Neige

Les services publics en première ligne Energies 309 - Carole Nerini, Stéphane Conty, Loïc Taniou et Bruno Colombari

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La liste des agents des services publics qui se sont mobilisés début janvier à l’occasion des fortes chutes de neige qui ont marqué notre région serait longue à énumérer. Des pompiers essayant de débloquer les camions en travers du CD 6 aux gendarmes cherchant à ouvrir des routes pour permettre la circulation des véhicules prioritaires en passant par plusieurs services et élus municipaux mobilisés dès la première nuit, certains auront passé de longues heures à déneiger, saler ou tout simplement essayer d’apporter de l’aide à ceux qui en avaient besoin. Sous la responsabilité d’une cellule de crise qui s’est réunie chaque jour en Mairie, ils ont permis aux Gardannais de vivre un peu moins difficilement qu’ailleurs cette période délicate. Ce dossier vous présente quelques exemples de ce qui a constitué leur quotidien pendant ces trois jours particuliers dans la vie de la commune.

Guillaume Valade, Centre technique municipal :
“Un plan neige réactualisé tous les ans”

Fer de lance de l’action municipale en cas de fortes intempéries, le Centre technique municipal (CTM), suite au bulletin d’alerte de Météo France avait anticipé la situation comme le souligne Guillaume Valade son directeur. « Dès le 5 janvier nous avons préparé les deux engins municipaux utilisables pour le déneigement, équipé les véhicules d’intervention de pneus neige et préparé un stock de 25 tonnes de sel. »

Une préparation qui ne doit rien au hasard, puisque la commune a élaboré un plan neige qui est réactualisé tous les ans et qui recense notamment tous les agents volontaires pour intervenir comme ce fut le cas ce 7 janvier.

« J’ai commencé ma journée le mercredi à 3h du matin explique Armand Cresta, et j’ai été sur le terrain jusqu’au jeudi 16h. La priorité allait au dégagement des voies de circulation et nous avons attaqué par le salage. A 5h30 une autre équipe nous a rejoint, et à 7h30 tous les agents du CTM étaient là. Dans la soirée j’étais volontaire pour travailler dans l’équipe de nuit où nous sommes principalement intervenus sur le salage et sur le débitage des arbres et des branches cassées sur la voie publique et les lignes électriques.  »

Dès le jeudi 8, tous les principaux axes de circulation étaient traités, mais la commune a fait intervenir une entreprise privée pour disposer de deux engins supplémentaires dont un de petit gabarit qui a pu accéder à des rues trop étroites, notamment à Biver. « Très sollicités sur le domaine public, nous ne somme pas intervenus sur les voies privées comme sur la plupart des trottoirs qui sont de la responsabilité des riverains, sauf dans les cas de force majeure comme les urgences médicales » commente Guillaume Valade. Les équipes ont continué les opérations de salage tous les jours dès 5h du matin jusqu’au mardi 13 janvier.

Georges Félouzis, CCAS :
“30 personnes hébergées au gymnase”

Dès le mercredi 7 au matin, le personnel du CCAS aidé par d’autres agents municipaux bénévoles était opérationnel. « Nous avons commencé par appeler près de 250 personnes âgées bénéficiant de nos services, pour les rassurer et prendre leurs besoins en considération, explique Georges Felouzis, directeur du CCAS.

Pour ceux et celles qui bénéficient du portage à domicile, les repas du mercredi avaient été livrés la veille. Ceux du jeudi et du vendredi ont tous été portés le jeudi, dans des conditions parfois très difficiles pour les agents. Les cas les plus urgents ont été traités de manière individuelle. Certains membres du personnel ont pris leur véhicule pour rendre des services, aller chercher du pain, des médicaments, ou déblayer et saler les accès comme l’ont pratiqué les agents de médiation du service prévention.

En parallèle, des agents étaient mobilisés au gymnase de Fontvenelle pour organiser l’éventuel accueil d’urgence de nuit, qui a bel et bien fonctionné. Le personnel de la cuisine centrale était également rapidement prêt pour servir 130 repas le midi aux voyageurs bloqués dans un premier train et en attente de départ. Le soir, un nouveau train est parti de Marseille et s’est arrêté à Gardanne. Celui-là ne repartira pas avant le lendemain. En l’absence de réaction de la direction de la SNCF, les personnes ont été conduites au foyer Nostre-Oustau par les élus et le personnel, la restauration s’est à nouveau chargée des repas, puis ils ont été ramenés au gymnase pour y passer la nuit, toujours en compagnie du personnel. Un petit déjeuner chaud leur a été servi à 5h30, juste avant qu’ils reprennent leur train. »

Plusieurs lettres de remerciements reçues en mairie témoignent de la qualité de l’accueil reçu.

Lieutenant Mathieu Brémond, pompier :
“Avec les agents d’EDF”

« Pendant les trois jours, du 7 au 9 janvier, nous avons surtout fait du tronçonnage : il y avait beaucoup d’arbres sur la chaussée, sur les lignes téléphoniques et électriques. Pour ces dernières, on s’assurait auprès d’EDF qu’elles n’étaient plus sous tension avant d’intervenir, sinon on mettait en place un périmètre de sécurité. Nous avons aussi dégagé un bon nombre de poids lourds, de voitures et même un bus qui étaient coincés sur les bords de route.

En temps normal, nous faisons une douzaine d’interventions par jour sur notre secteur. Le 7 janvier, nous sommes sortis 41 fois, les deux tiers à cause de la neige, et 29 fois le lendemain. Mais il n’y a pas eu d’affolement, tout s’est bien passé, même quand des gens ont été accueillis dans le gymnase à côté de la caserne et à qui on a prêté des couvertures.

En prévision des chutes de neige, on avait renforcé les effectifs, en passant de 14 à 19 hommes de permanence. On avait aussi chaîné les véhicules. Des renforts de l’Hérault sont arrivés et ont passé une nuit à la caserne le lendemain, une vingtaine d’hommes environ.  »

Hélène Biondi, service des sports :
“Une nuit au gymnase”

« Cela a été très difficile d’aller travailler, au lieu de mettre 15 minutes, j’ai dû mettre 2 heures. J’ai rejoint la cellule de crise en Mairie où on a beaucoup échangé, donné des avis, fait le point sur ce que l’on avait pu constater. Nous avons décidé d’ouvrir le gymnase de Fontvenelle pour héberger les naufragés de la neige. Et ce dans de bonnes conditions malgré tout car le CTM (Centre technique municipal) a apporté des kits d’hygiène, des lits de camps, des draps et couvertures, le service restauration a livré des repas chauds et le matin des petits déjeuners, les agents et gardiens du gymase ont répondu présents.

Une bonne trentaine de personnes, naufragées du train Marseille-Aix à cause de chutes de branches sur la voie ferrée, ont pu être accueillies correctement. Je suis restée avec elles dormir au gymnase, la soirée s’est bien passée. Il a régné une ambiance bon enfant, des liens se sont créés. A 5h30 du matin, après un petit déjeuner, les naufragés ont pu reprendre le train. Les jours suivants, nous nous sommes efforcés de remettre en fonction les installations sportives sans les abîmer, ce qui a pris du temps. Je remercie d’ailleurs les clubs sportifs pour leur patience. »

Joseph Antona, responsable sécurité publique :
“Assurer la liaison entre les intervenants”

« Le mercredi, j’ai mis près de 6 heures et demi pour me rendre au travail. Bloqué vers les sept heures au niveau de la caserne des pompiers d’Aix, j’ai commencé à travailler au téléphone portable. J’ai participé durant ces trois jours à la cellule de crise, en assurant un lien permanant entre les différents services de sécurité et les élus : Pompiers, Gendamerie, Police municipale, agents de prévention, responsables de la SNCF. Tout le monde était sur le pont.

Parmi les événements qui m’ont marqué il y a la prise en charge d’une femme enceinte en provenance de Paris qui est arrivée en train à Gardanne avant d’essayer de gagner son domicile à Belcodène. On lui a permis de se reposer un moment au gymnase de Fontvenelle. Puis, je lui ai proposé de la ramener chez elle en voiture. Le périple a duré une heure, mettant fin pour elle à plus de 36 heures difficiles. Le mercredi soir, vers 23h en rentrant chez moi, j’ai pris en stop des voyageurs SNCF qui ne voulaient pas être hébergés, que j’ai déposés à la gare routière d’Aix après une traversée étonnante de Valabre et de la montée de Luynes où des camions étaient en travers, des motos jonchaient le sol, des voitures étaient abandonnées. »

Christian Huc et Norbert Del Campo, police municipale :
“Racompagner des Gardannais à leur domicile”

Dès le matin, Christian Huc, responsable de la police municipale et Norbert Del Campo son adjoint sont allés chercher d’autres agents de leur service, bloqués, afin d’être plus opérationnels. Comme l’ensemble des employés présents ce mercredi (et les deux jours suivants), les interventions n’ont pas cessé.

« Nous sommes intervenus en matière de prévention et pour tout ce qui touche à la sécurité des biens et des personnes, puis nous avons prêté main forte aux agents du centre technique municipal comme à l’organisation et à la prise en charge des personnes lors de l’accueil d’urgence de la nuit. Nous avons aidé à dégager les arbres tombés sur la chaussée, mis en sécurité des lieux, fait la tournée des écoles pour afficher l’arrêté préfectoral de fermeture pour le lendemain, porté assistance aux sans-domicile, aux personnes âgées, raccompagné des Gardannais chez eux. Il a fallu également faire la tournée des grandes surfaces pour proposer l’intervention d’une société qui a déneigé les parkings pour assurer le ravitaillement. Une astreinte téléphonique a été assurée 24h/24 le mercredi et le jeudi. »

Lieutenant Hervé Autin, gendarmerie :
"Assurer la sécurité"

« Pendant la neige, notre mission essentielle ne change pas : il faut s’assurer de la sécurité des personnes et des biens. Nous avons fait aussi attention que personne ne reste bloqué dans un véhicule. Il fallait également empêcher les automobilistes d’entrer sur l’autoroute A51 qui était fermée à la circulation. Nous étions à la hauteur des Chabauds, et dans ce cas mieux vaut des gendarmes qu’une simple barrière, puisque certaines ont été forcées.

Il fallait aussi faire respecter les arrêtés d’interdiction de circulation pour les poids lourds, ce qui n’est pas toujours facile, car les camions, une fois sur la route, avancent jusqu’à ce qu’ils soient coincés. La cellule de crise a été utile, car ça permet de faire circuler l’information et de mutualiser les efforts. Enfin, des habitants ont pu être étonnés de voir des gendarmes dans un véhicule de la police municipale, mais c’était pour une raison pratique : leur voiture était équipée de pneus-neige. »

Nicole Collin multi-accueil La Farandole :
“Si nécessaire dormir sur place”

Finalement fermés par arrêté municipal les jeudi 8 et vendredi 9 janvier, les centres multi-accueil et les crèches familiales ont toutefois accueillie des enfants le mercredi 7 janvier. « Dans la journée de mercredi nous avons reçu environ le quart des enfants qui sont là habituellement. En termes d’organisation, la veille nous savions déjà qu’il y avait un bulletin d’alerte météo et nous nous étions organisés en conséquence. Le personnel était prévenu et tous ceux qui habitent Gardanne étaient présents.

Dans la journée la plupart des parents ont pu venir récupérer leur enfant vers 16h - 17h. Les parents du dernier petit sont arrivés à 18h » explique Nicole Collin, directrice du multi-accueil La Farandole qui avait prévu, comme ses collègues, de rester sur place en cas d’absence de parents. « Dans ce genre de circonstances exceptionnelles, nous avons un toit, le chauffage et de quoi manger. Il est toujours possible de passer la nuit sur place, » explique t-elle. Dans cette situation la solidarité entre parents joue aussi, et certains qui étaient autorisés, ont pu raccompagner d’autres enfants chez eux.

Bruno Colombari, responsable du site Internet de la ville :
“informer en temps réel”

« J’ai participé à la cellule de crise mis en place en Mairie où je représentais le service communication de la ville. L’idée était que toutes les décisions prises concernant le public soient diffusées le plus vite possible comme les fermetures des écoles et des crèches, les voies d’accès qui étaient ouvertes ou fermées. J’ai été ainsi en contact régulier avec les médias dont France 3 Méditerranée pour la télévision et France Bleu Provence pour la radio. Ainsi, le maire est intervenu en direct sur France Bleu le mercredi à 18h pour expliquer la situation et France 3 a fait un point ville par ville pour donner des précisions concernant Gardanne.

De plus, sur le site Internet de la ville, j’ai pu mettre de nombreuses informations en temps réel sur les conditions de circulation mais aussi le numéro d’accueil en mairie où une permanence était assurée et celui du CCAS qui faisait tout son possible pour aider les personnes isolées et les personnes âgées à passer du mieux possible ces heures difficiles ou encore les malades à obtenir des médicaments. Le site a connu une importante augmentation de la consultation, passant de 700 connections quotidiennes à 2 500. »

Témoignages

“Grâce à vous et vos services, nous avons bénéficié d’un bon repas chaud et d’une nuit à l’abri dans le gymnase (...). Alors que plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées bloquées à différents endroits du département, nous pensons que peu ont bénéficié d’un tel accueil.”
Monsieur Guiffray, Marseille, le 16 janvier

“Cet accueil a été d’un grand réconfort et nous a montré la solidarité en action.”
Monsieur J. B, Aix, le 15 janvier

“Je faisais partie des quelques personnes des Alpes que vous avez hébergées et nourries (...). J’associe à ces remerciements votre équipe et vos personnels municipaux qui ont été particulièrement efficaces et sympathiques.”
Monsieur Gilles Pittiani, Manosque, le 20 janvier

“Je tiens à remercier les élus de Gardanne ainsi que tous les bénévoles présents pour venir en aide aux sinistrés (...). Je veux souligner la gentillesse, la disponibilité et le dévouement relevés par tous lors de cet événement.”
Monsieur Thierry Foucher, Puyricard

“Merci à tous pour votre accueil des “naufragés” du train, le 7 janvier. Merci donc à M. le maire, ses adjoints. Merci au personnel communal, à ceux qui nous ont accompagnés au gymnase...”
Françoise Hueber, Manosque

“Je garderai toujours en mémoire cet exemple de solidarité et de dévotion de toute une ville pour des inconnus, naufragés à cause des intempéries.”
M. Gantchev, étudiant à Marseille