Nevché : c’était mon rêve d’ado de signer chez barclay. je me suis rendu compte que ça n’arriverait jamais dans ma vie, car sylvain taillet, leur directeur artistique, m’a dit « C’est magnifique ce que vous faites, mais on n’en vendra pas un. Par contre si tu continues à faire des concerts comme tu le fais, tu as une chance de trouver ton public voir même de réussir dans la musique. » Il avait raison.
Du coup, pour m’autofinancer, j’ai créé une coopérative culturelle, avec trois associations. Moi, je suis pas Stromae, et les gens pensent que c’est ça, réussir dans la musique : avoir sa gueule à la télé. Si on passe pas à la télé, c’est qu’on n’a pas réussi. Je leur explique que je fais 120 dates par an, que je vends des disques, que je passe à la radio, les gens me disent : ah bon ? On te connaît pas. C’est particulier, la notion de succès... il y a du taf pour éduquer les gens.
Je suis très impliqué, je ne suis pas seulement un artiste qui écrit des chansons. Quand on me dit « Vous êtes un artiste engagé, vos textes, tout ça... » je réponds : Mes textes ne sont pas engagés. Aujourd’hui être engagé pour un artiste c’est dis-moi avec quel argent tu fais tes disques, dis moi comment tu produis et tu te positionnes dans la société, dis moi si tu utilises de l’argent public ou pas et je te dirais si tu es engagé ou pas, et à quel degré. Être engagé ce sont les moyens qu’on met en oeuvre, et pas seulement chanter la révolution...