Ligne Aix-Marseille

Train : les voyageurs se sentent bien seuls Energies 310 - Bruno Colombari

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Le comité de ligne organisé le 6 février dernier en mairie a donné lieu à une franche explication entre la SNCF, la région Paca, les élus municipaux et les usagers du train. Deux mois après la réouverture de la ligne, le service n’est pas encore à la hauteur des attentes.

Si les comités de ligne, mis en place par le Conseil régional dans le cadre de la démocratie participative, ont un intérêt, c’est bien celui-là : donner l’occasion de mettre à plat ce qui ne va pas, témoigner et tenter d’obtenir des réponses.

Du moins, quand les interlocuteurs sont là : le 6 février, dans une salle du Conseil copieusement garnie, il y avait bien la région Paca (une élue, Fleur Skrivan et le chef du service des transports publics, Pierre Lemery-Peissik), la SNCF (Olivier Monnot, directeur délégué TER, Jean-Marc Mougenot et Corrine Durand, responsable de la ligne Aix-Marseille) et Roger Meï, maire de Gardanne, mais aucun représentant de RFF, réseau ferré de France. Dommage, car c’est RFF qui est chargé des aménagements de la voie, et notamment de la fameuse passerelle et de son ascenseur qui, début février, n’était toujours pas en service...

D’entrée, Roger Meï met les choses au clair : « Je voudrais dire combien la SNCF a été en dessous de tout pendant la neige. Il n’y avait personne à la gare pendant deux jours. Nous avons dû prendre en charge des passagers. Il n’y a pas que la technique qui compte, il y a aussi le facteur humain. Vous devez avoir une attitude différente. » Ce à quoi le représentant de la SNCF, Olivier Monnot, répondait tout d’abord par une batterie de chiffres : « Jusqu’en 2006, la ligne Aix-Marseille était la moins ponctuelle de la région. Ce n’est plus le cas. Désormais, quand un train a plus d’un quart d’heure de retard, il est supprimé pour ne pas décaler les suivants. En terme de fréquentation, si on compare janvier 2009 avec janvier 2006, il y a 25% de passagers en plus, avec 37 800 montées et descentes en gare de Gardanne. Nous avons aussi insisté sur l’information en gare avec le système d’information visuel et sonore en temps réel, “Catiter” et des bornes d’appel mises en service le 5 février. Je reconnais que nous n’avons pas été bons pendant la neige, et je remercie la Ville de Gardanne.  »

On a toujours un train de retard

Concernant les travaux, si le bâtiment de la gare a réouvert le 5 février, il manque encore beaucoup de choses : les abris sur les quais pour les passagers (normalement posés avant le 13 février), un système antidérapant pour la partie haute de la passerelle et les ascenseurs. Selon Olivier Monnot, tout devrait être en place à la fin du mois. Mais que peuvent des équipements, aussi performants soient-ils, face à une pénurie criante de personnel ?

« Je suis aveugle et je me déplace souvent en train, témoigne Aurore. Avant, il y avait toujours un agent SNCF qui m’aidait à monter dans le train et qui prévenait la gare d’arrivée. Je pensais que ce serait encore le cas, mais non. J’ai donc téléphoné au service Accès Plus, on m’a répondu que la gare de Gardanne n’en bénéficiait pas. En plus, une personne aveugle n’est pas considérée comme une personne à mobilité réduite ! Pour moi, il y a une rupture de service public. Je ne demande pas à ce qu’on me paie un taxi jusqu’à Marseille, je veux juste pouvoir prendre le train. »

Un retraité de la SNCF mettait en avant ce manque de personnel en gare : « Les guichetiers sont seuls, les gares sont désertes. C’est bien beau de remettre des trains, mais il faut assurer aussi la sécurité des voyageurs. » Jean- Paul Peltier, adjoint au maire et lui aussi retraité de la SNCF, constatait pour sa part : « Les repères que j’avais ont disparu. Le jour de la neige, jamais les voyageurs n’auraient dû monter dans un train chargé de transporter des cheminots pour dégager les voies. On a vécu la gare de Simiane à l’abandon, tagguée, dégradée. Ce sera la même chose à Gardanne, si il n’y a pas de personnel. »

Jean-Luc, utilisateur du train, témoignait à son tour : « Il y a encore un problème de fréquence et de fiabilité. L’autre semaine, trois trains ont été supprimés en cinq jours, et il n’y avait pas de grève. On avait un train du début du 20 e siècle, désormais on a un train de la fin du 20 e siècle. Mais on a toujours un train de retard. »

Ce que ne contredisait pas Fleur Skrivan, conseillère régionale, qui répondait  : « Des choix politiques auraient dû être faits il y a cinquante ans. C’est un retard énorme il faudra du temps pour le rattraper. Des gros efforts ont été consentis par la Région depuis 1998. Là, c’est la crise, on parle d’investir : le transport ferroviaire devrait être une priorité. » Et l’embauche de personnel en gare ?