Jeunesse

Paroles d’ados Energies 315 - Bruno Colombari

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Plus de 150 élèves des lycées Fourcade et de l’Étoile ont assisté, jeudi 2 avril, au “Forum adolescences” organisé à la Maison du Peuple par la Fondation Wyeth, animé par Marcel Rufo.

Quand la parole se libère, on ne sait jamais à l’avance quels chemins elle va emprunter. Ainsi, lors du Forum adolescences organisé en région Paca par la Fondation Wyeth et l’Éducation nationale, le thème choisi : Réussir  : quels défis pour les adolescents ? a très vite été débordé par d’autres questions comme l’image de soi ou les adolescentes enceintes à 15 ans.

Il faut dire que c’est Marcel Rufo, psychopédiatre médiatique et extrêmement bavard, qui était chargé d’animer les débats, et qu’on l’a beaucoup entendu : « Avant, il y avait beaucoup d’ados qui allaient mal, mais on n’en parlait pas. Aujourd’hui, on estime que 10 % d’entre eux sont en difficultés, et on en parle beaucoup. D’autre part, avant les parents voulaient que leurs enfants deviennent comme eux. Maintenant, ils attendent que leurs enfants fassent mieux. »

Le recteur de l’Académie d’Aix-Marseille, Jean-Paul de Gaudemar, avançait pour sa part « qu’une école qui ne se préoccupe pas de l’égalité des chances ne fait pas son boulot, » ce qui, dans le contexte actuel, est pour le moins audacieux.

On a beaucoup parlé de l’égalité, du milieu social

Mais l’intérêt du forum, c’est de donner la parole aux lycéens, lesquels avaient préparé, par des échanges en petits groupes, leur intervention. Ainsi, Guillaume en première au Lycée professionnel de l’Étoile, explique  : « Il y a beaucoup de contradictions dans le mot réussite. Pour certains, réussir c’est gagner sa vie, pour d’autres c’est d’être en bonne santé morale ou physique, pour d’autres c’est la citoyenneté. On a beaucoup parlé de l’égalité, du milieu social. »

Pour Benoît, en seconde au lycée Fourcade, « Depuis qu’on est tout petit, on se lance des défis. Mais tout avoir d’un coup, ce n’est pas bon, il faut se donner du mal. » Guillaume Bronsard, directeur de la Maison départementale des adolescents, ajoute à propos des parents : « Il y a un double paradoxe entre eux et leurs enfants : ils veulent à la fois les laisser partir et les retenir près d’eux. »

Agnès, en première à Fourcade, met pour sa part en avant l’importance des parents : « On doit pouvoir se sentir bien avec eux, pouvoir parler, être à l’aise. Les miens sont séparés, j’en ai beaucoup souffert. » Les parents, mais les enseignants aussi : « L’école change, les élèves demandent plus d’affinité avec les profs, » ajoute Benoît.

Marcel Rufo demande alors des témoignages sur des enseignants dont les élèves gardent un bon souvenir. Et, surprise, il y en a beaucoup, avec parfois de l’émotion dans la voix, Céline parle d’une prof de français en 4 e, Maëlle d’une maîtresse de CE1 qu’elle voit encore, Benoît d’une stagiaire qui avait passé deux heures en permanence avec lui pour lui faire refaire un contrôle raté... Tous ces enseignants ont redonné confiance aux enfants, et ils n’ont pas oublié.

Le 13 mai prochain, un Forum national rassemblera à Paris les contributions des dix académies ayant participé, dont celle d’Aix- Marseille.