CMP - élèves ingénieurs

Première promotion stéphanoise à Gardanne Bruno Colombari

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Douze élèves ingénieurs civils des mines vont poursuivre à Saint-Pierre leur formation entamée à Saint-Étienne. Pour le Centre microélectronique de Provence, c’est la concrétisation d’un projet démarré il y a cinq ans, alors que les travaux de construction à Château-Laurin débuteront cet été.

Rarement, on s’en doute, des élèves arrivant dans un nouvel établissement ont fait l’objet d’autant d’attention. Venus tout droit de Saint-Étienne où ils ont étudié pendant dix-huit mois, ces douze futurs ingénieurs ont découvert Gardanne le 24 janvier dernier. Bien sûr, ce ne sont pas les premiers arrivés au Centre microélectronique de Provence, loin de là. Depuis son installation au Centre Saint-Pierre qui surplombe Biver, le CMP a mis les bouchées doubles et abrite cette année 275 élèves ingénieurs (dont la moitié en formation professionnelle) et 22 doctorants (dont 17 financés par les industries) encadrés par 40 permanents (28 enseignants chercheurs et le personnel administratif). Mais ces douze-là sont les premiers à venir de Saint-Étienne, les premiers à faire véritablement la jonction entre l’École nationale supérieure des Mines et le nouveau centre.
« Quand j’étais en classe prépa, j’ai fait un peu d’électronique, j’ai trouvé ça intéressant, c’est un domaine très diversifié, » explique Sébastien Boudard. Romain Riffart, lui, ne s’inquiète pas pour son avenir : « On a beaucoup de propositions pour les stages de deuxième et troisième année. De toute façon, ce sont les entreprises qui ont demandé la création d’un tel centre pour qu’y soient formés des ingénieurs. C’est un secteur où les débouchés sont certains. » Même si, comme le nuance Sébastien, « c’est difficile de parler de métiers, c’est très varié. On va visiter trois entreprises, Atmel, ST Microelectronics et Gemplus. Ça nous donnera l’occasion de parler avec les professionnels. » Sébastien Di Maio, lui, vient de Strasbourg. « C’est vrai qu’on est un peu pionnier dans cette formation, mais j’ai confiance dans la stratégie de l’École qui vise un bon niveau de formation et qui s’en donne les moyens. »

Et puis, comme pour marquer sa volonté d’exister à l’échelle internationale (un partenariat est en cours avec Shangaï), le CMP accueille deux élèves ingénieurs chinois. Sun a été formée à l’université de Nankin (où elle a appris le français) et se trouve en France depuis deux ans. « Je vais travailler quelques années en Europe avant de retourner en Chine, sans doute dans une entreprise qui a des filiales européennes. Je suis curieuse de découvrir le Sud. L’Europe est plus intéressante que les États-Unis, l’ambiance n’est pas bonne là-bas. La France a beaucoup d’idées, beaucoup d’esprit libre. » Même si ici, la vie est plutôt chère : « Mes parents m’ont aidée pour poursuivre mes études. Et l’École m’a attribué une bourse. » Reste la question du logement. En attendant la construction du bâtiment d’hébergement des élèves, les trois quarts d’entre eux sont hébergés aux Balcons de la Duranne, une résidence aux Milles. « On va se partager les trajets en voiture, il y en a une pour deux, » explique Sébastien. Les autres sont logés sur Aix, notamment au CROUS. « Je viendrai en train, précise Sun, et le reste à pied, jusqu’à ce que je m’achète un vélo, parce que je n’ai pas de permis de conduire. »

L’attente des industriels, les espoirs de la ville

Ces ingénieurs civils des mines (ICM) seront formés sur un profil généraliste pour la branche microélectronique et travailleront dans l’industrie, la recherche et le développement. « C’est un projet très ambitieux pour une École des mines, que ce soit par les financements, les acteurs impliqués ou la participation des collectivités locales, reconnaît Michel Cournil, directeur adjoint de l’École des Mines de Saint-Étienne en s’adressant aux élèves. Vous vous engagez dans quelque chose de nouveau pour vous, mais aussi pour nous. » Bernard Pruniaux, directeur général d’Atmel et partenaire du CMP, donnait quant à lui un conseil en forme de tiroir-caisse : « vos produits doivent se vendre, il ne faut surtout pas négliger l’aspect financier. » Et de préciser que « la microélectronique dans le monde, c’est 230 milliards de dollars de chiffre d’affaires, plus que l’industrie automobile, c’est aussi un secteur en croissance de 15 % par an, avec il est vrai de fortes variations. » Dont les salariés les moins qualifiés font régulièrement les frais, d’ailleurs.

Enfin, Roger Meï rappelait « qu’ici, on formait des mineurs pour ce métier dont ils étaient fiers. C’est un symbole que l’École des mines s’installe ici. Nous avons la culture du travail et nous attachons beaucoup d’importance à la présence des entreprises. Nous allons d’ailleurs accueillir des entreprises émergentes sur le carreau du puits Y dans un avenir proche. » Ajoutant que Gardanne souffrait comme le reste de la région d’une pénurie de logements, le maire soulignait que « les structures de la ville vous sont ouvertes. Vous verrez qu’elles sont abordables pour des étudiants. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour vous accueillir et nous attendons des retombées positives. Cette ville est maintenant la vôtre ! »

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Début des travaux cet été

Initialement prévus à partir d’octobre dernier, les travaux de construction des bâtiments à Château-Laurin ont été repoussés de quelques mois. « Le premier appel d’offres était supérieur aux estimations, explique Nicolas Sennequier, directeur adjoint du CMP. Nous avons donc relancé une consultation pour le mois de février. De plus, la durée des travaux a été allongée pour permettre à plus d’entreprises de travailler en même temps. » Du coup, la pose de la première pierre devrait avoir lieu en juin prochain. La Halle système, le grand bâtiment qui abritera les salles blanches, devrait être le premier livré au deuxième trimestre 2006. Et un des trois bâtiments d’hébergement des élèves sera terminé en août 2006. Le reste ne sera prêt qu’en 2007, et c’est en septembre de cette année-là que le CMP prendra possession de ses nouveaux locaux. Les collectivités locales (Ville de Gardanne, Communauté du Pays d’Aix, Conseil général et Conseil régional) auront contribué à hauteur de 29 millions d’euros sur les 46 millions de la première tranche.