Assises de la solidarité

Notre système de santé est-il malade ? Stéphane Conty

Publié le

En novembre 2004 la commune avait organisé ses premières Assises de la solidarité sur le thème du logement. Le 9 décembre dernier, c’est la problématique de la santé qui était abordée. Un sujet au coeur de l’actualité qui connaît en ce moment une forte remise en question du principe d’égalité dans l’accès aux soins pour tous.

C’est à la Médiathèque, lieu symbole d’un accès à la culture pour tous les citoyens, que se déroulent ces deuxièmes assises de la solidarité. Représentants du milieu médical, mutualiste, associatif, ainsi qu’élus et simples citoyens sont présents pour échanger sur le système de soins en France, mais aussi sur le cas de Gardanne.

Pour René Giorgetti, président de la commission solidarité-santé du Conseil régional, de nombreuses questions se posent : « Où va-t-on avec notre système de santé ? Que devient notre hôpital  ? Aujourd’hui tout le monde profite de l’allongement de la durée de vie, ce qui entraîne une augmentation de la demande de soins. Quelles réponses pouvons-nous apporter, notre système de soins issu de l’après-guerre est-il toujours d’actualité ? »

Michel Amiel, élu délégué à la santé au Conseil général apporte un début de réponse et une piste de réflexion. « La médecine en France favorise le curatif et non le préventif. Il faut savoir qu’en Europe nous sommes en queue de peloton avec le Portugal en matière de mortalité précoce (avant 65 ans NdlR). Ceci est dû à une politique de prévention et de dépistage insuffisante. Il s’agit là d’un enjeu majeur pour l’avenir. »

Autre question qui fait débat lors de cette table ronde, l’accès à la santé pour tous. Instaurée en 2000 pour permettre même aux plus démunis de se soigner, la Couverture Maladie Universelle concerne aujourd’hui 4 700 000 personnes en France. Or une enquête nationale de Médecins du monde menée en 2005 révèle que 4 médecins sur 10 refusent de traiter les titulaires de la CMU. 41% des spécialistes contactés et 4,1% des généralistes auraient ainsi refusé de les recevoir, avec une très forte proportion chez les médecins non conventionnés.

Un scandale abordé par Nicole Allais, présidente du grand conseil de la mutualité qui ajoute « qu’une autre enquête révèle que les jeunes sont en mauvaise santé et que 15 % d’entre eux renoncent aux soins dentaires faute de moyens. Dans les Bouchesdu- Rhône il y a 50 centres mutualistes qui accueillent chaque année 20 % de la population du département, adhérents ou non. A Gardanne c’est environ 50% de la population qui est passée par le centre mutualiste François- Billoux. Les centres mutualistes sont des acteurs importants dans le maillage du réseau de santé du département mais ne sont financés que par les mutualistes sans aucune subvention de l’État. Du fait de ce manque de moyens, la survie même de ces centres est menacée.  »

Un aspect financier incontournable tout au long des débats, à propos duquel Roger Meï souligne « c’est le résultat d’une transposition de la politique européenne qui encourage la mise en concurrence des mutuelles avec les assurances privées. La santé est devenue un marché qui exclut ceux qui n’ont pas les moyens de payer. Chaque année en France le PIB augmente de 2%. L’argent existe mais n’est pas consacré à ce qu’il devrait, à savoir une économie au service des hommes. »

Des débats riches d’idées sur un sujet trop absent du débat politique et qui pourtant devrait être l’un des enjeux des prochaines échéances électorales.