Rio Tinto

Rio Tinto réduit encore la voilure Energies 326 - Stéphane Conty

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Pour Rio Tinto/Alcan la cause est entendue. Le redressement de la compétitivité de certaines de ses activités en France passe par une réduction de 20% de la masse salariale. C’est un total de 321 postes qui sont menacés, dont 59 pour l’établissement de Gardanne... malgré plusieurs milliards de dollars de bénéfices.

C’est dans un contexte de crise économique ayant entraîné une forte baisse de la demande mondiale en alumines de spécialité et aluminium de première fusion, et par suite une chute des prix, qu’intervient cette décision de l’anglo-australien Rio Tinto. Une crise très relative pour le groupe qui a quand même déclaré un chiffre d’affaire 2008 de 58 milliards de $ avec + 10,3 milliards de résultats et une prévision 2009 de + 4,5 milliards de $ ! Pour l’heure, la direction de Rio Tinto Alcan a donc décidé de réorganiser sa filiale d’alumine de spécialité et d’aluminium primaire en France dans une logique purement comptable et de profit à court terme, souhaitant réduire de 20 % la masse salariale.

C’est un peu mettre la charrue avant les boeufs comme le soulignent les organisations syndicales pour le site de Gardanne : « La direction veut d’ores et déjà réduire les effectifs alors que la réflexion sur la stratégie économique de l’entreprise n’est pas finalisée. » Dans un premier temps il est proposé que les suppressions de postes se fassent dans le cadre d’un dispositif de départs volontaires. A Gardanne, avec une moyenne d’âge sur le site de 44 ans et près de 25 % de l’effectif âgé de plus de 55 ans, sur le papier la solution est effectivement envisageable.

Mais la réalité risque cependant d’être plus nuancée, car « le plan prévoit de supprimer 59 postes et une partie de ces postes ne concerne pas les 55-60 ans. Donc il y aura des salariés plus jeunes qui seront touchés, » précisent les organisations syndicales. Parmi les services concernés par ces suppressions de postes (18 % pour les services centraux d’Alumine de Spécialité, 23 % pour pôle technologique), la production est plus faiblement impactée (-8%) car les effectifs sont déjà sur le fil du rasoir. Il y a de plus en plus de tâches qui sont externalisées, ce qui accroît les risques d’accidents par une perte de compétences sur le site.

Cela se ressent aussi dans la production qui, depuis le début de l’année, a fortement baissé en réponse à la baisse des ventes. L’usine, ayant un contrat de cogénération à respecter, est obligée de consommer cent tonnes de vapeur par mois durant quatre mois. De ce fait une “reprise ponctuelle en fabrication est prévue” en limitant une nouvelle réorganisation du travail qui pénalisera les conditions de travail des salariés. Concernant les solutions de retraitement des résidus de bauxite, elles arriveront à terme respectivement en 2015 et 2022. Or si des débouchés suffisants ne sont pas trouvés pour la commercialisation de ces résidus de bauxite appelés "Bauxaline", la question de leur stockage pourrait mettre en péril la pérennité même du site.

D’ici là, en principe seront proposées le 9 décembre par la direction les modalités pour les départs volontaires et la suite du Plan Sauvegarde de l’Emploi. Affaire à suivre.