Formation au CMP

Une pôle position en microélectronique Loïc Taniou

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Sur un campus universitaire de 6 hectares situé route de Mimet, le Centre microélectronique Georges-Charpak accueille recherche et enseignement supérieur... Une école à l’anglaise avec de nombreux espaces verts et un parti-pris d’ouverture sur la ville.

Rattaché à la prestigieuse école des mines de St-Étienne qui figure parmi les plus grandes écoles de France, le Centre microélectronique, situé sur la route de Mimet, est un équipement unique en PACA avec plus de 21000m2 dédiés à la microélectronique : salles blanches, amphi, laboratoires, salles de cours, maison des étudiants. Il est composé de volumes simples mais fortement affirmés, conçu par Aymeric Zublena, architecte du Stade de France.

Un grand bâtiment de métal et de verre abrite deux grands ensembles. L’un accueille une école d’ingénieurs de haut niveau, l’autre des “salles blanches” (lire détail plus loin) et des équipements dédiés à la recherche et au développement dans la microélectronique. De l’autre côté de la route, un espace en forme de fer à cheval abrite trois bâtiments de couleurs orange et blanc consacrés au logement des étudiants avec différents espaces de vie, soit 157 logements sous forme de studios. En son centre un atrium sert de maison des élèves et un jardin permet de travailler en plein-air grâce à ses connections Wi-Fi.

Le coût de la construction est de 47, 7 millions d’euros financés par les collectivités territoriales dont le Conseil général, le Conseil régional, la communauté du pays d’Aix, l’État, l’Europe... La ville de Gardanne a mis à disposition le terrain. C’est donc une école à l’anglaise avec de nombreux espaces verts et un campus universitaire qui prend corps sur la ville. « Nous sommes avec Rousset au sein d’un grand berceau industriel des cartes à puces. Ce que l’on va faire, explique Philippe Collot, directeur du Centre microélectronique Charpak, c’est apporter des ressources à côté de ces grands centres industriels et des réponses rapides pour la conception de nouveaux produits à forte valeur ajoutée. »

Des formations de haut niveau

Le Centre Charpak est en premier lieu une école d’ingénieurs de haut niveau en adéquation avec l’environnement industriel. « Grâce à ces formations, souligne le directeur, nous entendons apporter des ressources nouvelles qui répondent aux besoins des employeurs, notamment en matière d’encadrement et d’expertise : il formera des ingénieurs généralistes, des ingénieurs de spécialité, proposera des masters spécialisés et des formations doctorales. »

L’enjeu est bien présent puisque la microélectronique en Paca représente près de 10 000 emplois et 35 % de la production nationale de semi-conducteurs. « Cela peut paraître paradoxal rajoute Philippe Collot, mais les industriels ont du mal à recruter des ingénieurs de pointe. On est là pour répondre de manière concertée. Il ne faut pas que des managers économiques, il faut aussi des technologies qui permettent de répondre à des besoins et des ingénieurs. L’aspect technologique n’est pas à négliger, il faut de fortes compétences dans ces domaines là. »

une passerelle industrie-recherche

Le recrutement pour devenir ingénieur se fait sur concours à partir de Bac+2 où il faut généralement sortir de maths sup ou de maths spé. Le CMP pense accroître prochainement le nombre de ses promotions, de 40 à 75, avec de nouvelles formations autour de collaborations entre la biologie et la microélectronique. Une activité de formation continue et d’assistance technologique aux entreprises est également proposée. Elle a pour vocation d’aider les PME-PMI à introduire ou à faire évoluer l’électronique dans leurs produits. Par ailleurs, des accords de coopération internationale ont été conclus avec l’université Jiao-Tong de Shanghai pour un partenariat académique et scientifique.

Depuis la rentrée 2007, le Centre microélectronique compte 300 élèves en formation et 19 thèses. Il s’apprête à accueillir dans ses nouveaux locaux, 660 étudiants et 70 chercheurs. En dehors des étudiants en formation initiale, le CM Georges-Charpak accueille des chercheurs universitaires ou industriels dans la halle système. Un bâtiment de 1000 m2, dédié à la recherche, composé de plusieurs salles blanches. Ces salles sont des laboratoires étanches à air purifié qui possède des équipements exigeants en terme de propreté à l’intérieur desquels chercheurs et étudiants réalisent leurs expériences. « Une poussière et c’est une puce qui ne marche pas. »

La halle système héberge également la plateforme Micropacks, une unité de recherche dédiée au micropackaging (design et intégration de circuits imprimés sur supports souples comme par exemple sur un passeport) et à la sécurité des systèmes intégrés (résistance aux attaques pour carte bleue). « Ici, on imagine, on conçoit, on développe explique Michel Thomas responsable de la plateforme, grâce notamment à un partenariat public/privé. » Une passerelle industrie-recherche qui a commencé à livrer ses premiers fruits avec un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros réalisé en 2007 sous forme de contrats de recherche. Une unité de recherche commune avec le CEA Leti, laboratoire européen de recherche situé à Grenoble existe même depuis septembre 2004.

« Avant de faire des équipements qui produisent, on teste, on essaye, ajoute Michel Thomas. On réalise des séries pré-industrielles. Ici, les PME et les start-up ont accès à des équipements et des moyens importants pour réaliser leurs prototypes et tester leur fiabilité. » La halle système contient déjà 3 millions d’euros de matériel et 7 millions d’équipements sont prévus fin 2008. Il s’agit bien d’insuffler une synergie de terrain entre les élèves chercheurs et les industriels, de générer de l’innovation rapidement.

C’est une dynamique tout à fait inédite qui s’installe dans l’aire des pôles de compétitivité de la région Paca.