Scolaire

Lycées, collèges, rien en va plus Bruno Colombari

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Le 20 mai dernier, les enseignants du secondaire des collèges et lycées du secteur de Gardanne et les parents d’élèves ont organisé une conférence de presse à la Maison du Peuple. L’occasion de lister les attaques en règle contre l’éducation.

Il est rare que parents et enseignants se rencontrent hors du cadre scolaire. La conférence de presse commune du 20 mai leur aura donné l’occasion de témoigner de ce que subissent les collèges et les lycées au quotidien.

Jean-François Tronchon, parent élu au CA au lycée Fourcade, constate : « on assiste à une dégradation sans précédent des conditions de travail des profs. Au-delà, c’est une dévalorisation de la mission de service public de l’Édu - cation nationale. » Enseignante au lycée Fourcade, Isabelle Poncet ajoute : « on nous demande de faire des heures supplémentaires pendant que d’autres doivent assurer des compléments de service dans d’autres lycées. On ne voit pas où sont les gaspillages que les suppressions de poste seraient censés éliminer. »

Pour le collège Brassens à Bouc-Bel- Air, Guy Gras précise : « on va perdre une classe de sixième, et la moyenne d’élèves en troisième sera de 29,6. En sport, deux enseignants feront des heures supplémentaires dans l’établissement et quatre heures de cours par semaine à l’extérieur. Certains professeurs de langue seront même sur trois collèges. »

Une parente d’élève FCPE s’interroge : « Les profs absents ne sont pas remplacés avant au mieux 15 jours, et quand ils le sont, c’est parfois par leurs collègues. Mais si ces derniers font des heures supplémentaires, ils ne pourront pas assurer les remplacements !  » Gérard Pons, professeur au collège de Fuveau, témoigne : « l’an prochain, j’irai faire cours dans un autre établissement, alors qu’il manque des heures de techno au collège. »

Solange Vachier, enseignante à Fuveau, ajoute : « l’argument de la baisse du nombre d’élèves n’est pas valable. On aura vingt élèves de plus à la rentrée et on va perdre une classe. » Jean- François Tronchon (FCPE) fait les comptes : « les heures poste [temps de travail normal, ndlr] ne suffisent plus pour assurer le minimum des cours. Il faut recourir aux heures supplémentaires pour y arriver. » Et encore, constate Guy Gras, « on nous pousse à faire des heures supplémentaires, et après on ne les paie pas, on nous dit qu’il n’y a pas d’argent. »

Jean-Louis Marchetti, prof de maths au lycée international de Luynes, précise  : « Notre lycée est très coté, et l’application de la carte scolaire plutôt cocasse. Comme il n’y a pas de place pour tout le monde, on trie les élèves, ce qui rend le lycée encore plus attirant. Mais du coup, les élèves ne peuvent plus suivre le programme sans faire appel à des cours privés. » La finalité des réformes, selon Daniel Gobe, de la FSU, « c’est ce qu’on trouve dans le rapport Pochard : on va vers une école à l’anglo- saxonne, avec un horaire de base pour tous, et quelques options dispensées dans quelques établissements. »

Attention à “Base Élèves”

Le mercredi 18 juin à 14h, une manifestation est organisée devant l’inspection académique à Marseille pour protester contre la mise en place de Base Élèves. Base Élèves est un fichier informatique, centralisé et partageable, qui regroupe des informations familiales, sociales et scolaires, sur les enfants de la maternelle au lycée. L’utilisation de cette base, généralisée à la rentrée prochaine pourrait être dangereuse et porter atteinte aux libertés individuelles. Plusieurs syndicats de l’Édu - cation nationale et des associations demandent à être reçus par l’inspection académique afin d’arrêter l’expérimentation en cours de Base Elèves et son remplacement par un système de gestion informatique interne à chaque école.