Géoportail

Une machine à remonter le temps Energies 411 - Bruno Colombari

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Depuis quelques mois, le site Géoportail met en ligne des photos aériennes datant de l’après-guerre. Vous rêviez de voir à quoi ressemblaient Gardanne et Biver en 1947 ? C’est désormais possible.

L’IMAGE EST D’UNE QUALITÉ ÉTONNANTE. Sans le noir et blanc, on pourrait se croire sur Google Maps. Sauf que le géant américain n’a que faire du passé, et en particulier des vues aériennes datant de 1947. C’est pour ça que nous ne sommes pas sur son site, mais sur celui de Géoportail. Créé en 2006 par le ministère de l’écologie qui en a confié la réalisation à l’IGN et au BRGM (dont Gardanne accueille l’antenne Sud-Est), ce site offre à tous des données cartographiques publiques, y compris d’ailleurs le cadastre. C’est dans ce cadre de service public et d’informations partagées que sont mis en ligne, à l’été 2013, les archives de photographies aériennes des villes françaises.

REVENONS DONC À GARDANNE. Une fois sur le site geoportail.fr, il suffit de saisir Gardanne dans le champ de recherche, puis de cliquer sur un bouton situé en haut à droite de l’écran : “remonter le temps.” Après avoir sélectionné “les prises de vues aériennes” dans le menu déroulant, il ne reste qu’à choisir une année dans la frise chronologique. Pour Gardanne, la plus ancienne disponible est 1947. Vous voyez alors une série de symboles (une croix dans un rond orange) correspondant à chaque zone photographiée. Choisissez-en une et cliquez sur “aperçu de l’image.” Vous pouvez la passer en plein écran, agrandir un détail ou vous déplacer dans l’image, de très haute résolution (jusqu’à 26 millions de pixels). Mais vous pouvez aussi télécharger l’image sur votre ordinateur et la regarder hors ligne. Et, par exemple, sélectionner votre quartier. En répétant l’opération sur sept ou huit années différentes jusqu’en 2008, vous pouvez ainsi découvrir ce qui a changé, les voies de circulation nouvelles, la progression de l’urbanisation...

EN 1947, PAR EXEMPLE, GARDANNE COMPTAIT ENVIRON 8000 HABITANTS (7 979 très précisément lors du recensement de 1946), contre 20473 aujourd’hui. Sur les vues aériennes de Géoportail, qui datent du 13 juin, on reconnaît facilement le galbe du Cours enserrant la vieille-ville, ainsi que le site de l’usine d’alumine, le long de la voie ferrée. Le reste ? Essentiellement des champs cultivés, au Sud, à l’Est et à l’Ouest. La route de Nice, par exemple, chemine en ligne droite là où se trouve aujourd’hui la centrale thermique, la zone industrielle Jean-de-Bouc et la zone Novactis. En 1947, on ne voit qu’une poignée de maisons, quelques bouquets d’arbres et des champs partout. Même chose le long de l’avenue des Aires, qui prolonge la rue Borély qui ne compte des immeubles que sur une centaine de mètres. Plus bas, la route de Mimet, la route Blanche et le quartier du Pesquier sont quasiment inhabités.

Sur le site de la Ville (article 1528), vous pouvez d’ailleurs voir comment ce secteur Sud a évolué en soixante ans. Biver, en revanche, compte déjà de nombreuses cités minières construites de façon rectiligne autour de l’église et des écoles. L’activité de la mine (le puits Biver est encore en activité pour quelques mois) bat alors son plein : en 1948, il y a 6500 mineurs qui travaillent à Gardanne, dont 4000 au fond. Le puits Gérard va ouvrir deux ans plus tard, financé par le plan Marshall. Car ici, évidemment, la géographie et l’histoire sont intimement liées.