenantes sont formées et contrôlées, et il n’y a pas à s’occuper des remplacements. »

SUR LA COMMUNE, 500 PERSONNES ÂGÉES DÉPENDANTES BÉNÉFICIENT DE L’AIDE À DOMICILE, DONT 160 SUIVIES PAR LE CCAS PAR 23 AGENTS, QUE ROGER MEÏ REMERCIE POUR LA QUALITÉ DE LEUR TRAVAIL. L’objectif de l’aide à domicile, c’est de permettre à la personne de rester chez elle le plus longtemps possible. Elle s’adapte à la personne et l’aide à faire ce qu’elle n’arrive plus à faire seule : ça peut être le ménage, les courses, de la marche à pied, l’accompagner chez le médecin, l’aider dans ses démarches administratives... L’idée est de mesurer ses besoins en fonction de son environnement (y a-t-il de la famille proche ?) et des autres services (portage des repas à domicile, infirmière, kiné...).

« On met en place une relation de confiance. On s’adapte avec des créneaux de deux heures en fonction des habitudes de vie de chacun, » explique Murielle Bouteiller. Et même s’il est important de mettre des limites, forcément des liens se créent : les personnes aidées peuvent avoir jusqu’à 105 ans ! « En ce moment, la plus âgée a 96 ans. »

Arlette a 82 ans, et son mari Robert en a 85 et vivent au quartier des Lavandines.« C’est mon médecin qui m’a dit, il y a deux ans, que j’avais besoin d’aide, » explique Arlette.« Je suis allé voir le CCAS. Depuis deux ans j’ai la même personne qui vient, je suis ravie de la voir. Vous savez, la relation humaine, c’est tellement important. Mon mari ne peut plus conduire et j’ai du mal à marcher. Toute ma vie j’ai aidé les autres, j’ai été solidaire. » Nadine, son aide à domicile, qui suit trois autres personnes, ajoute :« Chaque cas est particulier, on discute, on s’apprend des choses l’une l’autre. C’est du travail, mais ce n’est pas que ça, c’est de la relation. J’ai aidé des personnes parfois plus de dix ans. »

Jacqueline et François habitent à Biver, au quartier Salonique. Lui a travaillé à la mine, pendant 34 ans, au puits Biver et au puits Gérard. Il a 93 ans, ses parents étaient espagnols et se sont installés dans cette maison où il vit depuis 1948, une maison qu’il a agrandie et améliorée de ses mains. Jacqueline a longtemps fait le ménage chez des particuliers et a demandé de l’aide il y a cinq ans, avant d’être hospitalisée l’année dernière. « Il nous reste un tiers du montant à payer, la caisse de retraite prend en charge le reste », explique-t-elle. « Annie fait les commissions pour moi, le ménage, les papiers pour les démarches. Elle vient cinq matinées par semaine depuis le mois d’avril 2014. »

Annie constate qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir des heures d’aide à domicile, même pour des personnes en fauteuil. « Avant, on pouvait avoir jusqu’à 44 heures par mois, maintenant c’est 29 heures maximum, ce n’est pas beaucoup. Je viens quatorze fois par mois pour Gérard, et six fois pour Jacqueline. »

Quand elle prend une personne en charge, Annie consulte le classeur de liaison tenu par chaque aide à domicile,« mais la liaison se fait surtout avec les gens chez qui on travaille. Au fil des années, on voit ce dont ils ont besoin, on s’adapte. On doit pouvoir vivre le plus longtemps possible chez soi. Le maintien à domicile, c’est quelque chose de très important pour eux. »

Valérie Pona* : « Un véritable soutien »

Quelle importance la Ville accorde-t-elle au maintien à domicile ?

L’essentiel, c’est que les personnes âgées gardent le contact avec leur environnement direct, leur famille, leurs voisins, leur cadre de vie, qu’elles puissent sortir si c’est possible. Le maintien à domicile permet aussi à des couples de ne pas être séparés avec tous les soucis que ça peut engendrer. Pouvoir rester chez soi, c’est très important pour le moral.

Les moyens financiers mis en œuvre par l’État vous semblent-ils suffisants ?

Il y a quelques années, il n’y avait pas ce souci de diminution du nombre d’heures pour l’aide à domicile. Le Conseil général perçoit moins d’argent, et les personnes âgées se retrouvent en difficulté financière alors qu’elles ont besoin d’aide, ce ne sont pas des prestations de confort. Le CCAS peut les accompagner dès le début de leur démarche, en plus d’autres actions comme “Vieillir avec succès,” le portage de repas ou la téléalarme. C’est un véritable soutien qu’on apporte ainsi aux personnes âgées.

* adjointe au Maire déléguée aux Actions sociales

Contact CCAS : 04 42 65 79 10