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Une courteÉchelle vers le plaisir ! Energies 410 - Jeremy Noé

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Curieux, impétueux, le tremplin courteÉchelle fait la part belle aux découvertes. Musique et plaisir y font très bon ménage, et les jeunes sont au rendez-vous. Retour sur cette édition 2014, avec Sanseverino, en tête d’affiche.

FORMULE REVUE ET CORRIGÉE POUR LE COURTEÉCHELLE 2014 : désormais le tremplin pour les jeunes groupes aura lieu sur une soirée au lieu de deux. Une formule plus cohérente, plus entraînante, avec quatre groupes pour une soirée, le public en a désormais pour son argent. (l’entrée est gratuite). C’est que qui dit tremplin dit compétition, avec vote du public et dit, pour être équitable, la possibilité de pouvoir écouter les quatre groupes, ce qui n’était pas forcément le cas avant : certains venant écouter leur groupe phare et voter la première soirée, sans revenir le lendemain –les malotrus. Et l’enjeu pour les musiciens (triés sur le volet parmi une soixantaine de candidatures reçues par le service municipal de la Culture qui organise ces deux concerts) n’est pas rien, surtout comme Mygh dont il s’agissait de la toute première scène : il s’agit de se faire remarquer, de gravir pourquoi pas l’un des premiers barreaux vers une carrière pro, comme Soma.

En attendant de les voir marcher sur les pas de leurs glorieux aînés, Mygh, Woody Bud, The Nurses, The Catalyst auront autant offert un concentré de jeunesse (à l’image de la salle : moyenne d’âge 20 ans) que de talent. Le dub de Woody Bud, premiers à passer avec leurs instruments sous forme de machines, donnait d’emblée le “la” en dépassant largement son style annoncé pour ouvrir la porte vers un mélange des genres métissé (jungle, rock, dance-music...) dont seule l’électro est capable.

Pas de synthé, mais des grattes, des guitares, et de la batterie bien lourde pour The Nurses, qui, derrière leurs têtes d’étudiants en maths, on livré une leçon de look et de bonne humeur, déguisés en infirmières (nurses = infirmières) zombies visiblement ravis d’être sur scène, livrant un rock très (trop ?) propre. Les 160 votes du public auront finalement consacré The Catalyst, qui remporte un enregistreur numérique, tandis que The Nurses décrochent le 2e prix (un cachet de 300 € pour jouer au lycée de Valabre, en partenarait avec la Ville) et Woody Bud monte sur le haut du podium avec l’enregistrement d’un clip au studio Pul’s Production à Gardanne.

AUTRE LEÇON, MAGISTRALE, LE LENDEMAIN, avec Sanseverino, qui assurait à lui seul la deuxième soirée de cette courteÉchelle. Pas pour rien si le bonhomme a reçu, en 2003, la Révélation scène de l’année aux Victoires de la musique. La scène, il la prend, il la retourne et il l’avale toute crue, quand bien même le style qu’il défend est aux antipodes du gymkana monté sur ressorts pratiqué par certains. Entre deux titres, Sanseverino interpelle, imite le cheval, rote, use d’épithètes que la décence nous interdit de reproduire ici pour condamner les Daft Punks ou les gens qui assistent à un concert en filmant avec la “caméra” de leur téléphone portable.

Graveleux ? Pas vraiment. Disons terriblement familier, l’empreinte d’un trublion qui n’a pas la langue dans sa poche (il l’aura montré dès l’après-midi, en rencontrant le public à la médiathèque) et trace sa voie d’artiste singulier. Comme sa musique, empruntée aux États-Unis (blues, swing, honky-tonk : la musique de saloon, banjo et mandoline compris) sur laquelle il cale des paroles résolument françaises –même lorsqu’il chante du Johnny Cash (A boy named Sue), il l’adapte. Un grand moment de plaisir, partagé ce soir là avec 500 spectateurs, la jauge maximale de la Maison du Peuple. Encore !