Médiathèque

Nelson Mandela : “celui qui agitait les consciences*” Energies 317 - Loïc Taniou

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La Médiathèque a pris le nom d’un grand homme, celui de Nelson Mandela lors d’une cérémonie qui s’est déroulée en présence de l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Madame Konji Sebati. En préambule de cet événement, une semaine d’animations culturelles a été consacrée à l’Afrique du Sud et a rendu hommage à Nelson Mandela.

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16 mai 2009 : la Médiathèque Nelson Mandela

Le samedi 16 mai, la Médiathèque de Gardanne a été baptisée du nom de Nelson Mandela, ancien président d’Afrique du Sud et grand personnage de l’humanité. Un baptême célébré en musique dans le parc attenant au bâtiment culturel où près de cent-vingt enfants de l’école Mistral habillés aux couleurs du drapeau de la nation arc-en- ciel ont pris place sur une estrade pour chanter La liberté demandez-la de Michel Fugain et Le lion est mort ce soir, morceau traditionnel d’Afrique du Sud rendu populaire par Henri Salvador.

L’hymne national d’Afrique du Sud a même été joué avec entrain devant près de deux cents personnes, dont le maire, les élus et Madame l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Konji Sebati.

Puis, tout le monde s’est rassemblé devant la Médiathèque pour dévoiler un portrait géant et coloré de Nelson Mandela, réalisé par les enfants des centres de loisirs en collaboration avec l’école d’Arts plastiques. Roger Meï a remercié chaleureusement Madame l’Ambassadeur pour sa présence avant de rappeler que « pour la ville de Gardanne, c’est quelque part naturel de baptiser ce lieu de culture du nom de Nelson Mandela. Un homme qui a su combattre toutes les discriminations et qui a conduit son pays vers la paix par une réconciliation comme il n’y en a jamais eu auparavant dans le monde. »

Madame l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Konji Sebati, visiblement émue a rendu hommage à Gardanne « cette petite ville de France, à tant de kilomètres de l’Afrique du Sud, qui a su porter haut le drapeau d’Afrique du Sud dans le combat contre l’apartheid, en accueillant en 1986 Dulcie September peu de temps avant qu’elle ne soit assassinée. Merci à tous et particulièrement aux jeunes enfants qui ont interprété la partie de l’hymne national que je préfère. Je vous remercie au nom de la famille et de la fondation Nelson-Mandela d’avoir donné son nom à votre Médiathèque. A chaque fois que vous franchirez le seuil de celle-ci, j’espère que vous aurez une petite pensée pour l’Afrique du Sud et que vous vous souviendrez du combat de Nelson Mandela, de l’histoire d’une longue lutte et d’un chemin vers la liberté. »

Nelson Mandela a su combattre toutes les discriminations

Au delà des lettres “Nelson Mandela” qui ornent désormais le fronton de l’édifice culturel, c’est l’esprit d’ouverture et le combat de Nelson Mandela contre les inégalités auxquels Mustapha El Miri, adjoint à la culture a rendu hommage : « Nelson Mandela est un personnage dont le combat a marqué l’humanité entière. Il a changé le monde. Sans lui, il n’y aurait pas d’Obama, ni de reconnaissance de la diversité. Il est devenu président de l’Afrique du Sud, a su procéder à la réconciliation de son pays malgré les souffrances. Il a fait preuve d’un esprit d’ouverture et de liberté loin de tous les dogmes. Son esprit d’ouverture doit continuer d’inspirer le travail culturel et de transmission des savoirs de la Médiathèque. »

Peu après le baptême officiel, le maire, l’élu à la culture et l’ambassadrice se sont rendus à pied sur la place Dulcie-September pour déposer une gerbe à la mémoire de cette combattante de l’ANC. Enfin, l’association philatélique de Gardanne a créé un cachet d’oblitération temporaire et édité une carte souvenir pour commémorer l’événement.

* Le premier prénom de Mandela est Rolihlahla, ce qui signifie “secouer les arbres” ou encore “agitateur de consciences.”

Konji Sebati* : « Nous sommes une jeune démocratie »

Comment voyez-vous l’évolution des problèmes économiques, sociaux et éducatifs en Afrique du Sud ?

Nous sommes une toute jeune démocratie, âgée de seulement 15 ans. Notre nation fait face à de nombreuses difficultés et il y a un grand retard à rattraper. Cependant, nous avons construit depuis 1994, plus de 4 millions de logements et d’autres sont à venir mais cela prendra du temps pour loger décemment toute la population. L’éducation joue un rôle majeur dans notre développement. L’école est gratuite mais sans obligation d’y aller. Ainsi, 30 % de la population reste frappée d’illettrisme. Malgré tout, la qualité de vie évolue -nous bénéficions d’un taux de croissance de 4%- mais cela profite surtout à la classe moyenne, en nette augmentation.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’était l’apartheid ?

J’ai connu l’apartheid quand j’étais enfant. Avec l’apartheid, on mène une vie séparée que ce soit à l’école ou dans la vie de tous les jours. Enfant, quand on est né dans ce système là, on ne sait pas qu’il existe d’autres manières de vivre. Vous avez du mal à comprendre la situation. Vous ne pouvez pas aller dans certains magasins ou sortir dans tel restaurant, les couvre-feux font partie de votre quotidien... la ségrégation raciale est enseignée et appliquée partout, dans les trains jusqu’aux toilettes. Ce n’est qu’en grandissant au lycée et à l’université, que vous ressentez une colère sourde et que vient la prise de conscience.

* Madame l’Ambassadeur de l’Afrique du Sud pour la France