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Vos données valent de l’or Energies 393 - Bruno Colombari

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Les marchés de l’identité numérique et de la protection des données représenteront plusieurs dizaines de milliards d’euros dans les prochaines années. Le pôle Solutions communicantes sécurisées a dressé un état des lieux au site Charpak.

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Centre microélectronique Charpak

SI L’INDUSTRIE EUROPÉENNE en général et française en particulier sont en grande difficulté, il existe quelques secteurs épargnés par la crise : l’internet mobile, le stockage des données, l’identification des personnes, la monétique... qui ont en commun la sécurité électronique.

Le 8 mars dernier, le site Charpak accueillait le pôle de compétitivité SCS (Solutions communicantes sécurisées) pour une journée consacrée aux innovations technologiques. Labellisé il y a près de huit ans, le pôle SCS regroupe des entreprises (pour l’essentiel des PME) et établissements académiques. 730 millions d’euros ont été dépensés en recherche et développement, dont un tiers de fonds publics.

« Le gouvernement va s’engager pour six ans l’été prochain avec les pôles de compétitivité sur des projets précis, explique Laurent Londeix, président du pôle SCS. Nous allons devoir nous transformer d’usine à projets en usine à produits et à services d’avenir, comme l’a dit Arnaud Montebourg en décembre dernier. »

Francis Dell’Ova (ST Microelectronics) pilote le groupe “sans contact” et a évoqué la fonction NFC (communication en champ proche à courte portée et haute fréquence) dont sont équipés les derniers modèles de smartphones : « La généralisation du paiement sans contact est pour bientôt. La croissance des ventes de smartphones et de tablettes favorise évidemment le développement des ces technologies. On prévoit qu’en 2017 il y aura trois milliards d’objets sans contact en circulation dans le monde. » Avec toutes les questions de sécurité et de protection des données personnelles que cela engendre.

C’EST LE POINT qu’a abordé Bruno Rouchouze (Gemalto), qui supervise pour sa part le groupe Sécurité et identités numériques. « Cette année sera lancé le permis de conduire électronique. Nous avons tous plusieurs identités numériques, qu’elles soient personnelles, professionnelles ou régaliennes (papiers d’identité). Le dossier médical personnel, la géolocalisation, les réseaux sociaux, la domotique génèrent des données confidentielles qu’il faut protéger. » En 2012 plus de 7 milliards de cartes à puce ont été livrées dans le monde, autant que d’habitants. Même si pour une part importante d’entre eux, la priorité quotidienne reste l’accès à l’eau potable et à la nourriture...

Quant au troisième groupe, consacré aux réseaux et services mobiles, il se veut précurseur au niveau européen dans le domaine de l’Internet des objets. Le principe est simple : il s’agit d’étendre aux objets (notamment via des étiquettes munies de codes, de puces RFID ou d’URL) et aux lieux la possibilité d’être connectés en réseau et accessibles via des appareils mobiles (comme un smartphone). Parmi les applications reviennent la traçabilité des produits (un sujet d’actualité), la géolocalisation ou la gestion de la consommation énergétique. Le marché mondial dans ce secteur naissant est estimé en 2016 à 30 milliards d’euros.

« L’INNOVATION EST FACTEUR DE CROISSANCE, souligne Georges Falessi, directeur du pôle SCS. Et c’est encore plus vrai en temps de crise. On ne sera pas moins cher que les Chinois, il faut donc se battre sur la différenciation des produits, faire un gros effort de formation dans le secteur du numérique et favoriser les entreprises européennes dans la commande publique. Sachant que d’ici six ans, il peut se passer beaucoup de choses : en 2005 il n’y avait pas de smartphones, pas de tablettes et pas de stockage dans le cloud (nuage). »