Extension de la zone Avon

Une vingtaine de PME s'installent dans la zone Avon Bruno Colombari

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Deux ans après son ouverture, l’extension de la zone Avon se couvre peu à peu de bâtiments industriels de taille variable. Les uns sont terminés et en service depuis plusieurs mois, d’autres encore en chantier. La SEMAG, chargée de commercialiser les terrains, a vendu vingt lots. Pour les cinq restants, des compromis seront signés dans les prochaines semaines.

Quand on emprunte la bretelle de la Plaine, qui permet de rejoindre la D6 à hauteur du puits Morandat, on aperçoit sur notre gauche quelques bâtiments en construction dont les parpaings sont encore visibles. Plus que les réverbères le long des voies d’accès, ce sont eux qui marquent dans le paysage l’extension de la zone industrielle. Créée en 1979 par la Ville de Gardanne, Avon compte désormais 21 hectares dont un tiers constituent l’extension ouverte en 2002. « Avec cette opération, on souhaitait couvrir quatre secteurs prioritaires, explique Jean-Marc Sanchez, directeur de la SEMAG. Celui des combustions et de l’énergie, les entreprises qui travaillent en amont et en aval de Pechiney, la protection de l’environnement et de la forêt et les entreprises du secteur de la microélectronique, capables de travailler avec le pôle de Rousset et avec le Centre microélectronique de Provence (CMP). » A ces quatre critères s’en ajoute un cinquième, et non des moindres, puisqu’il concerne les entreprises locales qui souhaitent s’étendre ou s’installer sur un terrain de l’extension, en location ou en acquisition.

Vendre des terrains dans une zone à vocation industrielle et artisanale, dans la région, ce n’est pas vraiment un problème. « Avant même le début des travaux, nous avions plus de demandes que de lots disponibles, » admet Jean-Marc Sanchez. Mais il faut compter avec les impondérables : fouilles archéologiques et application pointilleuse de la loi sur l’eau qui retardent le chantier de plusieurs mois, compromis annulés quand les plans de financement montés par les candidats n’aboutissent pas. « De toute façon, nous avons une liste d’attente. Donc même en cas de désistement d’une entreprise, on est certain d’en trouver au moins une autre pour la remplacer. » Toutes les parcelles (qui se sont vendues de 26 à 32 euros le mètre carré) sont reliées aux réseaux d’eau potable, d’assainissement, d’électricité, de gaz de ville et d’eau brute venue du canal de Provence qui traverse la zone. Des fourreaux sont en place, prêts à accueillir la fibre optique si nécessaire. Mais pour la plupart des entreprises qui utilisent les nouvelles technologies, le haut débit qui passe par le réseau téléphonique classique est largement suffisant. Tous les réseaux sont enterrés, et un bassin de rétention et de dépollution a été installé derrière le hangar de la régie des transports. La Ville a prévu d’ici 2006 un bassin de rétention a proximité du ruisseau des Molx.

Parmi les entreprises venues d’autres communes pour s’installer à Avon, on trouve TEP 2E. Logé dans une villa aux tuiles provençales un peu anachronique dans un environnement industriel, TEP 2E, ce bureau d’études se trouvait auparavant à Bouc Bel Air. « On cherchait un terrain dans une zone industrielle, explique Didier Fouquet, PDG de TEP 2E. On avait besoin de place, d’être proche des autoroutes et de rester dans ce secteur où habitent nos six salariés. Pas question pour nous d’aller à Vitrolles. La localisation de la zone Avon était intéressante, et le prix attractif. On a donc acheté un terrain de 1 000 mètres carrés sur lequel on a construit un bâtiment de 180 mètres carrés, avec la possibilité de doubler la surface en hauteur. » La clientèle de TEP 2E, ce sont les hôpitaux, les industriels, EDF, GDF... « Quand il y a un projet de construction, on vérifie les conformités au niveau thermique, acoustique ou des fluides. On travaille pour optimiser la consommation énergétique de nos clients en fonction de leurs contraintes économiques et environnementales. Nous assurons aussi un suivi après la fin du chantier. » L’ouverture du marché de l’énergie à toutes les entreprises au 1er juillet prochain est évidemment une aubaine pour TEP 2E : « il va falloir faire appel à des spécialistes pour s’y retrouver. En vingt ans, on a installé 60 mégawatts sur une trentaine de chantiers, notamment dans le domaine de la cogénération. »

Une situation géographique attractive

SAI Chimie travaille de son côté dans le secteur de l’analyse, du contrôle qualité et de la conception de produits agro-alimentaires (substituts de repas, produits diététiques, compléments alimentaires...). « Jusqu’à l’année dernière, nos deux activités étaient dispersées : les laboratoires d’analyses à Marseille, les produits agro-alimentaires à Cavaillon, explique Frédéric Derbesy, directeur. Nous voulions nous regrouper en un seul lieu, si possible entre Aix et Marseille où habitent tous nos salariés. Et Gardanne est une ville bien dotée en entreprises de services, ce qui est très pratique. On a quasiment tout sur place. » SAI a donc acheté deux lots d’une superficie totale de 4 500 mètres carrés, sur lesquels se dresse aujourd’hui un grand bâtiment : 450 m2 de laboratoire, 300 m2 de production, 600 m2 de stockage et 150 m2 de locaux administratifs. « Nos principaux clients sont les entreprises de vente par correspondance, et celles qui distribuent en pharmacie et en grande surface. Ici, nous conditionnons les produits en grands sacs. » Parce que son chiffre d’affaires est en forte croissance depuis 3 ans, SAI va devoir gérer son expansion dans les prochaines années. Les effectifs devraient doubler (de 7 à 14) et le bâtiment, déjà trop juste, devra être agrandi. « On a une capacité d’innovation importante et un personnel très qualifié, explique Frédéric Derbesy. Ce qui est essentiel pour nous, c’est la relation privilégiée avec nos clients, sur le long terme. »

La Société Mécanique Gardannaise (SMG) est dans une situation différente. Pour cette entreprise gardannaise créée en 1982 qui a longtemps eu pour client principal la mine (60 % du CA), la reconversion était une question de survie. Robert Viaux, son gérant, n’a pas attendu février 2003 pour diversifier l’activité de la SMG. « Nous avons une grosse culture de maintenance industrielle. Nos clients locaux étaient les Houillères, Pechiney et Lafarge. Mais pour les gros donneurs d’ordre de la zone de Berre-Fos, la SMG était trop petite. Il fallait donc trouver une porte d’entrée. » La porte d’entrée, c’est l’agrément L-Bernard, un constructeur de servomoteurs, quatrième mondial essentiellement tourné vers l’exportation. « Ça a nécessité un gros travail de formation du personnel avant d’obtenir l’agrément pour le Sud-Ouest, le Sud-Est et la Corse. On reçoit des pièces ici qu’on assemble sur des vannes, en assurant le montage, la mise en service et l’après-vente. » Forte de cette nouvelle activité, qui lui assure désormais des marchés de maintenance pour des grands groupes (« sans passer par des intermédiaires qui diminuent les marges »), SMG fait construire un bâtiment flambant neuf à trois cents mètres de ses ateliers. « Pourquoi d’autres locaux ? Parce qu’avec les vannes, on fait plus du négoce, on reçoit des clients, ça nécessite de soigner la devanture. On aura une salle de séminaire qui servira chaque trimestre pour former nos clients, un show-room [salle d’exposition, NdlR] et un atelier d’assemblage. » Tout devrait être prêt fin 2004. La maintenance industrielle, quand à elle, reste dans le bâtiment actuel. Fidèle à sa vocation d’origine et à son implantation locale, mais capable de s’adapter à un environnement nouveau, SMG est à son échelle le symbole de la mutation économique de Gardanne.

Vers un club des entreprises du bassin minier

L’idée avait été proposée en juin 2003 par Philippe Pintore, élu chargé du développement économique, lors de la journée des Rencontres Éc(h)os à Biver. Pourquoi ne pas créer un club d’entreprises à Gardanne afin d’être présent sur les gros chantiers de la commune ? La construction du Centre microélectronique de Provence (CMP) devrait en effet démarrer à l’automne 2004, et les entrepreneurs gardannais aimeraient bien récupérer quelques miettes d’un gigantesque chantier. « On est en train de mettre en place une association, précise Robert Viaux, directeur de SMG et qui se charge pour l’instant de coordonner les bonnes volontés. Une douzaine de chefs d’entreprises sont partie prenante, et six d’entre eux formeront le bureau. » L’objectif est bien entendu d’obtenir toutes les informations possibles sur les chantiers. « Il y a de nombreux corps de métiers sur le secteur, il faut juste qu’on se fasse connaître. Il n’y a d’ailleurs pas que des entreprises gardannaises : certaines sont de Gréasque, de Meyreuil et d’autres communes environnantes. » L’association des entreprises du bassin minier (AEBM) devrait se créer courant mars.
Contact : Robert Viaux, tél. 04 42 51 01 89