Comité de suivi des risques industriels

Moins de bruit, toujours les poussières Bruno Colombari

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La réunion du comité de suivi pour les risques industriels a permis, le 31 janvier, de faire un point sur l’état des nuisances et des améliorations apportées par les entreprises l’an dernier. Des investissements lourds sont engagés pour 2006.

La Snet (centrale thermique) et Alcan (usine d’alumine) ont été une fois de plus les deux entreprises les plus sollicitées lors de réunion du comité de suivi sur les risques industriels. La première sur la question du bruit et des poussières (noires) de charbon, la seconde également pour les poussières (blanches) d’alumine.

« Nous avons le souci de bien nous intégrer dans l’environnement, soulignait Bernard Martre, directeur de la centrale thermique. En 2005 et 2006, nous investissons 1,2 million d’euros pour traiter les nuisances liées au bruit, qu’il soit continu ou au moment de l’arrêt et du démarrage. Nous travaillons avec une société spécialisée, Acouphen. » C’est ainsi que le 2 septembre dernier, un silencieux a été posé sur le toit de la chaudière du groupe 5 (600 MW) pour limiter le bruit produit par les purges de vapeur (heureusement rares). « Nous allons aussi installer, d’ici le mois d’avril, 2000m2 de bardage sur les façades Sud et Est de la chaudière. »

Les riverains présents dans la salle ont confirmé l’amélioration des nuisances sonores au moment du démarrage de la tranche 5 notamment. Le nouveau groupe (à cycle combiné gaz, de 400 MW) prévu à l’horizon 2010 ne devrait pas générer de nuisances supplémentaires, selon la direction de la Snet.

Les camions montrés du doigt

Si ça va mieux côté bruit, les poussières génèrent toujours autant de mécontentement de la part des riverains. Ces derniers constatent pourtant que « les camions de charbon arrivent tous bâchés désormais, » ce qui n’était pas toujours le cas. La Snet a fait pression sur le transporteur en refusant de payer les livraisons non bâchées. Mais les routes bordant la centrale sont encore sales. « Nous avons investi 1,9 million d’euros l’an dernier sur la parc à charbon, explique Bernard Martre. Les roues des camions sont lavées, des arroseurs en partie automatisés sont installés le long des voies de circulation, et une trémie enterrée génère moins de poussières. Une barrière végétale sera plantée au Nord-Est du parc à charbon. »

Enfin, le tronçon de route (CD58E) qui traverse le site de la centrale (entre les bâtiments et le parc à charbon) a été privatisé et sera fermé à la circulation d’ici la fin 2006. A cette date, ce sera une voie interne. Selon Robert Mounier, représentant de la Direction régionale indusrie, recherche et environnement (Drire), « il y aurait besoin d’un nettoyage de fond, surtout sur les bas-côtés qui sont très sales. » Rappelons que chaque jour, 200 camions de charbon viennent du terminal minéralier de Fos.

Alcan (ex-Pechiney) annonce l’achat d’un filtre à manche de deux millions d’euros en octobre prochain, avec l’objectif de réduire de 20 % les émissions de poussières, selon le directeur du site, Dominique Delmas. Un objectif qui ne satisfait pas les habitants du Pesquier, lesquels constatent « qu’il y a toujours autant de poussières, et qu’elles sont de plus en plus fines. » Sur la proposition du maire et de Bernard Bastide adjoint à l’environnement, une visite des installations sera organisée pour les riverains qui le souhaitent. Alcan a par ailleurs demandé à la Drire une autorisation de stockage de bauxaline sur le site de Mangegarri. Seule la partie non commercialisée sera stockée, puisque par ailleurs, les rejets de boues rouges à la mer (au large de Cassis) devront être supprimés d’ici 2015. C’est en bonne voie, puisqu’en 15 ans, ces rejets ont été divisés par deux.

Selon Jean-François Chabaud (Durance Granulats), « il n’y a plus eu de tirs de mines dans la carrière de la Malespine depuis plusieurs mois. Nous avons en effet traité pendant cette période 60 000 tonnes de déblais issus du bâtiment et venus de l’extérieur, ce qui a couvert 15 % de nos besoins annuels. Ils devraient reprendre à partir de mai prochain dans le cadre de l’extension actuelle autorisée. » Jean-Marc Sanchez, directeur de la Semag, a pour sa part précisé que le centre d’enfouissement technique donnerait lieu à une enquête publique cette année, pour l’extension du site (et la réhabilitation de l’existant) à l’horizon 2008

L’entreprise EVD (extraits végétaux et dérivés, qui traite la racine de la réglisse) a adapté ses tours aéroréfrigérantes à la réglementation contre la légionnelle. Elle utilise des produits chimiques chargés de neutraliser les effluents liquides envoyés à la station d’épuration par un réseau spécifique. Quant aux fumées noires qui apparaissent ponctuellement, elles sont dues, selon la direction de l’usine, « au démarrage des machines le lundi matin, qui se fait à température basse avec du fioul lourd. Mais ça ne dure qu’une trentaine de secondes, le temps que le combustible chauffe. »

Des riverains de Bompertuis se sont plaints d’autre part des poussières émises par l’entreprise SIMC (matériaux de construction) installée au chemin du Moulin fort. « SIMC est en train d’acheter des terrains à Meyreuil et devrait déménager courant 2008, explique Jean-Paul Peltier, adjoint chargé de l’urbanisme. Notre objectif est de faire en sorte qu’après eux, il n’y ait plus d’activité industrielle à cet endroit.  »

Enfin, l’association de lutte contre les nuisances et les pollutions (ALNP), qui regroupe des riverains de la centrale thermique, a demandé pour sa part si des entreprises polluantes allaient s’installer sur la zone d’activités de Jeande- Bouc. « Le commissaire-enquêteur a présenté une liste d’entreprises désireuses de venir à Gardanne, a répondu Jean-Paul Peltier adjoint à l’urbanisme. Il est clair que la Ville traitera Jean-de-Bouc comme les autres zones d’activités. Et les entreprises qui ne répondront pas aux règles que nous fixerons ne pourront pas venir.  »