Travaux aux puits Y et Z

Mettre la mine en sécurité Loïc Taniou

Publié le

La disparition des Charbonnages de France (CdF) aura lieu fin 2007. Pour respecter la procédure d’arrêt des travaux et libérer les installations afin que de nouvelles activités y soient développées, CdF doit réaliser, avant sa dissolution, un certain nombre de travaux et d’ouvrages concernant la mise en sécurité des sites et la prévention des risques liés à la fermeture de la mine.

Depuis l’arrêt de l’exploitation de la mine le 31 janvier 2003, Charbonnages de France travaille à la mise en sécurité de l’ensemble des sites miniers. Après la réalisation de ces travaux, CdF devra constituer un dossier complet, afin d’obtenir un arrêté de travaux définitif de la part des services de l’État. Il y aura ensuite un délai de réflexion accordé aux villes et populations concernées pour faire des propositions éventuelles. Les risques miniers sont de trois types : remontée des eaux, gaz et sismicité. Il s’agit que dans les années à venir, il n’y ait pas de problèmes en surface liés à l’arrêt de l’exploitation. Depuis l’arrêt des pompes, l’ennoyage de la mine a commencé. Les eaux du fond de la mine, issues des infiltrations naturelles et des nappes phréatiques, remontent progressivement de 150 mètres par an, ennoyant les galeries et les boyaux. La ville de Gardanne avait souhaité en 2003 que le pompage intégral des eaux soit poursuivi mais la solution n’avait pas été retenue par Charbonnages de France.

La montée de l’eau se poursuit donc et devrait durer 5 ans pour atteindre la galerie qui part du puits Gérard et se prolonge jusqu’au port de l’Estaque. Creusée entre 1890 et 1905, la galerie de la mer longue de 15 km a toujours servi à évacuer les eaux de mines. Elle sera conservée de manière durable pour servir de déversoir. Les eaux recueillies devront faire l’objet d’un traitement particulier car elles sont chargées en hydroxydes de fer et se colorent en rouge au contact de l’air. « Deux types de solutions sont envisagées pour éviter la coloration des eaux de mer. Une consiste en la création d’une station de déferrisation de l’eau, l’autre à effectuer un forage horizontal dirigé sur le port et se rejetant au large, à 1 km au-delà de la digue, à 30 m de profondeur » explique Jean-Claude Lazarewicz, directeur technique à CdF. Le choix sera fait prochainement. L’objectif est de livrer une installation opérationnelle fin 2006.

Des évents pour le gaz

Il s’agit aussi pour CdF d’assurer une surveillance sismique ainsi qu’une bonne évacuation des gaz. Comme le souligne Norbert Faci, délégué mineur CGT, « avant on pouvait mesurer du fond les pressions exercées par les charges des terrains et y faire face. Maintenant, avec l’ennoyage, nous ne savons pas très bien comment cela va réagir. L’eau peut lubrifier les failles et générer des risques d’affaissement. Ensuite, l’eau en remontant refoule les gaz vers la surface. » Comme l’explique Jean-Claude Lazarewicz, les équipes techniques « ont fait des évents afin de permettre leur bonne évacuation, sur la chaîne de l’Étoile en de nombreux points et autour des principaux puits. »

Des mesures sont effectuées régulièrement et indiquent qu’il n’y a pratiquement pas de gaz qui sort des évents. « On se demande où vont les gaz » s’interroge Jean-Luc Baudry, secrétaire du Comité d’Hygiène et de Sécurité. « Il y a tellement de fragmentation que le gaz remonte par les failles et risque de se loger dans des cavités. » Le cheminement des gaz restant parfois imprévisible, des zones entières du bassin minier vont être interdites de forage.

L’arrivée des géophones

Concernant la prévention des risques sismiques, Ineris, le bureau d’étude de CdF, travaille sur la mise en œuvre d’un système innovant qui consiste à installer des géophones, capteurs de vibrations sismiques permettant de faire des enregistrements réguliers et de mesurer d’éventuels mouvements de terrain. Ces derniers devraient être installés début 2006. « L’inconvénient de ce système c’est qu’il ne peut faire que des constats. Lorsque nous avons soulevé cette question sur les risques d’affaissement, la réponse a été qu’en cas de problème, les gens seraient indemnisés » note Jean-Luc Baudry. « Ce sont surtout les vieilles mines qui datent des années 1915/1920 et dont on ne connaît pas bien la situation géographique qui posent problème car elles sont peu profondes (moins de 50m). Les ouvrages liés aux récentes exploitations sont mieux contrôlés car on les connaît bien. Les affaissements de surface sont surveillés depuis longtemps » précise Jean-Claude Lazarewicz. Les anciennes descenderies estimées au nombre de 800, ont été pratiquement toutes condamnées. « Il nous en reste environ une cinquantaine à boucher » précise Jacques Rapuzzi, agent de maîtrise à CdF.
D’autres travaux sont en cours ou à venir. Il s’agit notamment de condamner l’accès des puits de mine, de procéder au démantèlement des installations jour, comme les convoyeurs à charbon du puits Z et celui du lavoir de Meyreuil. Pour conserver la mémoire des lieux tels qu’ils étaient en activité, les ascenseurs qui servaient aux personnels, aux engins et à la remontée du charbon viennent d’être réinstallés aux puits Z et à Morandat.

Une fois que l’ensemble des mises en sécurité aura été effectué, des arrêtés partiels de fin de travaux seront validés par les services de l’État. Ces sites pourront alors être proposés aux collectivités locales pour y développer de nouvelles activités. Par exemple, la vente à la ville de Gardanne du carreau Y. Morandat est prévue pour début 2006 avec une mise à disposition d’un hangar en juin 2005 pour accueillir provisoirement une unité de recherche de l’école de microélectronique.
Après la dissolution des Charbonnages de France, Jean-Claude Lazarewicz, directeur technique précise que « la volonté du gouvernement est de créer un établissement public pour gérer les risques miniers. » En attendant, la ville de Gardanne et l’ACOM (Association des Communes Minières) resteront très vigilantes sur la sécurisation des sites. Les mineurs aussi qui vont demander « une nouvelle étude afin de vérifier que les engagements pris par Charbonnages de France sont respectés. »