Ville de Gardanne
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Une société qui évolue
Assises de la solidarité / Energies 365 - Carole Nerini et Stéphane Conty
jeudi, 17 novembre 2011

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Comment repenser la solidarité ? C’est autour de cette question qu’élus, institutionnels, représentants associatifs et simples citoyens se sont retrouvés à l’école des mines, site Charpak le samedi 5 novembre pour une journée de témoignages et d’échanges. Articulés autour des thèmes fondamentaux de la culture, du logement, de l’économie, de la santé et du droit de chacun à pouvoir y accéder, les débats ont été l’occasion d’explorer de nouvelles pistes de solidarité, où celui qui reçoit est aussi acteur et vecteur de solidarité.

Autour de l’espace de discussion, des associations ont installé leur stand et présentent leurs actions. Après un temps d’échanges informels Roger Meï invite tout le monde à prendre place et ouvre les débats. « Nous avons l’habitude depuis quelques années de nous retrouver régulièrement pour parler de solidarité. C’est une occasion de voir ce qui marche ailleurs et pourrait être mis en place chez nous. »

Il rappelle ensuite l’action municipale en matière de solidarité avec l’accueil d’institutions telles que le centre de soins palliatifs ou la résidence Abbé- Pierre. Il évoque l’action du CCAS, de la Maison du droit, du dispositif Citoyen solidaire et la situation délicate du Centre de santé François-Billoux menacé de fermeture.

Roger Meï laisse ensuite la parole à Jean-Brice Garella, conseiller municipal délégué à la solidarité et au développement du bénévolat qui explique que « l’un des objectifs de cette journée a été de créer un espace de dialogue collectif à un moment où les plus en difficultés se replient sur eux-mêmes. »

C’est Christian Maurel, sociologue, ancien délégué de la Fédération régionale des Maisons de jeunes et de la culture et animateur de cette journée qui dresse un état des lieux de ce qu’est la solidarité aujourd’hui. « Nous sommes en pleine crise économique et sociale et nous assistons à un redéploiement des inégalités. Les États assurent de moins en moins leurs fonctions de solidarité sociale, et de plus en plus les individus prennent la relève. La question est de savoir comment rendre réelle l’égalité reconnue par la loi, comment impliquer les bénéficiaires en les rendant acteurs de leur propre solidarité. »

Le premier thème de ces assises était : la culture pour tous, utopie ou réalité ? Michèle Ribous, co-fondatrice de l’association Lis-Relie en a présenté l’objet et le fonctionnement. « Nous venons raconter des histoires aux bébés dans les structures de la petite-enfance de la ville de Gardanne. L’accès au langage est très important pour la réussite dans la vie, et cela se construit dès le plus jeune âge. »

Béatrice Daga, responsable de l’association d’Aide à l’insertion, a parlé de l’Espace parents, une structure animée conjointement par l’AAI, la Caf et la Ville. « C’est un espace d’information sur l’éducation, la famille, la scolarité. C’est aussi un espace d’échanges où tous les parents peuvent être force de proposition et développer des projets. » Une maman a témoigné de son implication. « J’y ai appris beaucoup de choses sur l’éducation des enfants. On y fait des projets ensemble comme de l’aide aux devoirs par exemple. »

Les parents sont également très impliqués dans les projets J’enchante mon quartier et Orchestre à l’école présentés par François Le Gall, bibliothécaire à la Médiathèque et animateur de ces deux projets. « Au départ du projet en 2007, l’idée était de collecter des textes de chansons par enfants et parents de différentes origines et de les chanter. Ça a créé un changement de regard de tous les acteurs, enseignants, parents et enfants, après quoi on a noté plus d’implication des parents dans l’école. Quant aux enfants ils ont gagné en assurance et ont de meilleurs résultats scolaires.  »

Le projet municipal de vacances pour tous est ensuite développé par Valérie Pona, conseillère municipale déléguée aux centres de vacances de Bandol et Ailefroide, grâce auxquels une trentaine de familles sont parties cet été dans le cadre d’un projet d’accompagnement et d’insertion à partir des vacances.

Après quoi Dominique Guéret, directeur du service municipal des sports a détaillé les infrastructures sportives mises en place par la ville pour ce qu’il appelle les inorganisés organisés, à savoir tous ceux qui pratiquent en auto-organisation une activité sportive en dehors de tout cadre associatif.

Enfin, Alain Jorda, membre du Cles Gardanne, association multisports affiliée à la FSGT, a présenté Un stade pour Gaza, une action menée depuis plusieurs années pour soutenir un projet de stade à Gaza et l’accès au sport pour les enfants palestiniens. Un exemple de solidarité qui s’inscrit dans un cadre international.

Deuxième thème de la journée, le logement, et une question : le logement partagé, nouvelle réponse pour les plus pauvres ou innovation sociale ?

Katia Hamadache fondatrice et présidente de l’association 1 toit 2 générations a expliqué comment elle met en relation des personnes âgées ayant une maison et pouvant accueillir des étudiants en recherche de logement. Les objectifs de cette association créée en 2005 sont multiples et concernent le lien social et la transmission entre les générations, le maintien à domicile des personnes âgées, la lutte contre l’isolement et la précarité des étudiants.

« Nous sommes partis d’un constat, à savoir qu’il y a de plus en plus de personnes âgées qui souhaitent rester à leur domicile, dont certaines peuvent avoir une santé délicate, et qu’en parallèle beaucoup d’étudiants recherchent un logement. Nous les mettons donc en relation. Pour les personnes âgées c’est un moyen de se sentir utiles, de ne pas être isolées et d’échanger des savoirs. Pour les étudiants ça permet de sortir de la précarité ou d’éviter d’y tomber. »

Autre projet présenté, celui d’Habitat Alternatif Social, une association qui a pour objet de défendre par le droit au logement et à la santé la dignité des personnes les plus fragilisées.

A titre d’exemple, Bruno Stengel, éducateur spécialisé a présenté la maison des Prytanes à Luynes. « Nous accueillons six personnes vieillissantes ayant longtemps vécu dans la rue, certaines ayant des problèmes avec l’alcool. Sur place nous avons mis en place un jardin d’auto-production qui a des vertus de création, d’apaisement et de solidarité. En 24 mois d’accompagnement on constate que les personnes se sont stabilisées. Certaines ont même renoué des liens avec leur famille. »

Le troisième thème de la journée traitait de l’économie, plus humaine et de proximité. Chantal Chataing, Présidente des Paniers de saison (Amap) a détaillé l’initiative où la solidarité s’exerce entre le producteur et le consommateur, mais pas seulement. « La démarche de s’inscrire dans ce projet va plus loin que l’aide aux paysans. Elle va ainsi assurer un équilibre alimentaire basé sur des produits de qualité. Les paniers qui ne sont pas récupérés sont distribués à des associations caritatives. »

Henry Tisseyre, Président du point de vente solidaire Solid’Arles a apporté un autre témoignage concernant les producteurs et les consommateurs. Dans ce cas, c’est un point de vente approvisionné par les producteurs locaux qui a été ouvert et qui affiche deux tarifs, l’un dit normal mais qui reste avantageux, l’autre à petit prix pour favoriser les familles ayant moins de moyens. Aujourd’hui, cette initiative regroupe 2 000 adhérents, 40 producteurs et une vingtaine de bénévoles.

La fibre solidaire est un autre modèle d’économie voulue plus juste. En un peu plus de 10 ans d’existence, 200 tonnes de vêtements ont été récoltés en 2010. Comme l’explique Christian Leloup, responsable du Secours catholique à Gardanne, « La fibre solidaire a permis la création d’une trentaine d’emplois. Les vêtements récupérés sont lavés, remis en état et revendus à des tarifs attractifs dans 8 points de vente. »

Et même certaines structures du secteur bancaire s’engagent dans des démarches solidaires. Depuis quelques mois, le CCAS de la ville de Gardanne et le dispositif Créa-Sol ont signé un contrat afin d’aider les personnes écartées du système bancaire classique à rompre cette exclusion grâce à la mise en place d’un micro-crédit avec un accompagnement personnalisé.

La solidarité est également une préoccupation internationale. Durant ces Assises, par l’intermédiare du CCFD, la commune a accueilli Areli Sandoval qui oeuvre au sein d’une association pour le démocratie et la citoyenneté au Mexique. Après sa participation au sommet du G20, elle a apporté son témoignage à Gardanne. « Le Mexique, c’est 112 millions d’habitants et 52 millions de pauvres. La politique du gouvernement n’est pas celle de venir en aide aux producteurs locaux mais bien de favoriser la part minime de la production réservée aux grands groupes internationaux. »

Suite à ces échanges, Christian Maurel a produit une première synthèse relevant notamment que « tous ces actes de solidarité étaient très forts. On a vu à travers ces exposés combien le développement du lien social était produit par toutes ces initiatives. La solidarité peut aussi être vectrice de créations d’emplois, d’une économie qui n’oppose pas le producteur et le consommateur. »

Les débats ont ensuite repris autour du thème de la santé. Le Docteur Anne-Marie Giraud, membre de l’association Ravintsara a expliqué son action pour « mieux faire connaître les huiles essentielles et les bienfaits de ces médecines différentes pour compléter les soins existants dans de lourdes pathologies. Mais nous savons que l’industrie pharmaceutique ne voit pas d’un très bon oeil ces médecines naturelles qui rapportent souvent bien moins. »

Le Docteur Catherine Roncin a fait le point sur la situation difficile des centres de santé mutualistes du département dont celui de Gardanne (lire page 3). « Ces structures qui pratiquent le tiers-payant et permettent donc aux patients, notamment les plus démunis, de se soigner dans de bonnes conditions risquent de fermer. La mobilisation pour les sauver sera décisive. »

Autour de la malbouffe et du bien-être, la solidarité est bien présente sur le terrain. Martine Abadie, de l’asociation Capdife a présenté le réseau des jardins solidaires méditerranéens. « Ce sont des lieux où l’on renoue avec la nature, des espaces d’éducation à l’environnement et un véritable partage. Dans ces jardins, il pousse plus que ce que l’on a semé... »

Aux actes citoyens est une association Tretsoise visant à redonner aux habitants le plaisir de s’alimenter sainement. Dans cette commune, cent familles ont été invitées à changer leurs habitudes alimentaires en ne cuisinant que du bio durant trois mois. « L’alimentation est directement liée à la santé. A travers ce projet, nous souhaitons démontrer que de nos jours, il est possible de se nourrir sainement.  »

A Gardanne, les jeunes se mobilisent aussi pour des actions internationales. Anouar Saïdi, membre de l’association Street Element Factory a témoigné des actions de solidarité menées avec le service municipal de la jeunesse. « Après un séjour au Burkina Faso où nous avons découvert le fléau de la méningite qui touchait la ceinture subsaharienne, nous avons décidé de mettre en place diverses actions pour récolter des fonds afin d’acheter des vaccins, la municipalité nous aide financièrement chaque année. »

La synthèse est revenue à Christian Maurel qui a noté la nécessité de poursuivre le travail engagé. « C’est aussi grâce à la mobilisation que les choses avancent. Aujourd’hui, j’ai rencontré de nombreux acteurs de la solidarité. Preuve qu’elle existe, qu’elle est active, et il serait intéressant qu’il existe un espace commun à tous ses acteurs pour continuer dans ce sens mais de manière un peu plus transversale. » Une proposition entendue par la municipalité et les associations présentes.

« D’un côté, il y a ce que l’on a fait, de l’autre ce qu’il reste à faire. Gardanne est une ville solidaire, elle le prouve à longueur d’année, mais nous n’en resterons pas là, a souligné Roger Meï. Nous sommes ouverts pour aller toujours de l’avant dans ce domaine. » La journée s’est clôturée par un goûter solidaire préparé par les membres du dispositif Citoyen solidaire, autour d’un concert lui aussi de qualité, donné par le groupe Deluxe.

Jean-Brice Garella * : « L’importance de la notion d’échange, de partage. »

Quel est le sens de cette journée ?

Nous avons organisé cette journée dans le but de favoriser un échange entre les initiateurs de différentes expériences en matière de solidarité menées à Gardanne et dans d’autres communes. Ces moments de rencontres sont importants et peuvent permettre aux uns comme aux autres de s’inspirer de l’existant. Il s’agissait de débattre de l’accès aux droits dont certains fondamentaux comme la santé ou le logement sont souvent remis en cause.

Comment repenser la solidarité ?

Aujourd’hui, on veut montrer que la solidarité, ce n’est pas de la charité. Nous souhaitons insister sur l’importance de la notion d’échange, de partage. Rarement une société à été aussi vide de sens et de repères. Il devient urgent de replacer l’individu au centre de nos préoccupations. C’est ce que défend au quotidien le dispositif “Citoyen Solidaire” où recevoir, c’est aussi savoir donner.

* Conseiller municipal délégué à la solidarité et au développement du bénévolat.