Une saignée sans précédent : selon le Snes-FSU, 30000 postes d’enseignants ont disparu depuis 2003, et 80 000 devraient être supprimés dans les quatre ans à venir. Dans le secondaire (collèges et lycées), 8 800 disparaîtront dès septembre.
Conséquence, la dotation globale horaire (DGH) est en baisse dans le secondaire et comprendra plus d’heures supplémentaires. Une heure supplémentaire coûte 2,3 fois moins cher à l’État qu’une heure normale. Le recours à ces heures supplémentaires pourrait aller jusqu’à cinq par semaine, or les enseignants ne sont obligés d’en accepter qu’une seule.
Ce qui veut dire qu’à la rentrée, des heures de cours pourraient ne pas être assurées, des élèves pourraient avoir une matière enseignée par 2 professeurs, ce qui est antipédagogique. A moins que le gouvernement n’impose les heures supplémentaires pour raison de service. Ou, comme cela s’est passé au rectorat de Créteil, fasse appel à des enseignants retraités pour boucher les trous dans les emplois du temps.
Dans les conseils d’administration du Pesquier, de Gabriel-Péri et de Fourcade, ces dotations ont été repoussées par les enseignants et les fédérations de parents d’élèves.
Deux classes en moins au Pesquier
Au collège du Pesquier, deux classes devraient être supprimées, pour une baisse d’effectifs de 11 élèves (sur 662). Selon les prévisions présentées en Conseil d’administration : « dix enseignants devraient intervenir sur plusieurs établissements alors que pour certaines matières d’autres feraient des heures supplé mentaires sur place, explique Daniel Gobe, enseignant d’histoire- géographie. Si l’on compare cette dotation d’horaire avec celle des années 1990, avant la dégradation de la situation, il manque au moins 90 heures de cours par semaine. Ces 90 heures, qui correspondraient à environ cinq postes d’enseignants, permettraient de créer plus de groupes en sciences, en langues ou en technologie, et de mettre en place des actions d’aide aux élèves dès la sixième. »
Une quatrième disparaît à Péri
Au collège Péri, c’est une classe de quatrième qui va disparaître. A la suite d’une modification des critères de classification, l’établissement a été placé en catégorie 4 (sur une échelle croissante de 1 à 5), alors que le niveau scolaire des élèves n’a pas changé. Résultat de la manoeuvre, la dotation
horaire pour la rentrée baissera de 28h, et, à l’intérieur de la dotation horaire globale, le nombre d’heures supplé mentaires augmentera en contrepartie, si l’on peut dire, de 38h. Les enseignants, soutenus par les fédérations de parents d’élèves, ont déposé une motion au conseil d’administration de février, affirmant notamment que « faire baisser les heures-poste pour augmenter les heures supplémentaires relève d’une logique qui nous est incompréhensible. »
Des enseignants ont déjà déclaré qu’ils refuseraient les heures supplémentaires au-delà de l’heure hebdomadaire obligatoire à la rentrée prochaine. « D’autres enseignants dans d’autres établissements font la même démarche que nous, témoigne Michel Remy, professeur d’EPS. Ces heures supplémentaires donnent plus de souplesse aux chefs d’établissement, mais ce n’est pas ce que nous voulons. L’objectif du gouvernement est clair, c’est la diminution du nombre d’enseignants et d’admis au concours. »
Une seconde perdue à Fourcade
Au lycée Fourcade, 70 heures de cours vont disparaître, en partie compensées par le recours à 40 heures supplémentaires par semaine. Une classe de seconde devrait disparaître, « alors que les effectifs des troisièmes dans les collèges sont stables, soulignent les représentants de la FSU. Il y a 31 élèves par classe en seconde, et le rectorat n’ouvre une classe qu’au-delà de 35 élèves en moyenne. »
De plus, des enseignants seront amenés à intervenir sur d’autres établissements, comme Luynes ou Pertuis. « L’intersyndicale refuse les heures supplémentaires, le principe est d’amener le recteur à créer les postes nécessaires. » Les restrictions ne touchent pas que les professeurs : au lycée, il n’y a qu’une seule documentaliste et une seule infirmière pour 1 400 élèves, auquel s’ajoutent 11 salariés précaires en CAE, un contrat d’accompagnement à l’emploi dont la durée a été réduite de 18 à 12 mois.
Les semaines à venir s’annoncent chaudes. A Albi, en mars, des lycéens ont accueilli l’inspecteur d’académie venu visiter leur établissement, vêtus de noir, alignés de part et d’autre d’un couloir et soufflant une bougie sur son passage. Une action symbolique forte qui traduit autant les menaces sur l’éducation que la capacité de résistance de ses acteurs.