Logement

Roseaux de Cézanne : une opération exemplaire Energies 334 - Loïc Taniou

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La Ville est très volontaire en matière de logement. Elle favorise la construction de nouveaux ensembles ou la réhabilitation d’anciens. La récente inauguration de la résidence des Roseaux de Cézanne en est une belle illustration. Malgré tous ces efforts, le problème du logement en région reste très vif. D’autant plus que toutes les villes ne jouent pas le jeu.

Vendredi 2 avril, beaucoup de monde est rassemblé au pied de la résidence Les Roseaux de Cézanne, située entre la route Blanche et le gymnase du Pesquier, car cette dernière va être inaugurée. Il règne une certaine joie sur les visages que ce soient sur les visages des familles qui viennent d’intégrer depuis janvier dernier un appartement dans la résidence, sur ceux des responsables de la Logirem, l’organisme bailleur qui a réalisé la construction, ou encore sur ceux du maire et des élus présents.

« Jeannot Menfi, l’adjoint au logement que vous connaissez très bien a mis une belle cravate pour l’occasion, se plaît à plaisanter le maire Roger Meï. Jeannot reçoit souvent des personnes en recherche de logement et cela le touche beaucoup, car ce sont souvent des situations difficiles. Aujourd’hui, c’est donc un jour de joie car nous allons inaugurer une résidence de quatre-vingt dix sept logements dont quatre-vingts ont pu être attribués à des familles gardannaises. Nous nous sommes beaucoup battus pour que ce programme puisse sortir de terre. »

En effet, la Ville avait acquis les terrains en 1983 pour y installer un projet d’intérêt communal. C’est une résidence aux logements labellisés Habitat et environnement qui y sera réalisée par la Logirem avec l’aide de deux architectes, Ruxandra Rapuzzi et Baldassari-Sibourg et suivant une démarche de qualité environnementale et de performance énergétique.

Les volumes sont bien conçus, particulièrement spacieux et lumineux. Tout comme l’isolation des appartements réalisée par l’extérieur et qui est très performante avec double vitrage et menuiseries de qualité. Le chauffage est assuré par une chaudière centrale à bois, les espaces verts sont arrosés par une dérivation du canal de Provence et les toitures des bâtiments sont même en tuiles.

A remarquer également que quinze logements sont spécifiquement adaptés aux personnes à mobilité réduite. Des prestations de qualités comme en témoignent M. et Mme Lecourt qui résident avec leurs deux enfants depuis le début du mois de janvier, dans un appartement situé sur une aile du bâtiment B.

« Cela faisait de nombreuses années que nous voulions obtenir un nouveau logement, souligne Mme Lecourt. J’ai fait de nombreuses demandes car mon précédent appartement situé dans la vieille-ville était très vétuste avec des chambres vraiment petites, dont une sans fenêtre. Nous, les parents, dormions dans le salon. Nous étions locataires dans le privé et lorsqu’on nous a proposé de venir dans la résidence HLM Les Roseaux de Cézanne, j’ai eu un peu peur. Mais en fait, c’est très bien car on n’est pas les uns sur les autres, ce ne sont pas des tours d’immeubles où l’on est oppressés. L’appartement est grand, très lumineux et aéré. On s’y plaît beaucoup. D’un côté, on a une vue sur le grand Puech, de l’autre sur la Ste-Victoire. Enfin, le loyer n’est pas trop élevé par rapport ce que l’on payait précédemment. »

M. Dumas et Mme Carpentier qui résidaient auparavant au Monfort depuis 1998 avec leurs deux enfants, Enzo âgé de neuf ans et Manon de six ans sont visiblement très satisfaits car la petite famille vient tout juste d’intégrer un appartement dans le bâtiment A. « On apprécie beaucoup. Ce sont de beaux logements, très propres et c’est calme tiennent à préciser les parents. Le chauffage marche très bien, on chauffe peu et il y a quelques équipements sympas comme la parabole ou un porte serviette chauffant dans la salle de bain. Les petits ont chacun leur chambre et sont proches du gymnase, du skate-park et aussi de leurs grands-parents. »

Si la satisfaction est grande chez ces nouveaux résidents, elle l’est d’autant plus chez Mme Béridon qui a connu une période difficile. Elle vient d’intégrer son appartement à la mi-février et est véritablement soulagée. « Cela faisait six ans que j’attendais un appartement. Je logeais chez mes parents avec mes trois enfants. On était un peu désespérés, je commençais à ne plus y croire quand on a été prévenus par courrier que nous allions avoir un appartement et tout neuf en plus. Cela va sans dire, nous sommes très contents. Le voisinage est parfait. »

L’isolation est très performante avec double vitrage et menuiseries de qualité

Pour les responsables de la Logirem, organisme bailleur et constructeur, la réalisation de ce projet est une histoire de conception attentionnée, d’argent et bien sûr d’hommes. Comme l’a souligné son président Jean-Marc Pinet, « cette résidence répond à des prestations modernes. C’est un ensemble quasi-parfait sauf quelques difficultés de chauffage que nous allons résoudre rapidement. Côté argent, l’opération a coûté 14 millions d’euros. La Logirem a pu la financer grâce à des fonds propres et un emprunt. La Ville a participé à l’opération de manière importante en offrant le terrain, une garantie d’emprunt et une aide de 1,26 million d’euros. Un effort exceptionnel que l’on ne retrouve que dans des communes qui mettent la solidarité au coeur de leur projet et bien sûr grâce à des hommes qui la défendent. L’État (736 000 €) et la Région (36000 €) ont apporté les compléments. Nous faisons chaque année une dizaine d’inaugurations, je peux vous dire que celle-ci est la plus sympathique. »

En effet, après la cérémonie officielle et le dévoilement d’un panneau signalétique représentant Le pilon du roi un tableau peint par Cézanne qui a donné son nom à la résidence, les convives ont pu se restaurer autour de pâtisseries amenées par les familles. Une ambiance bon enfant qui témoigne aussi d’un certain soulagement car le problème du logement dans la région reste un enjeu crucial. Bien des familles sont en attente de nouveaux logements, de nombreux parents aimeraient voir leurs enfants trouver une première habitation et les situations de séparations provoquent également de vives tensions sur le parc locatif. L’accession à la propriété est de plus en plus compliquée car l’immobilier atteint des records de cherté.

Mais la première cause de cette situation délicate est surtout que de nombreux maires n’appliquent pas les obligations légales en matière de construction de logements. « A Gardanne, nous possédons un parc de 1 966 logements à loyer modéré (au 1er janvier 2009, NdlR) sur 8 500 logements répertoriés au recensement 2006. Nous respectons ainsi la loi SRU avec 23 % de logements sociaux. Pour autant nous sommes très attachés à la mixité des habitats, privés et HLM, individuels et collectifs. Les maires de nombreuses autres communes n’appliquent pas forcément le taux prévu par la loi et préfèrent payer des pénalités que de construire des logements à loyer modéré,  » déplore Roger Meï.

A chaque construction d’un groupe privé à Gardanne, 30% doivent être dédiés au social

Souvent les maires ont peur que cela ne défigurent le paysage ou n’amène sur leur commune des populations modestes. Pourtant, la qualité de ces logements s’est considérablement améliorée à l’image de celle des Roseaux de Cézanne, bien loin des barres d’immeubles des années 60-70. Les logements HLM construits par les bailleurs sociaux sont souvent même de qualité supérieure ou mieux entretenus que dans bien des logements du parc privé.

Après la réhabilitation des 410 logements des Logis Notre-Dame (Erilia) et celle des 169 logements des Côteaux de Veline (Logirem) qui sont en train d’être achevés, d’autres projets sont à venir comme celui des Jardins de l’étoile à Biver (Logirem) dont un tiers vont être conventionnés c’est-à- dire à loyer encadré. Le groupe Perottino vient de construire La Toscane avec 21 logements qui ont été livrés en février 2010 et Santa-Barbara avec 38 logements dont 22 en accession à la propriété et 16 en location (dont 10 en logements conventionnés).

De son côté, Néolia construit au quartier du Ribas le groupe Lou Ribassoun qui devrait être livré pour mai 2010. Néolia est par ailleurs en négociation avec la Ville pour la construction d’une trentaine de logements au quartier Font du Roy.

« Nous travaillons avec le coeur car souvent on gère des situations difficiles, conclut Jeannot Menfi, adjoint au logement. Mais il n’y a pas de passe-droit. Malheureusement, en dehors d’opérations exceptionnelles comme celle des Roseaux de Cézanne, la Ville ne possède que 20 % des attributions. Il existe plusieurs centaines de demandes qu’on ne pourra pas satisfaire, c’est un crève-coeur. Même si la Ville est très volontaire en matière de logement avec des offres de terrains, de garanties d’emprunt, une participation aux travaux de rénovation ou encore en exigeant qu’à chaque projet d’un groupe privé 30% de la construction soit dédiée au logement social, on ne peut pas satisfaire toutes les demandes, ce n’est pas possible. » Seule une véritable politique nationale du logement social pourra améliorer notablement cette situation.

Jeannot Menfi* : « Une année exceptionnelle mais la situation reste difficile. »

Quelle est la situation du logement social à Gardanne ?

Cette année est plutôt exceptionnelle. Nous avons bénéficié de nombreuses possibilités d’attribution mais la situation du logement reste très tendue. En effet, nous avons à ce jour 818 demandes, dont 60 % sont des Gardannais. Il est donc très difficile de répondre favorablement à tous. La rotation dans le parc locatif reste très faible, trop faible, aux alentours de 7%. Depuis 5 à 6 ans, on s’aperçoit que la situation est bloquée. Nous avons seulement une soixantaine d’attributions possibles chaque année.

La rénovation apporte-t-elle des solutions ?

Dans la vieille-ville, nous avons beaucoup travaillé à l’éradication du logement insalubre et à la rénovation de certains autres. Un large périmètre a été réaménagé entre 1999 et 2002 à travers une opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH) menée par la Semag et le service Habitat. Trente logements ont été ainsi réhabilités par Sud habitat, quinze autres par Adoma. Aujourd’hui, Néolia travaille sur trois logements dans un immeuble sur le Cours. Souvent la Ville préempte lorsque qu’une maison se vend dans le centre ancien pour la confier ensuite à un organisme HLM qui procédera à sa rénovation.

Existe-t-il des aides pour les particuliers pour la rénovation de vieux logements ?

En effet, il existe différentes possibilités d’aides grâce à l’ANAH ou le Conseil général pour les travaux de rénovation. Ces derniers peuvent être subventionnés jusqu’à 70 % en contrepartie d’une obligation de louer celui-ci avec un loyer plafonné mais garanti sur une période de 9 ans. Le service Habitat se tient à la disposition des particuliers pour bien les renseigner.

* Adjoint au logement, aux travaux et au patrimoine