Manifestation de soutien

Mobilisés pour la Mission Locale Carole Nerini

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Il y a huit mois, la mobilisation de centaines de personnes avait contraint le Préfet à revenir sur sa décision de fermer la Mission Locale de Gardanne. Le 16 juin dernier, il est revenu à la charge. Depuis, les actions s’amplifient pour préserver ce service public de proximité qui prend en charge plus de 780 jeunes.

Honte, gâchis, intolérance, voilà comment de nombreux Gardannais qualifient la décision arbitraire de Christian Frémont, Préfet de Région, prise à la veille des vacances estivales, bien entendu. La fermeture de la Mission Locale du Bassin Minier est une menace directe pour 780 jeunes, 7 employés, des centaines de familles et tout un territoire. Un démantèlement supplémentaire difficile à accepter. Les quelques 1 500 signatures recueillies, les nombreux messages de soutien (de M. Coppola, vice-président du Conseil régional, Mme Guigli, conseillère régionale, M. Menucci, vice-président du Conseil régional, M. Dutoit, député, M. Weygand et M. Olmeta, conseillers généraux) venus de toute la région et la mobilisation de centaines de personnes lors du rassemblement du dimanche 27 juin montrent combien la détermination de maintenir ce service de proximité d’aide aux jeunes est forte.
Cela avait commencé avec Musiques à Gardanne. Jamais en reste quand il s’agit de soutenir des luttes là où ils jouent, les Fabulous Trobadors avaient invité sur scène deux membres du groupe Hurle Vent pour appeler à la mobilisation pour la Mission locale. Le tout intégré à leur chanson Il nous ment : " On ne va pas se laisser faire le Préfet, il nous ment / Dimanche devant la mairie on appelle au rassemblement / A onze heures tous ici il ne faut pas de manquement / Et pour la Mission locale, pas de démantèlement. " Le lendemain, c’est Roger Meï, avant le concert de Michaël Jones, qui appelait les Gardannais à manifester leur solidarité.

Dimanche matin, près de 300 personnes vêtues d’un très visible tee-shirt orange se sont rassemblées pour soutenir la Mission Locale. Jean-Louis Dieux, président de l’Association des Missions Locales en PACA a rappelé « qu’ à l’origine, les Missions Locales ont été créées à la demande des municipalités. Les 30 Missions locales de la région vous soutiennent. » André Julien, maire de la Bouilladisse et trésorier de la Mission locale d’Aubagne ajoute que « l’État n’a pas à décider à la place des élus. On ne peut pas admettre qu’une structure qui accueille près de 800 jeunes ferme subitement. » La remise en cause du service public de proximité se poursuit. « Aujourd’hui, on dit à nos jeunes en difficulté, trouvez vous-mêmes votre formation, et si ça va mal, débrouillez-vous, déclare Karim Khendouf, conseiller régional PCF. Le gros mammouth de la technostructure a encore frappé, il faut faire contrepoids. » Le public signe la pétition, écoute, commente. Comme Michaël, les jeunes présents y croient encore. « J’avais 16 ans lorsque je suis entré pour la première fois dans la Mission Locale, après avoir échoué dans différents apprentissages. Les différentes rencontres que j’ai faites là-bas m’ont permis d’évoquer d’autres problèmes, j’ai été écouté. Aujourd’hui, j’ai un CAP de magasinier, un permis clark et je me sens bien. Il faut que ça continue, que des centaines d’autres jeunes puissent vivre mon expérience. Je serai avec eux jusqu’au bout. »

Une Mission locale efficace

Depuis plusieurs années, la Mission Locale du Bassin Minier reçoit les jeunes des communes de Gardanne, Cadolive, Gréasque, Saint-Savournin, Septèmes et Belcodène. Elle accueille en priorité des jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire qui veulent obtenir une qualification. Sophie Enea, sa responsable insiste sur l’importance et la particularité de ce service de proximité : « Ici, chaque cas est particulier, il nous arrive fréquemment d’avoir à réagir face à d’autres problèmes que ceux purement liés à la formation professionnelle. En relation avec d’autres partenaires, nous avons un rôle social et nous y tenons beaucoup. Les soucis de logement, d’argent, de santé sont aussi pris en compte puisqu’ils représentent souvent une barrière à une réelle insertion. »
C’est ce système là qui est menacé, cette relation privilégiée entre la jeunesse en difficulté et des interlocuteurs professionnels. Comme le notait dans sa lettre de soutien M. Olmeta, vice-président du Conseil général : « à l’évidence, ces considérations n’ont pas inspiré la décision que vous m’annoncez, puisque l’accès à une réponse insertion se trouverait délocalisé sur Aix-en-Provence avec l’inconvénient d’incidences financières non négligeables pour des jeunes dont les revenus sont modestes et précaires. »
Une mère de famille présente à la manifestation témoigne : 5« Je ne remercierais jamais assez le personnel de la Mission Locale pour le service qu’elle m’a rendu. Mon fils traversait un moment difficile, grâce à eux il trouvé une situation stable. Je ne comprends pas que l’on puisse fermer cette structure, c’est inadmissible et nous les soutiendrons jusqu’au bout. » L’action va donc se poursuivre.

Nathalie Nérini * : " Ici, les jeunes ne sont pas des anonymes "

Quelles sont les conséquences de la fermeture de la mission locale sur les jeunes ?
La principale conséquence serait géographique puisqu’ils devraient se rendre à la mission locale d’Aix, alors que nous savons très bien qu’ils ne sont pas en capacité d’en supporter les frais de déplacement. La Mission Locale d’Aix est une structure beaucoup plus grosse, le travail de proximité n’est donc pas le même malgré l’engagement de ses salariés.

Comment jugez-vous le travail du personnel de la Mission Locale ?
Le travail accompli depuis 1996 va bien au-delà du simple accompagnement à la recherche d’emploi. Chaque jeune est accueilli individuellement avec l’ensemble de ses difficultés, à partir de là les conseillers recherchent des solutions à chacun de leur problème : santé, logement, mobilité, formation avec bien sûr comme objectif final l’emploi. Ce parcours est souvent long et difficile pour les jeunes, les conseillers les épaulent, les soutiennent.

Comment envisagez-vous la situation à venir ?
M. le Préfet vient de prendre en otage plus de 700 jeunes afin de nous contraindre à rejoindre l’intercommunalité du Pays d’Aix, ce qui est une drôle de méthode. Ces menaces ne changent en aucune manière nos convictions quant à la création d’une autre intercommunalité à taille humaine. La mission locale est née de la volonté des élus du bassin minier de construire un outil au service des jeunes en difficulté d’insertion. En voulant casser cet outil l’État refuse à Gardanne de prendre en compte les difficultés de sa jeunesse.

* Conseillère municipale déléguée à la formation