Logement temporaire et d’urgence

Une résidence sociale à Gardanne Stéphane Conty

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Une résidence sociale gérée par la Sonacotra doit ouvrir ses portes à Gardanne en 2006. Si le nom est connu du public, la réalité de ce qu’il recouvre l’est souvent beaucoup moins. Il s’agira d’héberger de façon temporaire des gens vivant dans des conditions insalubres, d’accueillir dans l’urgence ou de loger des étudiants. Visites à Hyères et à Marseille.

La Sonacotra a été créée par l’État en 1957 pour résorber les bidonvilles de la périphérie des grandes villes. Ils abritaient principalement des travailleurs maghrébins qui participaient à la reconstruction de la France d’après-guerre. En 1993 les objectifs ont été étendus à l’accueil des personnes rencontrant de fortes difficultés de logements, quelle que soit leur origine. Un décret de décembre 1994 fixe les règles de création de la résidence sociale pour permettre la mise en place d’un partenariat entre la Sonacotra et les collectivités locales, nécessaire à l’élaboration commune d’un projet social. Comme le souligne Philippe Ghirart, directeur de l’agence Sonacotra de Hyères, « la construction d’une résidence Sonacotra doit s’insérer dans un projet social, le plus souvent à l’initiative de la commune d’accueil. Cela permet de bien définir les besoins et ainsi d’y répondre de manière pertinente. Nous travaillons toujours en collaboration avec les services sociaux de la commune et des autres collectivités territoriales. Ainsi à Hyères, la Sonacotra est présente sur la commune depuis 1995. Nous avons d’abord créé une résidence “multi-sites” représentant 28 logements répartis sur 5 immeubles du centre-ville qui accueillent des personnes immigrées âgées. Cela a permis de résorber une partie de l’habitat insalubre de la vieille-ville. Comme tout s’est parfaitement bien passé, nous avons inauguré le mercredi 10 novembre deux nouveaux sites accueillant 42 logements, plus particulièrement destinés aux étudiants boursiers et aux jeunes en formation professionnelle. »

Le projet de Gardanne

Concernant le projet de la résidence à Gardanne, il s’inscrit dans le cadre de trois besoins principaux dont le premier est de résorber l’habitat insalubre dans la vieille-ville. La résidence sociale permettra ainsi le relogement temporaire des personnes pendant la restauration des bâtiments insalubres. Le deuxième besoin correspondra à l’accueil pour de très courtes durées de familles, le plus souvent monoparentales, en situation d’urgence. Enfin, elle permettra aussi à des étudiants boursiers de pouvoir se loger le temps d’un cycle d’études. « La résidence doit être réalisée rue du repos, sur un terrain proche du cimetière. Elle sera composée de 38 logements de 18 à 46 m2, équipés entre autres d’un coin cuisine et d’une salle de bain - wc. Les durées d’accueil pourront varier de quelques jours à un an renouvelable une fois, celles-ci étant définies en fonction des situations individuelles et du parcours d’insertion en cours des personnes » explique Jeannot Menfi, adjoint au logement.
L’accession à un logement dans une résidence sociale n’est pas le fruit du hasard mais l’aboutissement d’un parcours bien précis nécessitant plusieurs étapes. Evelyne Turc, coordinatrice sociale départementale explique que « pour pouvoir bénéficier d’un logement dans une résidence sociale, il convient tout d’abord d’en faire la demande, soit auprès du responsable de la résidence, soit par l’intermédiaire de services sociaux ou d’une association. Une dossier est alors réalisé qui sera présenté à une commission d’attribution à laquelle participent la Sonacotra, les services de l’habitat et social de la commune, la CAF, et pour Gardanne “la maison de la solidarité,” émanation du Conseil général. C’est lors de ces commissions que les dossiers sont étudiés et acceptés ou rejetés. »
En effet, la Sonacotra a défini un certain nombre de règles d’admission à un logement dans une de ses résidences, dont certaines dictées par les lois en vigueur. Ainsi, une résidence sociale ne peut réserver que jusqu’à 20 % de ses logement pour les étudiants, ou encore 10 % pour l’hébergement provisoire de personnes en situation de rupture économique ou familiale. Parmi les règles fixées par la Sonacotra, il y a notamment la nécessité pour le demandeur d’être déjà engagé dans un parcours d’insertion. Ainsi, comme le précise Philippe Ghirart, « même si les gens que nous accueillons doivent être autonomes, nous favorisons l’accès de personnes faisant l’objet d’un suivi par des services sociaux, autant dans leur intérêt que dans le nôtre. Nous avons alors l’assurance que la personne est dans une dynamique d’évolution et qu’elle prépare activement son départ de la résidence, ayant pleinement conscience qu’il ne s’agit que d’une situation temporaire. Pour maintenir un équilibre, nous nous attachons aussi à avoir au moins 20 % d’actifs (salariés, stagiaires, étudiants...) dans notre clientèle. Nous veillons aussi à n’accepter que des personnes faisant preuve d’une capacité à vivre en collectivité, un point capital pour que tout se passe dans les meilleures conditions. »
Lors de son admission, le résident signe un contrat de résidence, dans lequel il s’engage à respecter le règlement intérieur de la structure. « Celui-ci définit quelques contraintes concernant par exemple des heures au-delà desquelles on ne peut plus accueillir de visiteurs, ou encore limitant la possibilité d’héberger de la famille en visite pour une durée maximale de 15 jours par an » explique M. Pinna, responsable de la résidence Darius-Milhaud de Saint-Jérôme à Marseille.

Remplir des conditions précises

Il précise également que chaque résidence a au moins un responsable qui est chargé de participer aux commissions d’attributions et d’accueillir et informer les nouveaux résidents sur la vie dans les locaux. Il doit également les aider dans leur démarches administratives et sociales et effectuer une veille pour éventuellement alerter les services concernés en cas de problèmes spécifiques. Enfin, il doit aussi gérer la vie dans la résidence, résoudre les problèmes techniques ou d’éventuels problèmes avec des personnes qui ne respecteraient pas le contrat de résidence. « En cas de non respect du règlement intérieur nous avons d’ailleurs la possibilité de demander l’exclusion du résident fautif. Mais d’une manière générale tout se passe bien, et sur ce dernier point il est rare que j’ai besoin d’intervenir. » En plus chaque résidence assure un suivi à travers un comité de pilotage où sont présentes les mêmes instances que pour le comité d’attribution, avec parfois aussi des associations ou des comités de quartier. Enfin, par rapport à d’éventuels problèmes avec des éléments extérieurs, les agences de Marseille et d’Aix (dont dépendra Gardanne) sont en contrat avec une société de gardiennage qui assure des patrouilles régulières la nuit.
Le temps n’est donc plus aux foyers Sonacotra des années 50. Comme le remarque Philippe Ghirart, « il semble que notre action soit appréciée par nos partenaires institutionnels et par les communes qui nous accueillent puisqu’ils continuent à nous faire confiance. » Un engagement des uns et des autres qui s’avère important à un moment où le logement social connaît une situation grave dans notre pays.


Paroles de résidente

Carine, étudiante de 24 ans, prépare une maîtrise en neuro-sciences à la faculté de Saint-Jérôme et réside dans la résidence Sonacotra Darius-Milhaud à Marseille. « C’est ma deuxième année ici et jusqu’à présent tout se passe bien. C’est un ami qui était résident qui m’a suggéré de venir, d’autant que les tarifs sont les plus intéressants sur Marseille. Comme je n’ai pas de gros moyens, cette solution m’a paru la meilleure. Au début j’avais quelques craintes, surtout que la réputation des résidences Sonacotra n’est pas toujours très bonne. Une fois ici, elles se sont vites dissipées, les gens sont très sympas et les appartements globalement confortables. En fait j’ai l’impression de vivre dans une résidence “classique”. Quand j’explique ça à mes amis, au début cela les surprend toujours. Et c’est pratique, je suis à côté de la fac, des transports en communs, et les services comme la laverie en interne sont très utiles aussi. » Interrogée sur le règlement intérieur elle ajoute « honnêtement, je ne le connais qu’à moitié... et encore ! Mais il doit être suffisamment souple puisque pour moi il ne constitue pas une contrainte. Franchement, je n’ai rien à redire, j’ai même déjà proposé à deux de mes amies de remplir une demande d’admission. »

Quelques sites pour en savoir plus

Sonacotra
Le site de la Sonacotra présente ses réalisations, notamment dans le sud-est avec des exemples de résidences sociales terminées ou en cours.

Service-public.fr
Une mine d’informations sur les droits des particuliers par rapport au logement, notamment l’aide aux personnes démunies (eau, téléphone, électricité)