Tri sélectif

Où va votre poubelle bleue ? Bruno Colombari

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La boîte de petits pois, la bouteille de lait ou le prospectus que vous jetez dans la poubelle bleue échappent grâce à vous à la mise en décharge. Commence pour eux un long voyage avant que leur route ne se sépare au centre de tri d’Aubagne.

L’endroit a des allures de plateau de tournage des Temps modernes, version Écoemballages : un réseau de tapis roulants qui montent, descendent, disparaissent, ressortent, se croisent, se dédoublent. A une extrémité de la chaîne, une colline informe de papiers, journaux, cannettes, bouteilles en plastique. A l’autre bout, des cubes compressés comme des bottes de paille, empilées le long d’un mur.
Entre les deux, pas de Charlie Chaplin avec sa grosse clé et sa burette d’huile, mais une dizaine de trieurs, chacun affecté à un type de produit à recycler (journaux, cartons, boîtes alus, plastiques clairs, plastiques foncés). Pour ne pas trop souffrir du bruit et de la température (le hangar est chaud en été et froid en hiver), les trieurs sont installés dans une grande cabine vitrée, insonorisée et climatisée.

Nous sommes au centre de tri des déchets ménagers d’Aubagne, installé dans la zone industrielle Saint-Mitre. Chaque année y sont traités 10 000 tonnes de déchets recyclables. Un volume qui ne pourra faire qu’augmenter dans les années à venir, compte-tenu notamment du retard pris par la ville de Marseille, un des clients du centre de tri avec les communautés d’agglomération d’Aix et d’Aubagne.
C’est là qu’arrivent, trois fois par semaine, des camions de Gardanne venus de la zone Avon. A l’intérieur de ces camions, on retrouve tout ce que vous avez trié et placé dans la poubelle bleue : papiers, journaux, magazines, cartons d’emballage, boîtes de conserve, bouteilles et flacons en plastique. Le verre, qui n’est collecté que dans les conteneurs verts placés dans les points d’apport volontaire (PAV), est traité ailleurs, en Arles.

« Quand ils arrivent, les camions sont pesés à plein, puis à vide, la différence représentant la quantité de produits que nous allons traiter, explique Rémi Eléon, responsable d’exploitation de la société Bronzo. Pour déterminer la quantité de produits refusés venant de Gardanne, on isole une tonne, on la trie séparément. Le poids de produits refusés nous indique une proportion que l’on applique au total de produits traités venant de Gardanne. Ce qui est refusé est renvoyé à la Malespine. »
Actuellement, le taux de refus est d’environ 25 %, un résultat très correct (il était de 40 % il y a quelques années). Parmi les clients du centre de tri d’Aubagne (la plupart des communes de l’aire Aix-Marseille), seule la ville d’Aix fait mieux, mais là-bas, il n’y a pas de tri sélectif au porte à porte, comme à Gardanne. Ce qui, évidemment, diminue les risques d’erreur...

De moins en moins de refus
Le service environnement fait régulièrement des visites inopinées, afin de s’assurer de la qualité du tri. Tani-Kamel Berrouba, ambassadeur du tri à Gardanne, contrôle ainsi les deux extrémités de la chaîne : avant le passage des camions dans les quartiers, il vérifie le contenu des poubelles bleues. S’il y voit des choses n’ayant rien à y faire (sacs d’ordures ménagères, verre, végétaux, gravats, bidons d’huile) il signale que le conteneur ne doit pas être pris, note l’adresse et rencontre la personne. « Généralement, ça se passe bien, remarque Tani-Kamel. Même si selon les cas, il faut y retourner plusieurs fois... »

Les Gardannais ont tout de même fait des progrès importants. Si on compte par kilo de matériau recyclé par habitant et par an, on est passé de 48 kg en 1999 à 84 kg en 2004, soit une augmentation de 85 % en cinq ans ! Dans le lot, les végétaux se taillent une part importante (28 kg) juste derrière le papier (30kg). Au total, c’est plus de 1600 tonnes qui ne seront pas parties en décharge. Même si les ordures ménagères représentent encore 8 600 tonnes, c’est un résultat encourageant.
« Nous en sommes à 3 500 habitations individuelles disposant de la double poubelle, explique Bernard Bastide, adjoint au maire chargé de l’environnement. A cela, il faut ajouter 1 600 foyers en logement collectif. Il reste encore 800 logements dont l’équipement est actuellement à l’étude, et la question du centre-ville. Une commission y travaille, dans le cadre du projet de réaménagement du Cours. »
La collecte auprès des commerçants se met en place, pour les cartons et le polystyrène, que la société Isomat récupère en partie. Les grandes surfaces, elles, sont astreintes par la loi à gérer l’élimination et la valorisation de leurs déchets.
« Nous collectons aussi auprès des services municipaux, ajoute Stéphanie Olivero, responsable du service environnement. Le papier, mais aussi les cartouches d’encre, le matériel informatique, ou les huiles végétales dans les cantines. Depuis quelques temps, nous installons des conteneurs temporaires sur les animations dans la ville comme Arts & Festins du monde ou Musiques à Gardanne. »

N’hésitez surtout pas à vous en servir !

A vous de trier
A Gardanne, presque tout ce que vous jetez peut être trié, en dehors des déchets alimentaires. Si vous disposez d’une poubelle bleue en individuel ou en collectif, vous y déposez vos papiers, journaux, cartons, bouteilles en plastiques et boîtes de conserve. Le verre doit être jeté dans un conteneur vert (il y en a 35 dans la commune). Les piles sont également collectées, ainsi que les bouchons et les textiles. Pour les huiles usagées, les pneus et les batteries à la déchetterie de la Malespine, de même que les gravats et les encombrants (ces derniers peuvent être enlevés sur rendez-vous, tel 0800 420 420). Enfin, les déchets verts sont collectés de deux manières : par sacs chaque semaine (herbes et feuilles uniquement) ou sur rendez-vous pour les plus gros volumes (branches...) Tél. 04 42 51 79 67.