Depuis le 1er décembre 2003 le Conseil général est responsable de l’élaboration, de l’application et du suivi du Plan Départemental d’Élimination des Déchets. Début 2004 des études préalables à l’élaboration sont lancées, notamment pour faire un état des lieux de l’existant et des derniers développements techniques en la matière. 17 réunions publiques suivent dans tout le département.
Un projet de plan est adopté le 30 janvier 2006 qui répond à six engagements que nous commente Antoine Rouzaud, Conseiller général délégué au Plan Départemental d’Élimination des Déchets Ménagers et Assimilés : « A la base, le meilleur déchet en terme d’élimination est celui qui n’a pas été produit. Comme nous n’avons pas de baguette magique pour faire totalement disparaître un déchet, quel que soit le mode de traitement retenu, au final il reste toujours un déchet ultime à enfouir. Il nous faut donc limiter dès le départ la quantité de déchets produits en agissant à tous les niveaux. Et là, les citoyens ont un rôle majeur à jouer à travers l’acte d’achat notamment, en privilégiant les produits qui ont un minimum d’emballage. Pour prendre un exemple, ce n’est pas parce qu’un tube de dentifrice est dans un emballage carton, lui même emballé dans du plastique, que le dentifrice sera de meilleure qualité. Par contre le consommateur payera plus cher car non seulement ces emballages ont un coût répercuté sur le prix d’achat mais aussi car la facture du traitement des déchets sera d’autant plus lourde qu’il y aura de déchets à traiter. »
Un exemple à méditer... surtout quand on sait qu’en 2004 le coût de la gestion des déchets dans le département s’élevait à 150€ la tonne, soit 100€ par habitant, et qu’au terme du plan, qui pourtant mise sur une réduction à la base de la quantité de déchets produits, ce coût est estimé à 160-180€ la tonne, soit 130€ par habitant.
« Le deuxième et le troisième engagement
sont liés puisqu’il s’agit d’une
part de collecter mieux, notamment en
multipliant les collectes séparatives,
ce qui conduit donc à augmenter la
quantité de déchets triés, que ce soit
par les particuliers, mais aussi en développant
des moyens industriels performants
de tri complémentaire.
Nous
touchons ensuite au coeur du problème
avec les quatrième et cinquième
engagements. L’évolution de la législation
européenne en matière de gestion
des déchets et sa transposition
dans la loi française prévoit une forte
diminution du taux de déchets enfouis,
enfouissement qui a été le mode
de gestion privilégié jusqu’à maintenant.
En 2003, 63 % des déchets collectés
dans le département ont terminé
en CSDU (Centre de Stockage des Déchets
Ultimes). A échéance du plan en
2015, ce chiffre devrait être tombé à
27 %.
Pour arriver à ce résultat, le
plan prévoit une meilleure utilisation
de ces déchets, non plus en les considérant
comme un produit de fin de cycle,
mais comme un produit exploitable
et économiquement rentable. Trois types
de valorisations vont être développés.
Ainsi, le recyclage va être étendu,
passant de 9% de déchets recyclés en
2003 à 23 % en 2015. L’utilisation des
déchets pour produire de l’énergie va
également être favorisée pour passer
de l’exploitation de moins de 1% des
déchets produits en 2003 à 20 % en
2015.
Enfin, il s’agit de mettre en oeuvre
un traitement biologique des déchets
sans incinération, par la création
de quatre nouvelles unités de traitement
basées sur le système de tri-méthanisation-
compostage. En 2015, 35%
des déchets produits dans le département
devront être traités avec ce procédé,
et ce sont eux qui produiront les
20 % d’énergie que j’évoquais précédemment.
Une fois ces filières mises
en place nous serons alors en mesure
de répondre au cinquième engagement
du plan, soit enfouir seulement les déchets
ultimes, bien évidemment dans des sites conformes aux dispositions
législatives et réglementaires. »
En stabilisant la production de déchets, en utilisant une plus grande part de ceux-ci et en tenant compte des possibilités d’extension des sites existants, le Plan ne devrait d’ailleurs pas entraîner la création de nouveaux sites de stockages dans le département. Par contre il prévoit la création d’autres installations, telles les quatre unités de traitements par tri-méthanisation-compostage pour un coût de 280 à 300 M€, trois centres de transferts pour 6 M€, cinq déchetteries pour 3M€ et enfin deux pour le tri des encombrants, soit 15 à 18 M€.
Tri-méthanisation-compostage
Comme le souligne Antoine Rouzaud, « le Plan c’est aussi la création de 500 à 700 emplois et une diminution de 80 % des émissions de gaz à effet de serre dans le traitement des déchets par rapport à 2005, » des conséquences positives qui sont certes loin d’être anodines.
La diminution de la production de gaz à effet de serre est une réponse concrète aux enjeux de développement durable, de protection de l’environnement et de santé publique. Des enjeux qui conduisent directement au 6e engagement du Plan, à savoir le respect du principe de précaution, principe essentiel en vertu duquel le Plan n’a pas retenu l’utilisation de l’incinération préconisée par la Communauté urbaine de Marseille, et donc la création d’incinérateurs dans le département.
Une étude santé sur les différents procédés de traitements des déchets menée par la société Clin Search en ce qui concerne les risques microbiologiques et toxiques a fait ressortir que pour les procédés de tri, compostage, méthanisation et enfouissement en CSDU les risques sont connus, très faibles à faibles, et maîtrisés. Concernant l’incinération, les risques ont été jugés mal connus, a priori importants et non maîtrisés.
En outre, l’argument retenu par les partisans de l’incinération qui mettent en avant un bien meilleur rendement énergétique par rapport à la méthanisation est a relativiser étant donnée que la production énergétique liée au traitement des déchets couvrirait moins d’1% des besoins du département.
A Gardanne, un des meilleurs taux de tri
Pour Bernard Bastide, adjoint au maire délégué à l’environnement, la position de la commune est claire vis à vis du Plan Départemental d’Élimination des Déchets : « Gardanne adhère au Plan Départemental. Ce plan permet de lutter contre les projets d’incinérateurs qui portent gravement atteinte à la santé publique. Par contre je suis choqué par l’attitude du Préfet qui attaque le Plan en justice au motif qu’il ne prend pas en compte le projet d’incinérateur que Marseille, pour traiter ses déchets, veut imposer à Fossur- Mer. D’autant plus que la méthanisation a le mérite d’être un procédé connu et largement éprouvé, propre et fiable, et qui plus est sensiblement moins coûteux que l’incinération. »
A Gardanne la problématique du traitement des déchets est sérieusement envisagée depuis de nombreuses années, les premiers Points d’apport volontaire (PAV) ayant été mis en place en 1993 et le système de la double poubelle a commencé à équiper les premiers foyers Gardannais dès 1998. Actuellement 41 PAV reçoivent le verre, 29 les papiers, journaux et cartons et 21 permettent de déposer les flaconnages plastiques.
A cela on peut encore ajouter 8 collecteurs à canettes dans les stades et gymnases, des collecteurs de piles en mairie et dans les locaux de certains services municipaux et enfin des collecteurs d’huiles de vidanges au centre technique municipal (face au gymnase Léo-Lagrange) et à la déchetterie de la Malespine.
Un réseau de PAV et collecteurs qui couvre l’ensemble de la commune afin d’encourager tout un chacun à avoir un geste respectueux pour son environnement. Concernant le tri en porte à porte chez les particuliers, 5 100 foyers sont actuellement équipés de la poubelle bleue, soit 71 % de la population de Gardanne.
Toutefois la municipalité ne souhaite
pas en rester là et compte poursuivre
ses efforts en la matière comme le précise
Bernard Bastide. « Nous avions
programmé l’équipement pour le tri
dans les logements sociaux en trois
phases. Nous allons prochainement
nous attaquer à la troisième phase, ce
qui représente quelques 800 logements.
Nous allons également continuer à renforcer
notre maillage en PAV, notamment
dans le cadre du projet de
réaménagement du Cours. Nous souhaitons
aussi mettre en place le système
du tri dans la vieille-ville où, du
reste, nous avons une forte demande.
Un projet difficile en raison des contraintes
techniques que cela pose dans des
rues étroites, mal adaptées aux aménagements
modernes et à la circulation
des véhicules de collecte.
La solution
retenue va consister à installer des PAV
à intervalles réguliers dans toute la
vieille-ville, dont beaucoup seront enterrés.
Des sacs spécifiques seront ensuite
distribués aux riverains pour aller
y déposer leurs déchets triés. Gardanne
a aujourd’hui un taux de tri sélectif
parmi les meilleurs du département. Il
ne tient qu’à nous de continuer nos efforts
pour rester dans le peloton de
tête. »
« Nous devons aussi sensibiliser les
Gardannais sur la qualité de ce qu’ils
trient » poursuivent les responsables
du service environnement. « Quand un
camion arrive dans le centre de tri qui
s’occupe des déchets triés, des contrôles
sont effectués. Si les déchets du
conteneur n’ont pas été convenablement
triés et qu’il y a trop de déchets
qui ne devraient pas s’y trouver, le
conteneur est refusé et part directement
en centre d’enfouissement. C’est
dommage de faire l’effort de trier pour
en arriver à ce résultat.
Si les gens hésitent
pour savoir si un produit doit
être jeté ou pas dans la poubelle bleue,
le mieux est qu’ils le jettent dans la
poubelle grise. Dans le doute il vaut
mieux en effet s’abstenir de jeter dans
la poubelle bleue. Mais pour que les
gens n’aient plus de doutes, le mieux
est encore de les informer régulièrement
sur le tri. C’est par exemple le
but de manifestation comme les Recyclades
qui visent à sensibiliser petits et
grands. Mais dans l’ensemble les Gardannais
ont fait des progrès sur le tri
puisque nous sommes passés d’un taux
de refus de 40 % à 20 %. Les gens se
montrent motivés sur cette question, il
nous revient donc de les informer au
mieux pour améliorer encore les choses.
»