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Mobilisés contre les fermetures de classes Energies 362 - Bruno Colombari

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Les élèves du lycée Fourcade se sont réunis dans la cour, le jeudi 22 septembre, à l’appel des enseignants pour une opération “Classes pleines, salles vides.” Comme des dizaines de milliers d’enseignants du public et du privé, de parents ou d’étudiants, ils entendaient manifester contre les suppressions de postes dans l’Éducation nationale.

A des degrés divers, tous les établissements scolaires de la commune se sont mobilisés le mardi 27 septembre pour faire entendre leur opposition aux nouvelles suppressions de postes programmées dans les maternelles, primaires, collèges ou lycées, qu’ils soient publics ou privés. Au lycée Fourcade, une initiative originale s’était déroulée quelques jours auparavant : plus d’un millier d’élèves assis par terre ou debout sous le soleil du dernier jour de l’été et des professeurs se sont fait entendre à l’aide d’un mégaphone et devant les caméras de télévision.

Face au trop-plein des classes surchargées (31 de moyenne en seconde, 34,5 en première, 31 en terminale), les professeurs ont opté pour une solution radicale consistant à vider les salles de classes pendant une heure. « Nous avons créé une immense classe dans la cour, constate Isabelle Le Couedic, professeur d’économie (syndicat Snes). On nous demande d’optimiser la réussite des élèves, de faire de l’accompagnement personnalisé. A trente-six par classe, c’est un mensonge. L’école démocratique est en jeu : ceux qui pourront payer des cours supplémentaires privés s’en sortiront. Les autres non. »

Dans la cour, des dessins de presse signés Faujour sont affichés, des feuilles et des feutres sont étalés sur une grande table : « nous allons faire des cahiers de doléances, écrivez ce qui vous semble important et nous les porterons au rectorat pour demander plus de moyens, » ajoute Francis Villeneuve, professeur d’électronique (syndicat Sud Éducation). Les lycéens, attentifs et motivés, ne se font pas prier : « Apprendre est un droit, pas une corvée. » ; « Il faut pousser les murs et ajouter au moins cinq tables pour ne pas s’assoir par terre. » ; « Classes à 25 max ! »

A l’origine de ce mouvement, la surcharge des classes à la rentrée. Si l’effectif global du lycée est stable (dix élèves de moins qu’à la rentrée 2010 sur un total de 1 285), trois postes et demi d’enseignants ont été supprimés et aucun créé, qui s’ajoutent aux cinq supprimés en 2010. Autant d’élèves et moins d’enseignants, le calcul est vite fait : les classes débordent. Une classe de seconde atteint les 34 élèves, les premières en série S et STG montent à 36 et la terminale L bat tous les records avec 37 garçons et filles à qui on souhaite bonne chance pour préparer le bac.

Chantal Terran, prof d’anglais, apprécie le fait que sur les trois heures de cours par semaine avec cette classe, deux sont dédoublées (en demi-groupe). « Mais les heures données sont prises ailleurs, puisque la répartition se fait sans moyens supplémentaires. En laboratoire de langue, il y a 19 postes disponibles. Sans dédoublement, pas de labo. Et avec des classes à 37, c’est impossible de donner la parole à chacun. » Ce que confirme le professeur de philosophie, Jean-Baptiste Martinez : « Dès le premier mois des élèves n’arrivent plus à suivre. Il y a trois à quatre contrôles par trimestre, plus le bac blanc en février : la transmission des connaissances n’est pas possible dans ces conditions. »

Le mardi 27 septembre, des enseignants et des lycéens ont participé à la journée nationale d’action en manifestant à Marseille.