Centrale thermique

Le géant de l’énergie E.on avale la SNET Loïc Taniou

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Après le rachat de Pechiney par le canadien Alcan puis par l’anglo-australien Rio-Tinto, c’est au tour de la Snet (centrale thermique) de passer des mains de l’Espagnole Endesa à celles de l’Allemande E.on. Le jeu de poker continue entre les actionnaires. Quelles seront les conséquences pour les salariés ?

En 2007, le groupe énergétique allemand E.on avait lancé une offre publique d’achat (OPA) de 42,3 milliards d’euros sur le premier électricien espagnol, la plus importante jamais vue dans le secteur de l’énergie. Puis, E.on avait conclu une trêve de dernière minute dans la bataille de la prise de contrôle du groupe espagnol Endesa en s’inclinant face à des concurrents, l’italien Enel et l’espagnol Acciona. En échange d’un engagement de ne pas repartir à l’assaut d’Endesa pendant quatre ans, ces derniers ont proposé à E.on un paquet d’actifs principalement regroupés au sein Endesa Europa, d’une valeur globale de 11, 5 milliards d’euros.

Ainsi, le 26 juin 2008, jour de la transaction se sont retrouvées dans l’escarcelle d’E.on, les activités d’Endesa en Europe présentes en Pologne, Italie, Turquie et France, dont la filiale française, la Snet (ancienne Société nationale d’électricité et de thermique) et la centrale thermique de Gardanne.

« Avec le rachat d’Endesa Europa, nous renforçons notre position sur d’attrayants marchés porteurs en Europe et créons ainsi de nouvelles plates-formes pour une future croissance, » s’est félicité Wulf H. Bernotat, Président du directoire d’E.on, dans un communiqué daté du 26 juin 2008.

Un développement durable ?

L’opération est d’ampleur, car le groupe allemand se renforce dans de nombreux pays européens, et se hisse à la troisième place du marché français de la production d’électricité. E.on dispose maintenant d’une présence européenne dont aucun autre groupe énergétique ne peut se vanter à l’heure actuelle.

« Nous nous réjouissons beaucoup de pouvoir accueillir chez E.on plus de 3 500 nouveaux employés, avec lesquels nous agirons pour renforcer davantage la concurrence, la sécurité d’approvisionnement et la protection du climat sur le marché européen de l’énergie. L’intégration rapide des nouvelles participations dans le groupe E.on constitue donc pour l’instant notre objectif primordial. » Après le repas, vient donc le temps de la digestion.

Du côté de la direction de la Snet, contactée par nos soins : « Pas de commentaire. Nous prévoyons de communiquer vers la fin de l’année. » Côté salariés, on reste plutôt dubitatifs face à ces rachats successifs : « Pour nous, ça ne change rien, ironise Nadir Hadjali, responsable du syndicat CGT. Nos inquiétudes restent les mêmes et concernent le projet industriel et le devenir du site. »

On affiche même avec prudence un a priori positif. « Du côté allemand, on a l’habitude de dialoguer avec les syndicats, ce qui n’était pas forcément le cas avec Endesa dont le dialogue s’était dégradé ces derniers temps. Avec E.on, on renoue le dialogue. Après, il faut voir ce qu’E.on veut faire réellement. Nous avons soulevé quelques problèmes, notamment au niveau du nouveau groupe 400 MW, où Endesa s’était engagée à le réaliser et avait même commencé les procédures. De plus, des investissements sont nécessaires pour consolider et améliorer les installations existantes qui sont un peu vieillissantes.  »

E.on doit maintenant analyser et donner des réponses pour janvier.