Transport

Le train fantôme d’Aix-Marseille Energies 308 - Stéphane Conty

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Après 2 ans d’arrêt, la ligne ferroviaire Aix-Marseille a réouvert ses portes au public le dimanche 14 décembre. Un moment festif qui a finalement tourné court et laissé les usagers sur le quai.

Lors du trajet de la première remise en circulation d’un TER sur la ligne Aix-Marseille le 17 octobre dernier, le président du conseil régional Paca, Michel Vauzelle, avait déclaré que « la région a dépensé l’argent des contribuables pour acheter des trains et moderniser les gares, à condition que la SNCF mette les moyens pour assurer un système performant. Il faut des cheminots pour assurer la régularité du trafic.  » Il avait même ajouté quelques jours plus tard, non sans ironie, « un train sans conducteur, c’est quand même embêtant. »

Et c’est sur la problématique des moyens, notamment humains, mis en oeuvre par la SNCF sur le TER Paca, qu’un conflit s’est fait jour entre syndicats de cheminots et la SNCF, et ce dès le premier week-end de réouverture de la ligne. Les agents de conduite des syndicats CGT, FO et Sud Rail ont lancé un mouvement de grève pour protester contre le manque d’effectifs nécessaires au bon fonctionnement du nouveau cadencement des TER en Paca.

« Un train sans conducteur, c’est quand même embêtant »

Un besoin en personnel de conduite supplémentaire estimé par les syndicats à 34 agents sur la ligne Aix-Gardanne alors que la SNCF n’en n’a affecté que 14 de plus. Un sous effectif qui selon les personnels va entraîner une dégradation des conditions de travail avec des horaires décalés, des temps de repos réduits au minimum légal et des temps de conduite pouvant aller jusqu’à 7 heures en continu engendrant une banalisation des risques ferroviaires.

Un point de vue partagé par le maire de Gardanne et par Michel Vauzelle qui a rappelé que « lors de la table ronde organisée à l’Hôtel de Région le 7 novembre dernier, les responsables nationaux et régionaux de la SNCF avaient pris l’engagement de ne pas faire de la ligne Aix-Marseille un enjeu de productivité. Or, il semble aujourd’hui que ces mêmes responsables soient revenus sur leur engagement. Dans ces conditions, je ne peux qu’exprimer mon mécontentement, mon immense déception et mon incompréhension. Comment, au regard des sommes investies par la Région, au regard du bénéfice de 1 milliard d’euros réalisé par la SNCF et des millions d’euros qu’elle doit à la Région pour les trains supprimés ou en retard, celle-ci refuse quelques postes d’agents de conduite supplémentaires pour garantir la réussite du cadencement et la réouverture d’Aix-Marseille  ? »

Au final, ce 14 décembre restera un rendez-vous manqué et l’occasion d’un conflit dont on ne peut qu’espérer qu’il conduira à la mise en oeuvre des moyens nécessaires à la tenue de la promesse qui était faite d’un transport ferroviaire enfin performant sur la ligne Aix-Marseille.

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Energies 308
15 janvier 2009