Pompiers - départementalisation

Où en est la réorganisation des services de secours ? Geoffrey Dirat

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La canicule a rendu l’été particulièrement mouvementé pour les pompiers de la région. Même si Gardanne n’a pas été très touchée par les incendies, son centre de secours a été fortement mis à contribution. L’occasion de dresser un premier bilan de la départementalisation des services d’incendie et de secours effective depuis mai 2000.

1963 départs de feux, 288 incendies de forêt, 2 167 hectares de pinède partis en fumée. La saison estivale 2003 a été particulièrement dense pour les 4550 sapeurs-pompiers du département. « C’est l’été le plus actif depuis une dizaine d’années » reconnaît le Capitaine Dy, chef du Centre de secours de Gardanne. Du 15 juin au 15 septembre, le niveau d’alerte était maximal : quatre jours ont été classés risque exceptionnel et cinquante et un risques très sévères. Sur le territoire de Gardanne, seulement deux départs de feux aux abords de la Route Blanche ont contraint les pompiers à intervenir. Mais, les hommes de la caserne de Fontvenelle ont surtout été sollicités sur les incendies des Bouches-du-Rhône, comme sur ceux hors département (massif des Maures, La Garde-Frénet...). Pour les journées à risque, une quinzaine d’hommes et deux à trois camions citerne étaient en permanence mobilisés pour la lutte contre les incendies. En cas d’aggravation, d’autres sapeurs pouvaient être appelés en renfort. Dans le même temps, une douzaine de pompiers étaient affectés à la garde classique pour les secours à personnes. « On fonctionne en flux tendus, il faut constamment reconstituer les groupes sur la caserne et essayer de planifier les présences » explique Christophe Dy. Une gestion des ressources humaines pourtant moins délicate à organiser qu’il y a quelques années. « Depuis trois ans, nous avons reçu le renfort de quinze sapeurs-pompiers professionnels, » souligne le chef du centre de secours, « sans eux, la situation aurait pu devenir ingérable. »

Davantage de moyens

Ce surcroît d’effectifs découle des engagements pris par le Conseil général lors de la mise en place de la départementalisation. Depuis 1999, 380 pompiers professionnels ont été embauchés dans les 68 casernes du département, et d’ici à 2007, 80 nouvelles recrues viendront grossir les rangs du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS). « L’augmentation du nombre d’hommes était impossible lorsque les secours étaient encore gérés par les communes » remarque le Lieutenant-colonel Barth, responsable de l’administration générale du SDIS. « L’embauche d’un pompier coûte 40 000 euros par an, une charge que peu de villes pouvaient assumer. » En plus, et c’est légitime, le recrutement se faisait en fonction des seuls besoins de la zone couverte par la caserne et, bien entendu, en fonction des ressources disponibles. « La meilleure distribution des effectifs est un des effets bénéfiques de la réorganisation admet le Capitaine Dy, elle évite les zones sans secours et permet une meilleure couverture. » « La départementalisation permet une gestion plus dynamique et plus rationnelle sur l’ensemble du département » reconnaît le Commandant Khalfi, responsable de la cellule qui a piloté la transition. De fait, depuis mai 2000, le SDIS est l’unique gestionnaire des moyens humains, matériels (des engins aux bâtiments) et financiers des services de secours et d’incendie dans le département, hormis bien sûr le bataillon des marins-pompiers de Marseille. Si aujourd’hui les secours sont exclusivement gérés par le SDIS, il n’en demeure pas moins que les maires sont toujours légalement les garants de la sécurité de leurs concitoyens. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la Mairie » précise le chef du Centre de Secours de Gardanne. « La seule différence réside dans la transmission de l’alerte » ajoute-t-il. « En terme fonctionnel, il n’y a pas eu de changement, confirme Michel Galle, directeur général des services de la mairie. Le maire continue à être sollicité par les pompiers, et les décisions sont toujours collégiales. »

Une collaboration de tous les instants

La Mairie voit donc plutôt d’un bon œil cette départementalisation. « Les engagement qu’avait pris le Conseil général ont été respectés, » constate Michel Galle. A terme, seize hommes seront quotidiennement affectés à la garde, il n’était que sept avant 2000. « Les moyens tant humains que matériels ont été renforcés, souligne le directeur général des services. Ce sont des investissements que nous n’aurions pas pu réaliser. » D’autant plus que Gardanne était, et est encore, le plus important bailleur de fonds du centre de secours. En 2003, la ville a participé à hauteur de 1 280 000 e au financement de la caserne. Une somme qui représente 56 % des contributions des cinq communes de la zone que couvre la caserne, alors que moins de 40 % des interventions ont lieu sur le territoire communal. A titre de comparaison, la ville verse l’équivalent de 65 euros par habitant. Les subventions des autres communes - Meyreuil, Simiane, Bouc-bel-Air et Cabriès-Calas - oscillent, elles, entre 24 et 44 euros (voir tableau).

Le décalage devrait néanmoins s’atténuer. « Nous avons lancé une démarche sur dix ans pour lisser progressivement les contributions de chaque commune » observe le Lieutenant-colonel Barth. « La charge de Gardanne ne va pourtant pas diminuer fortement, nous ajustons les contributions des autres communes en les nivelant à la hausse. » A raison de 25 à 40 % d’augmentations par an, la situation devrait se stabiliser d’ici à la fin de la décennie. « Sur le principe, tout le monde est d’accord pour partager les coûts, commente Michel Galle, mais c’est moins évident quand il s’agit de mettre la main à la poche, la départementalisation devrait garantir le retour à l’équilibre. »

Le concours de la municipalité ne se réduit pas à cette seule contribution. « La Mairie continue à investir beaucoup dans le centre de secours » admet le Capitaine Dy. La nouvelle caserne, dont la livraison est prévue pour 2007, sera certes financée par le Conseil général, mais la ville y participera en fournissant le terrain. Le site actuel de la caserne ayant été choisi pour l’implantation de nouveaux bâtiments plus vastes, il nécessite la libération de l’espace aujourd’hui occupé par les quatre terrains de tennis. « Nous sommes en train de chercher un lieu où les reconstruire » précise Michel Galle. Une reconstruction à la charge de la mairie qui n’entre pas dans la contribution fixée par le SDIS. « Notre conception consiste à aider au meilleur fonctionnement du service public des secours pour le bénéfice de la population » poursuit-il. Pendant les périodes à risque, les pompiers volontaires employés par la Mairie sont ainsi libérés de leurs fonctions. Plus ponctuellement, la ville apporte aussi un soutien logistique : au mois d’août le gymnase de Fontvenelle a accueilli les quarante pompiers du Loir-et-Cher venus prêter main forte sur les incendies. Cette coopération se perçoit encore au quotidien. Lors de l’incendie de l’usine Isomat (voir p. 6), la ville a mis à disposition du Capitaine Dy un tractopelle pour faciliter le travail des sapeurs et, à 4h30 du matin, la cuisine municipale leur a amené un réconfort culinaire. « Nous avons toujours eu des relations intelligentes avec le centre de secours et les capitaines qui s’y sont succédés souligne Michel Galle, et nous continuerons à collaborer pour appuyer le travail des pompiers. »

le SDIS en chiffres

130 millions d’euros de budget de fonctionnement en 2003 ; 1 050 sapeurs-pompiers professionnels ; 3 500. sapeurs-pompiers volontaires ; 68 centres de secours répartis en 5 zones ; 120 000 interventions en 2002 ; 700 appels réceptionnés par jour ; 1 200 véhicules de secours et de lutte contre les incendies.