Fermeture de la mine

Mine : ce que cache le dossier de fermeture Bruno Colombari

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Tout n’est pas très limpide dans le dossier d’arrêt de travaux de la mine, étudié à la loupe par un bureau d’études. Les villes concernées devront donc émettre un avis avant le 1er octobre. D’ores et déjà, le conseil municipal de Gardanne a voté à l’unanimité une délibération protestant contre la politique du fait accompli de l’État et de Houillères.

Où est passée la concession n°9 ? Dans le mètre cube que constitue le dossier d’arrêt de travaux de l’exploitation minière, rien ne fait allusion à la C9, une des treize concessions minières qui dessinent le sous-sol de la région. Celle-là se trouve sous les communes de Peypin et de Cadolive, et fait donc partie des anciennes galeries, relativement peu profondes. C’est pour pointer ce type d’anomalie et pour défricher l’invraisemblable jungle de documents remis au Préfet que plusieurs communes du bassin minier avaient fait appel à l’Association des communes minières (ACOM) en avril dernier. En effet, la loi prévoit que les municipalités concernées ont trois mois pour émettre un avis (favorable ou non) à la lecture du dossier. Un travail de romain qui confirme la volonté de l’État de boucler l’affaire le plus rapidement possible.

Le 18 juin dernier, le bureau d’études rennais Géoarmor, spécialisé dans la géologie, a remis en mairie un rapport de synthèse d’une quarantaine de pages. Que dit le rapport ? « La qualité du dossier présenté nous apparaît comme très bonne mais un certain nombre de points devront être complétés. » Parmi ces points, « l’état des galeries de liaison entre les différents travaux n’est pas abordé, » une information importante quand l’eau va monter ; « il manque une étude d’impact sur le radon, » ce gaz naturellement radioactif qui pourrait remonter près de la surface ; « l’interaction entre les travaux miniers et les carrières de pierre à ciment sur les concessions C8 et C13 (NdlR : Saint-Savournin, Peypin, Cadolive et la Bouilladisse) n’est pas développée » ; « il faut préciser aux communes les mesures à prendre sur les secteurs sensibles, » notamment sur la stabilité des sols : « Une personne qui achète un terrain doit savoir ce qu’il y a dessous, affirme Jean-Claude Rougon, directeur des services techniques de Gardanne, il faudra donner une information précise dans le cadre du Plan local d’urbanisme » ; enfin, les travaux effectués sur les descenderies (824 répertoriées, dont 400 nécessitant des travaux de mise en sécurité) ne sont pas suffisamment détaillés. « C’est important pour nous de venir sur place et d’aller dans les communes pour recueillir des informations. Souvent, les problèmes se trouvent dans ce qui n’est pas dit, » explique Gilles Lucas, de Géoarmor.

« En ce qui concerne la galerie de la mer, l’étude du cabinet CESAME écarte l’hypothèse de l’ennoyage total et retient celle du maintien de la galerie. Mais ça veut dire que les 600 mètres cubes d’eau rejetés à la mer chaque heure seront très chargés en oxyde de fer et en sulfate, pour une durée de 10 à 15 ans, le temps que les couches de charbon soient lessivées. L’eau sera impropre à la consommation et à l’arrosage, ce qui exclut la possibilité de pompage par le puits Z. » Comme l’a fait remarquer l’avocat spécialisé dans le droit minier, M e Razafindratandra, « l’exploitant a arrêté le pompage en profondeur avant le dépôt du dossier. Ce n’est pas acceptable car ça élimine d’office la troisième hypothèse qui était de laisser les galeries à sec. Les collectivités locales peuvent demander que cette hypothèse soit étudiée sérieusement. » Début juillet, sous la pression, la Préfecture annonçait un délai supplémentaire de trois mois avant que les villes n’émettent un avis. Une délibération sera donc votée le jeudi 25 septembre, à l’occasion du prochain conseil municipal. Le 22, une réunion publique sera organisée pour faire le point sur la question.

Les élus demandent des explications

A l’origine, ce Conseil municipal extraordinaire réuni le jeudi 10 juillet devait émettre un avis sur le dossier d’arrêt de travaux de l’extraction charbonnière, puisque le délai expirait le 14 juillet. Ce n’est que le mardi 8 qu’un fax du préfet annonçait un délai supplémentaire - réclamé depuis longtemps par les communes concernées - de trois mois, avec une nouvelle échéance au 1 er octobre. Du coup, les débats ont porté sur les interrogations qui subsistent dans ce dossier d’arrêt, notamment sur les installations hydrauliques, les risques liés au gaz, le devenir des bâtiments de surface et l’information de la population. Le Conseil a voté à l’unanimité une délibération protestant contre la politique du fait accompli (arrêt du pompage des eaux d’exhaure) et demandant l’intervention de l’État afin que le patrimoine immobilier soit cédé aux communes dans « des conditions acceptables par celles-ci, » en clair pas au prix des Domaines. Par ailleurs, une motion a aussi été votée pour demander au gouvernement de s’opposer à l’OPA d’Alcan sur Pechiney.