Valabre

Vendanges tardives, cuvée festive Energies 404 - Stéphane Conty

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L’automne est la saison des vendanges. A Gardanne, le lycée agricole de Valabre cultive encore neuf hectares de vignes. Du 8 au 18 octobre dernier, il a procédé à de tardives vendanges. Le raisin récolté va donner différents vins mis en vente sur l’exploitation et dans les environs. Au-delà de l’aspect commercial, c’est cependant le volet éducatif qui est avant tout visé, comme pour toutes les productions de l’établissement.

MÊME SI LE CIEL EST BLEU, l’air est frais et chargé d’humidité en ce début de matinée du vendredi 11 octobre devant la cave de la Féraude. Il est 9h et des élèves sont déjà aux pieds des vignes pour récolter le précieux raisin. Un peu plus haut sur la parcelle, un groupe d’enfants s’attèle lui aussi à vendanger avec l’aide de leur enseignante et de deux élèves du lycée, avant de partir visiter la cave et découvrir comment on fait le vin.

C’est qu’au lycée agricole de Valabre, les vendanges c’est comme les histoires de famille, tout le monde est concerné. Les 420 élèves du lycée vont venir vendanger pendant au moins une demi-journée, en fonction de leur section. Et le travail ne manque pas.

« Nous avons un droit de plantation de vignes de 12 ha et actuellement 9 ha en production, explique Hervé Montigny, directeur adjoint du lycée et responsable de l’exploitation. Deux hectares sont en appellation d’origine protégée (AOP) Côtes de Provence et les sept autres sont en indication géographique protégée vin de pays des Bouches-du-Rhône. Nous avions également trois hectares en culture là où se trouvent actuellement les ateliers de Gaïa, que nous avons dû arracher suite à une maladie. Dans ce cas il faut attendre au moins six ou sept ans avant de pouvoir replanter au même endroit. Nous gardons donc un droit de plantation de trois hectares sur une parcelle qu’il nous reste à déterminer. »

Le vignoble du lycée a été rajeuni en 2002 et depuis 2007 le lycée a amorcé le virage du bio pour ses vignes, avec l’obtention en 2010 d’une certification Écocert. La culture et la vinification de la vigne sont conduites suivant le cahier des charges Nutrition Méditerranéenne, avec une charte visant à préserver l’environnement, la qualité gustative et nutritive.

LE LYCÉE PRODUIT LES TROIS COULEURS DE VIN, du blanc à partir de la variété Sauvignon blanc, du rouge et du rosé avec du Grenache, du Marsellan, du Syrah et du Caladoc. Outre ses qualités pour la vinification, chaque variété a ses spécificités en matière de culture comme le souligne Hervé Montigny. « En haut de cette parcelle nous avons de vieux pieds de Grenache que nous avons palissé. Cela présente le triple avantage de permettre l’utilisation si besoin est, de la machine à vendanger, ça facilite le ramassage à la main et ça assainit le raisin grâce à une meilleure aération de la vigne. »

Cette année les vendanges sont très décalées dans le temps, avec des conséquences sur l’organisation et la production. « Habituellement les vendanges durent trois semaines et sont terminées autour du 20 septembre. Mais cette année le printemps a été très froid et les vignes ne se sont pas réveillées, décalant tout le cycle. Nous avons débuté les vendanges le 8 octobre et nous avons quinze jours pour les faire avant que les élèves ne partent en vacances. Et puis si on attend trop le raisin risque de commencer à pourrir avec le froid et l’humidité. La semaine prochaine nous allons utiliser une machine à vendanger pour aller plus vite. La récolte sera faible mais de bonne qualité. Nous avons fait des analyses, nous sommes bien au niveau qualité, » conclut Hervé Montigny.

LES SOLS DES CULTURES sont analysés régulièrement, notamment pour déterminer quelle quantité de fertilisant est nécessaire et quand il faut fertiliser. Le lycée fait partie du club de progrès viticulture de la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône qui travaille notamment à améliorer la qualité, la préservation des sols et une tenue de vigne exemplaire.

LE MODE DE CULTURE BIOLOGIQUE impose d’importantes contraintes sur les questions de fertilisation des sols et de lutte contre parasites et maladies des végétaux. Pour ses vignes le lycée utilise un engrais bio à base de de fumier ovin des Alpes. Toutefois il travaille actuellement à la mise en place de plateformes de lombricompostage en partenariat avec une ferme de Calas. L’objectif est qu’à terme le lycée puisse utiliser les déchets d’assiette de sa cantine pour produire ses propres fertilisants. Pour les éventuels traitements phytosanitaires l’exploitation peut recourir au sulfate de cuivre et au soufre. Mais là encore il faut veiller à n’utiliser que la juste dose, car les conséquences de leur utilisation sur le long terme demeurent incertaines, comme l’accumulation de cuivre dans le sol par exemple.

Pour le soufre, l’établissement peut avoir recours à une quantité donnée pour cinq ans. Sinon le désherbage se fait par des moyens mécaniques, plusieurs fois par an. Depuis 2012 le lycée participe à l’observatoire de la biodiversité agricole, une opération départementale menée par la chambre d’agriculture qui vise à déterminer l’impact des cultures sur la biodiversité locale. Un travail auquel participent enseignants et élèves. « Nous mettons des sortes de nichoirs pour les insectes dans les cultures. Les élèves s’y intéressent beaucoup et participent à leur pose et aux observations qui en découlent. »

Ces observations concernent les vignes, mais aussi les 60 hectares de grandes cultures, notamment : blé dur, colza, soja, maïs, pois et pois-chiches, menées par l’exploitation du lycée.

LE LYCÉE qui compte également un verger d’un demi-hectare de pommes pour la production de jus de pommes et deux hectares d’oliviers pour la production d’huile, tous deux en culture biologique et commercialisés sur l’exploitation avec le vin. Un vin qui est donc produit et commercialisé sur place à la cave de La Féraude. La vinification se fait en bio elle aussi. « La qualité de pression étant essentielle, surtout pour le rosé, nous venons de nous équiper d’un nouveau pressoir remarquable, explique Hervé Montigny. Nous avons aussi un groupe froid qui permet d’hyperstabiliser les températures dans les cuves. C’est le secret d’une bonne vinification. Nous sommes aussi suivis par un laboratoire d’oenologie qui fait des analyses mensuelles. »

LE RAISIN RÉCOLTÉ CETTE ANNÉE sera ainsi mis en bouteille au mois de mai 2014. Une année normale la production est d’environ 400hl en vin de pays rosé et rouge et 60 hl d’AOP. La cave est ouverte le vendredi de 16h à 17h et le samedi de 8h30 à 12h30.