Solidarité

Roms : l’État soutient enfin Gardanne Energies 396 - Bruno Colombari

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Depuis septembre dernier, la ville de Gardanne n’a cessé d’en appeler à la responsabilité de l’État dans la gestion de l’accueil des familles Roms au puits Z. Le 16 avril dernier, le Préfet de région s’est déplacé pour annoncer la prise en charge de la moitié du coût de l’accompagnement social. Le reste devrait être financé par le Département, la Région et l’Europe.

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L’accueil des Roms au Puits Z

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avril 2013 : avec les Roms au puits Z

DEPUIS QU’EN FÉVRIER DERNIER, les familles roms arrivées cet hiver sur le camp sont reparties à la demande de la Ville, le camp installé sur le carreau du puits Z a changé d’aspect. La régie de l’eau a tiré une conduite branchée sur le réseau du Canal de Provence et a aménagé dans une des alvéoles du bâtiment deux éviers alimentés en eau brute. Depuis mi-avril, la PMI (Protection maternelle et infantile) du Conseil général tient une permanence mensuelle dans l’algeco utilisé aussi par Le collectif Roms de Gardanne, présent tous les mercredis après-midi pour l’accompagnement de la vingtaine d’enfants scolarisés du camp.

Le collectif travaille chaque semaine avec les Restos du coeur (aide alimentaire) et le Secours catholique (don de vêtements) et mène également des actions ponctuelles (projection-débat au cinéma, préparation d’un stand à Arts & Festins du Monde, exposition). Le 23 avril, 27 enfants et quelques mamans ont ainsi participé à une sortie dans le parc de la médiathèque dans une ambiance très chaleureuse, les autres enfants présents au parc venant spontanément à la rencontre des petits Roms. L’aprèsmidi s’est terminé par une séance de lecture improvisée dans l’auditorium.

PLUS TÔT, UNE CONFÉRENCE DE PRESSE au puits Z (devant les caméras de France 3 et de M6, le micro de France bleu Provence ainsi que plusieurs journaux régionaux) a permis de faire le point sur la situation du camp. Une des journalistes présentes a d’ailleurs failli perdre son portefeuille. C’est Niculae qui l’a trouvé par terre et lui a rendu. Le même témoigne peu après : « A Marseille, on n’était pas dans les mêmes conditions, on était à la rue. Ici, on a l’eau, l’électricité, les enfants vont à l’école. Ici, c’est un camp, mais en Roumanie c’est encore pire. »

La scolarisation des enfants est l’un des points-clés de la démarche de la Ville : « Les enfants ont été accueillis dans les établissements scolaires de la commune comme les autres, indique Dominique Truant, inspectrice de l’Éducation nationale. Nous avons travaillé ensemble avec les services de la Ville. L’objectif est de leur faire acquérir la langue française.  » Directrice du secteur Éducation, Valérie Laurent ajoute que « tous les jours, on fait un état des enfants qui ne sont pas à l’école, pour savoir pourquoi. »

Dominique Haezebrouck, chargée de mission à Médecins du monde, précise que « nous intervenions beaucoup au début de l’installation du camp, en coordination avec la PMI. Maintenant ce n’est plus nécessaire, la population s’est stabilisée. » Éric Andreozzi, directeur de la Régie des transports, revient sur l’incident entre deux enfants (dont un Rom) il y a quelques semaines dans un bus scolaire : « Les jours qui ont suivi, j’ai été présent tous les matins dans le bus pour parler avec eux et les réconcilier. Depuis ça se passe mieux. »

Comme l’explique Yveline Primo, « Nous travaillons sur un projet d’insertion, avec un financement État/Europe. Nous ne faisons qu’appliquer la circulaire d’août 2012, on fait ce que le Préfet aurait dû mettre en oeuvre. » La Ville, qui a dépensé pour l’instant 35 000 €, a demandé une contribution financière à l’État pour un projet sur 18 mois estimé à 160 000 € (jusqu’à l’été 2014). L’État devrait assumer la moitié de la dépense comprenant la prise en charge du fonctionnement du camp et l’accompagnement social des familles, avec deux postes de salariés, un pour garder le camp, l’autre pour une assistante sociale à temps plein.

LE LENDEMAIN, le Préfet de région Hugues Parant, accompagné du sous-Préfet d’Aix Yves Lucchesi et de Marie Lajus, Préfète déléguée pour l’égalité des chances a été reçu par Roger Meï. Comme on pouvait s’y attendre, il n’est pas venu les mains vides, et a tenu à saluer la démarche de solidarité menée à Gardanne (lire ci-contre). Marie Lajus a d’abord fait un point sur le département : « On estime qu’il y a environ deux mille Roms dans les Bouches-du- Rhône, dont 60% à Marseille. La population évolue peu mais il y a beaucoup d’arrivées et de départs, notamment des allers-retours en Roumanie. Ceux qui sont stabilisés sont peu nombreux. »

Elle a ensuite évoqué la question de l’accès au travail : « Depuis la fin 2012, la liste des emplois ouverts aux ressortissants roumains et bulgares a été élargie, et donne théoriquement des possibilités d’embauche, notamment dans la mécanique. Il y a aussi des métiers en manque de personnes employables, mais ce sont dans des secteurs très qualifiés. Au 1er janvier 2014, tous les métiers seront ouverts. »

Quant à la scolarisation des enfants, « c’est la clé de l’intégration, c’est un droit et même un devoir. L’Éducation nationale s’est engagée avec des dispositifs d’accueil adaptés et des outils spécifiques. En lien avec les associations et le secteur social, l’État met en commun les compétences dans un comité de suivi qui se réunit chaque mois. On fait des démarches d’intégration pour l’emploi, l’école et les titres de séjour avec les communes qui s’engagent dans la mise à disposition d’un terrain et d’un accompagnement social. L’État débloquera 50% du financement de cet accompagnement. »

La Ville demandera au Conseil général, au Conseil régional et au Fonds social européen de participer également. Avec de bonnes chances de succès, maintenant que l’État a enfin mis la main à la poche.

Hugues Parant* : « Je rends hommage aux efforts fournis »

Allez-vous annoncer une aide de l’État ?
Je viens tout d’abord saluer la démarche d’un maire qui a voulu gérer les problèmes. Je rends hommage aux efforts fournis. Pour y parvenir, il faut trois éléments : un lieu, une équipe et des règles. L’État aidera financièrement la Ville pour l’accompagnement de cet effort.

Est-il possible de demander aux autres communes du département d’en faire de même ?
J’adresse un message aux autres maires : s’ils font un effort dans cette direction, l’État les soutiendra. Je leur ai écrit en ce sens, je peux leur donner des conseils, mais pas aller au-delà de mon rôle. C’est le principe de la libre administration des communes. Il faut aussi faire attention à rester équilibré par rapport aux autres populations en difficultés.

* Préfet de la Région Paca


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