Cinq jours après la rentrée des classes, les enseignants étaient nombreux à Marseille le 7 septembre dans la gigantesque manifestation contre la réforme des retraites. Comme ses collègues du secondaire la veille, Natacha Bérard, enseignante en école primaire à Gardanne, a fait le déplacement pour se faire entendre. « La suppression des IUFM pour former les enseignants et la réforme des retraites, tout est lié. C’est un choix du gouvernement. Des élèves plus nombreux, des classes qui ferment, c’est une politique d’économies budgétaires qui profitent à d’autres avec des baisses d’impôts. Je crois qu’il y a une prise de conscience, les gens se rendent compte que leur qualité de vie baisse. Les parents voient bien les conséquences pour leurs enfants, mais c’est partagé. D’autres ne nous reconnaissent pas le droit de grève, qui est remis en cause avec le service minimum d’accueil. »
Malgré tout, dans les sept écoles élémentaires et les six maternelles, la rentrée 2010 s’est plutôt bien passée. Grace à l’intervention des élus, une classe a été sauvée à l’école élémentaire Albert-Bayet, une de maternelle a été ouverte à Fontvenelle et un cours double à Biver a permis de désengorger la maternelle des Terrils Bleus (lire l’entretien avec Guy Pinet).
Les effectifs sont en hausse par rapport à la rentrée 2009, avec 1 803 élèves au total dont 668 en maternelle et 1 135 en élémentaire. Si on met à part les deux CLIS (classes d’intégration scolaire, douze élèves chacune à Prévert et à Mistral), la moyenne par classe est de 24,6 élèves par classe en élémentaire et de 26,7 en maternelle.
Comme l’an dernier, et malgré les restrictions budgétaires qui touchent les services municipaux, les dépenses scolaires prises en charge par la municipalité n’ont pas diminué. Elles s’élèvent à 43 € par élève en maternelle et élémentaire pour les fournitures scolaires, sans compter les transports en bus gratuit, le cadeau de Noël pour les plus petits et la participation aux classes découverte.
Dans le secondaire (où une partie des enseignants a fait grève le lundi 6), les suppressions de postes dans les collèges et la nouvelle seconde au lycée créent des remous. Au collège Péri, par exemple, deux postes d’enseignants ont disparu et un professeur stagiaire à temps plein et sans tuteur (puisqu’il est le seul dans sa matière) a été nommé. « C’est l’action conjointe des parents d’élèves et des représentants des personnels qui a permis d’éviter l’arrivée d’un second stagiaire, remplacé en fin de compte par un titulaire, en mathématiques, » constate Céline Urbaniak, enseignante en histoire-géographie et représentante du SNES.
Mais les économies budgétaires ne touchent pas que les professeurs : après la suppression d’un poste de surveillant en juin dernier, le contrat (précaire) de deux médiatrices de la vie scolaire ne sera pas renouvelé en décembre prochain. Au niveau des effectifs, le collège du Pesquier compte désormais 638 élèves (25,5 par classe) et Gabriel-Péri 368 (23,7 par classe, plus 12 élèves en unité pédagogique d’intégration). Soit au total une trentaine d’élèves en moins que l’an dernier.
Au lycée Fourcade, où le programme de la nouvelle classe de seconde est entré en vigueur, il a fallu s’adapter : six postes d’enseignants en moins, l’arrivée de trois professeurs stagiaires nommés à temps plein, la mise en place de l’accompagment personnalisé... « Chaque élève de seconde a deux heures par semaine, par groupe de 15 ou 16, avec le professeur principal et un prof de lettres, de maths ou d’histoire-géo, explique Denis Barroéro, proviseur du lycée. Quant aux stagiaires, les années précédentes ils faisaient six heures de cours par semaine et suivaient en parallèle leur formation en IUFM. Ils étaient suivis par un enseignant tuteur. Cette année, aucun enseignant n’a été volontaire. »
Pour Isabelle Poncet, enseignante en sciences économiques et sociales (SES), « Ça ne va pas être tenable. Ils vont avoir quatre semaines de formation dans l’année pendant lesquelles ils seront remplacés par des étudiants vacataires ! »Autre problème, les nouveaux programmes de la classe de seconde ont été rédigés dans des délais très courts, mettant les éditeurs de livres scolaires face à des délais impossibles à tenir. Enfin, sur le contenu des programmes, il y a aussi des choses à dire. « En SES, outre le fait que nous avons perdu une heure de cours par semaine, il va être très difficile d’approfondir les contenus, de poser les problématiques, ce qui forme les futurs citoyens. La notion de classes sociales, par exemple, a disparu. »
Les effectifs s’élèvent à 1 298 lycéens (dont 86 BTS) auxquels il faut ajouter cinquante stagiaires adultes en formation continue ou en apprentissage. Au lycée professionnel de l’Étoile, il y a environ 330 élèves, et 413 au lycée agricole de Valabre, soit sensiblement les mêmes chiffres qu’en 2009. Des effectifs stables et des moyens en baisse dans le secondaire : le gouvernement pourra-t-il justifier longtemps un tel grand écart ?