Fermeture de la mine

Mine : après la fermeture, des questions subsistent Bruno Colombari

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Nul ne sait comment se serait passée la fermeture de la mine si la Ville ne s’était pas mobilisée, avec l’aide de l’Association des communes minières (ACOM). Parce que malgré tous ces efforts, il n’est toujours pas simple de recueillir des informations auprès de Charbonnages ou des services de l’État. L’arrêté préfectoral du 31 mars (voir encadré) a certes pris en compte un certain nombre de remarques formulées à l’issue de la réunion publique de septembre dernier, notamment en terme de surveillance des émanations de gaz, de cartographie des zones à risques et de secousses sismiques. Mais il reste quelques points obscurs : un inventaire précis des produits restés au fond, sachant que les mineurs émettent de sérieux doutes sur ce point, comme l’a confirmé la réunion d’information à la mairie le 25 mai dernier. Le "nettoyage" du fond, l’an dernier, avait été effectué en un temps record (trois jours), ce qui laisse à penser qu’une grande quantité de matériel, notamment des coffrets électriques, ont été abandonnés.

La question des rejets en mer d’eau polluée a été soulevée : « envoyer l’eau à un kilomètre au large de la côte, c’est la technique la moins chère, constate Michel Filippi, mineur. On s’imagine régler le problème en ne le voyant pas. On oublie qu’à Alès, 15 ans après la fermeture, le Gardon est toujours coloré. » De même, il faudrait envisager à terme la récupération de l’eau douce drainée par la galerie de la mer (qui récupère une partie des eaux de pluie du massif de l’Étoile). La question des remontées de gaz devra être suivie très attentivement, car comme le rappelle Jean-Luc Baudry, élu au comité hygiène et sécurité (CHSCT) de la mine, « les houillères ont fait récemment un forage à Gréasque, et ils sont tombés sur une poche de grisou qui a déclenché un feu de charbon en profondeur. » Que se passera-t-il si un incident pareil arrive chez un particulier ? Pour l’instant, rien n’est prévu pour former les pompiers aux feux de mine, alors que les mineurs savent comment faire. Autant dire qu’il y a urgence.

Autre problème abordé, celui des permis de construire. Dans l’état actuel, la responsabilité de la délivrance des permis est sous la seule responsabilité des élus. Avec les conséquences qu’on imagine en cas de mouvement de terrain entraînant des dégâts sur les habitations. D’autant que, constatent les mineurs, « on commence à mesurer les conséquences de l’ennoyage. Ces derniers mois, il y a eu des séismes sur des chantiers de taille moyenne. Que se passera-t-il si un mouvement de terrain bouche la galerie à la mer ? Personne ne sait où l’eau s’écoulera. Et les travaux proches de la surface, qui doivent rester au sec, que vont-ils devenir si l’eau monte ? On pouvait éviter ça en maintenant le pompage au fond. » Autant de questions qui pourraient être prises en charge dans le cadre du Plan de prévention des risques miniers (PPRM), que le gouvernement n’a toujours pas élaboré et derrière lequel le Préfet se retranche.

Que dit l’arrêté préfectoral ?

Comme le prévoit la loi, et notamment le code minier, la Préfecture des Bouches-du-Rhône a pris un arrêté prenant acte de l’arrêt définitif des travaux des HBCM. Il aura fallu plus d’un an au Préfet pour prendre cette décision, puisque la mine a cessé son activité le 28 février 2003. Deux reports successifs, l’un en juillet et l’autre en septembre, montrent bien à quel point le dossier est complexe et la fermeture précipitée. L’arrêté liste ensuite des mesures complémentaires, pour la galerie de la mer, qu’il faudra surveiller de près, ainsi que sur la remontée des eaux aux puits Y et Z. Les émissions de gaz (grisou, gaz carbonique, oxyde de carbone et radon) seront mesurées chaque semaine. L’écoute sismique sera maintenue sur la partie récente de l’exploitation tant que les eaux continueront de monter, et les mouvements de terrain dans tout le bassin minier seront mesurés. Enfin, les communes devront recevoir avant le 10 avril 2005 une cartographie détaillée des concessions, terrils, puits et points de rejet des eaux.