Conférence

Les chasseurs de séismes Energies 318 - Bruno Colombari

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tremblements de terre ? Comment les prévoir ? Olivier Bellier, chercheur et géologue, a répondu à ces questions le 5 juin dernier à la Médiathèque, dans le cadre du cycle Sciences et Idées.

« Pensez-vous à la Terre quand vous mangez une pêche ? Non ? Vous devriez pourtant. » Comme l’explique Olivier Bellier, la structure de notre bonne vieille planète ressemble à celle du fruit, avec le noyau, la chair et la peau. L’équivalent de cette dernière, c’est la croûte terrestre, d’une épaisseur de trente kilomètres environ. C’est là, à la frontière des grandes plaques qui s’écartent ou se rapprochent, que se produisent la plupart des séismes.

« La plaque africaine se rapproche de l’Europe, à raison de cinq millimètres par an, une vitesse assez faible. » L’Espagne et l’Italie sont en première ligne, plus que la Provence, qui se trouve tout de même cernée par les trois régions françaises où les séismes sont les plus nombreux : les Pyrénées, les Alpes et le Massif central.

Et le dernier tremblement de terre vraiment sérieux date de tout juste un siècle, le 11 juin 1909. Ce jour-là, les villages de Rognes et de Lambesc ont encaissé un séisme de magnitude 6 qui a fait 46 morts et 300 blessés. « La magnitude, c’est une mesure qui dépend de la longueur de la faille. Celle de Lambesc fait environ 10 km, celle de l’Indonésie de la fin 2004 en faisait plus de 1000. »

A Gardanne, les secousses sont devenues très rares

Le travail des géologues consiste à répondre à trois questions de base : où, quand et comment un séisme s’est-il produit ? L’objectif est bien sûr de prévoir ce qu’Olivier Bellier appelle l’aléa sismique, en clair quel est le risque qu’un nouveau séisme se produise au même endroit, en fonction de la vulnérabilité du terrain. Une information cruciale, notamment au moment d’accorder des permis de construire...

Des recherches sur la chaîne de la Trévaresse, entre Venelles et Lambesc, ont permis de déterminer avec précision où se trouve la faille à l’origine du séisme de 1909, en creusant des tranchées. « Il y a eu ici entre trois et dix séismes en 300 000 ans, estime Olivier Bellier, qui ont entraîné un mouvement de terrain entre 8 et 17 mètres. Cette longueur et cette durée nous permettent de calculer la vitesse de déplacement. Un tremblement de terre semblable à celui de Lambesc peut à nouveau se produire, mais dans un délai de 4 à 10000 ans. »

Gardanne, avec son sous-sol creusé par l’exploitation minière, est-elle menacée ? « Non, il n’y a pas de risques. Depuis l’arrêt de l’activité de la mine, il y a six ans, les secousses sont devenues très rares. » Le remplissage des anciennes galeries par l’eau pourrait-il avoir des conséquences sur la stabilité du sol ? « Là où il y a des barrages, le poids de la colonne d’eau peut jouer en exerçant une contrainte supplémentaire. Mais sous Gardanne, l’eau s’évacue et il n’y a donc pas de surpression. »

Ce que confirme Jean-Claude Lazariewicz, ancien directeur de la mine : « on estime que l’extraction du charbon a fait descendre les terrains de 70 cm environ, mais maintenant c’est stabilisé. Dans les galeries, l’eau est actuellement à 130 mètres du niveau de la mer, le remplissage va continuer pendant deux ou trois ans. » Nous reviendrons prochainement sur ce sujet.

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