Cinéma

Un bien heureux accident Energies 424 - Jeremy Noé

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Vous avez sûrement remarqué au mois de septembre un curieux ballet de camions et de techniciens autour d’une caméra. Pendant dix jours, l’équipe de Par accident, long-métrage à sortir en salles et sur France 3, a posé ses valises à Gardanne.

GARDANNE TERRE D’ACCUEIL DE CINÉMA ? FATCHE DE ! A force de fréquenter quelqu’un tous les jours, on finit presque par en oublier ce qui fait son charme : la routine émousse le regard. Faites le test de visiter un endroit familier avec un ami venu de loin, il y a des chances qu’il vous fasse remarquer des petites choses qui vous étaient passées sous le radar, ou vous pose des questions qui changent votre perspective.

Ainsi quand la réalisatrice et scénariste parisienne Camille Fontaine nous explique ce qui l’a amenée à venir tourner son premier long-métrage à Gardanne, cela sonne à nos oreilles ébaudies comme une déclaration d’amour inattendue : « Dès que j’ai vu Gardanne, j’ai su que c’était ce que je voulais. Il y a ces usines incroyables qui sortent de la ville, la ville est très belle, on sent qu’elle a un passé, qu’elle est chargée d’une histoire. D’ailleurs dès qu’on y met un pied, dès qu’on pose sa caméra, la ville raconte quelque chose. Le sentiment a été unanime dans toute l’équipe, on s’est dit que la ville était incroyable. Quand j’ai écrit le scénario j’aurais pas rêvé avoir une ville aussi cinématographique que Gardanne. Je suis surprise que personne ne soit venu tourner avant... »

De la part d’une nommée aux César (pour le scénario de Coco avant Chanel, avec Audrey Tautou et Benoît Poelvoorde) qui a aussi participé à l’écriture de la chouette série de Canal + Les revenants, ça fait plaisir, non ?

PAR ACCIDENT A ÉTÉ TOURNÉ UNE DIZAINE DE JOURS À GARDANNE ET SEPT SEMAINES EN TOUT EN PACA (la Région a participé au financement, avec France 3). Le film débute sur l’histoire d’Amra, Algérienne en France depuis cinq ans, en pleines démarches pour obtenir ses papiers. Un soir elle renverse un piéton en conduisant sa voiture, par maladresse, alors qu’elle cherchait son téléphone portable. Désespérée, elle voit déjà s’envoler tout espoir d’avoir ses papiers, mais est opportunément innocentée par Angélique qui témoigne que le piéton s’est jeté sous les roues de la voiture...

C’est le début d’une relation à haut risques (« à la fois drame social et thriller psychologique, » explique la réalisatrice) pour les deux jeunes femmes, incarnées par Hafsia Herzi et Émilie Dequenne. Lors d’une journée de tournage, les riverains des avenues Jean-Jaurès et Charles-de-Gaulle ont eu la surprise de voir la pluie en plein soleil, ou presque, grâce à l’utilisation d’une grue et d’une lance à incendie.

Pourquoi une pluie artificielle ? Car au cinéma, on a besoin d’une pluie qu’on peut allumer et éteindre à loisir entre deux “action” et “coupez.” Rien de démesuré là-dedans : Par accident bénéficie d’un budget riquiqui de 3,1 millions d’euros, soit dix fois moins que Lucy, Taken 2 ou Astérix et le domaine des dieux (animation en 3D, sortie en novembre), et... 43 fois moins que Les gardiens de la galaxie.

Pas de producteur à gros cigare et de réalisateur monomaniaque qui recommence 150 fois la prise, donc, mais une petite équipe réduite expérimentée autour de Camille Fontaine, sous la houlette du producteur de Tous au Larzac, La source des femmes et Home de Yann Arthus Bertrand. Sortie en salles dans quelques mois.