Prévention

Les jeunes et le délit en débat Carole Nerini

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Le collectif “Regards croisés” et l’espace santé jeunes relancent le cycle de conférences initié par la Médiathèque intitulé Regards sur l’enfance. La première s’est déroulée le 23 octobre au centre Saint-Pierre sur le thème “Les jeunes et le délit”.

Les jeunes et le délit, entre éducation et répression, quelle alternative ? Tel était la dénomination exacte de cette rencontre-débat animée par Jean- Marie Carlier. La petite salle du centre Saint-Pierre est vite remplie, les habitués des conférences sur l’enfance continuant à répondre présents. La séance débute par quelques mots simples, histoire de mettre l’assemblée à l’aise, « vous voyez, ici il n’y a pas d’estrade, les gens intelligents ne sont pas qu’assis derrière les bureaux... »

Le ton est donné. C’est Serge Soto, directeur honoraire de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) qui se lance le premier. « Dimanche dernier, j’ai été agressé par deux jeunes dans une station service, et malgré ma réaction, ils ont tout de même eu le temps de me voler ma carte bleue... Je n’ai pas honte de le dire, sur le moment j’ai ressenti de la haine, je me suis dit, ras le bol, y ’en a marre, ma petite fille hurlait de peur dans la voiture. Puis je me suis posé, j’ai réfléchi qu’en 61 ans, c’était la première fois que j’étais agres - sé. Tout ça pour vous dire que dans ces cas-là, l’émotion remplace souvent la raison. »

prendre conscience de sa responsabilité

Entre 2001 et 2002, une étude a montré que la délinquance chez les jeunes avait augmenté de 7%. Cette même année, les émissions télévisées sur le sujet ont augmenté de 714%. Le problème existe, il ne s’agit pas de le nier, mais il est vrai aussi que l’on s’en sert beaucoup pour guider l’opinion publique. Ne perdons pas de vue que les chiffres, il y a mille et une façons de les interpréter.

« Le problème, poursuit Élie Gallon, sociologue, c’est qu’on ne sait pas agir sur les causes, alors, on agit sur les conséquences, en multipliant les contrôles. Les sociétés qui comptent le moins d’actes de délinquance sont des États qui sont sous un régime dictatorial. La délinquance de la rue est empêchée par la délinquance de l’État. » Comme le souligne Serge Soto, « l’auteur doit être aidé à prendre conscience de sa culpabilité. Et comprendre l’acte, ce n’est pas l’excuser. Les barrières morales sont indispensables à l’éducation. L’important réside à prendre position face à l’acte et non face à l’individu, il est primordial de le responsabiliser par rapport à ce qu’il a fait. »

On parle peut-être trop souvent de la délinquance des jeunes. Est-elle fondamentalement différente de la délinquance en général ? Et le projet de dépénalisation de délits d’initiés dans tout ça ? Dans l’assemblée, un formateur dans le milieu pénitentiaire témoigne : « Il y a encore quelques années, l’âge moyen de la population carcérale était de 35 à 40 ans. Aujourd’hui, cette moyenne a beaucoup baissé. La répression est si forte que l’acte n’est plus pris en compte. Pourtant, ce que recherchent la plupart de ces jeunes, ce sont des règles, des limites, des normes. » Reste à savoir comment va évoluer l’ordonnance de 1945...

Roger Meï a tenu à souligner qu’à Gardanne, « on se bat pour essayer d’apporter notre soutien, notre appui en amont, à encadrer les jeunes en leur proposant un maximum d’activités, en les aidant dans leurs recherches d’emploi, à lutter contre l’illettrisme. Et même si on est à contre courant de ce qui se fait, on continuera.  »