Parentalité

Le café des parents libère la parole Energies 391 - Jeremy Noé

Publié le

L’espace parents est un lieu refuge, de détente et de parole destiné à tous ceux, celles, qui veulent échanger sur la parentalité.

L’Espace parents est mis à disposition par la Ville, et animé par le secteur Éducation, la CAF, et l’AAI - secteur Familles. C’est un lieu chaleureux, un lieu de passage, de rencontres, un lieu d’éducation populaire où les familles, les parents, se retrouvent gratuitement et en tout anonymat autour d’ateliers réguliers. Ce matin-là, c’est le groupe de discussion
- le café des parents - mené par Béatrice l’animatrice qui nous intéresse. Elles sont une grosse demi-douzaines autour d’elle, toutes des femmes, bien que des hommes viennent parfois se greffer au groupe. Il y a différentes couleurs de peau, une maman voilée, une enceinte jusqu’au cou, deux sont d’ailleurs venues avec leurs enfants (grève des instituteurs oblige), d’autres sont juste bien mises, coiffure impeccable.

Nous ne saurons pas leurs noms, ne montrerons pas leurs visages ; sachez que rien ne les distingue en apparence de quantités de mamans à Gardanne. Elles ont juste choisi de venir parler. Et derrière l’aspect thérapeutique de la démarche (c’est le but), on comprend qu’un véritable groupe d’amies s’est formé. On sert les cafés, les thés (Tiens, qui a amené des chouquettes ?), et le thème de la matinée s’installe, presque par hasard. Il y a quinze jours, c’était Le bonheur. Aujourd’hui : L’adolescence.

Béatrice lance une phrase d’introduction, et la parole se délie comme une mèche jusqu’au baril de poudre : « Quand j’entends parler les ados, j’ai peur ! Moi, vu ce que les miens m’ont fait vivre... Je suis blindée ! Non mais à la télé, quand on voit qu’ils font des choses artistiques, des poèmes, ça rassure. Oui mais ça c’est trop beau pour être vrai, c’est de la télé justement ! L’adolescence c’est le bordel ! » Socrate a, le premier, popularisé “l’art d’accoucher les esprits.” Ce petit miracle a lieu ici sous nos yeux, comme chaque fois qu’on arrive à parler entre gens de bonne compagnie.

Tout y passe : la pression subie par les ados, tyrans à la maison mais impeccables à l’extérieur, le monde d’aujourd’hui, internet, le chômage, le sexe, le Sida. Sans tabous. Il suffit de quelques mots de Béatrice, comme une passe de fleuret (car dans son cas, la parole, c’est une expertise) pour faire monter le débat d’un cran : « Et notre propre adolescence à nous ? Estce qu’on peut s’en rappeler ? » Elles peuvent. Et ne s’en privent pas. Avec parfois l’émotion qui affleure, les yeux qui se mouillent, en pensant à ces petits monstres « qui nous reprochent tout, tout le temps, et pour qui on ne peut pas s’empêcher de culpabiliser chaque fois qu’ils font une bêtise. »

On rit aussi au souvenir de ses propres bêtises. On confronte les expériences, toujours : « Moi je viens d’Arménie, on était trois filles super cadrées. Je me suis lâchée à la vingtaine seulement, quand je suis partie faire des études : cigarettes, sexe, drogue à travers certaines fréquentations... alors que jusque là on en parlait même pas à la maison. » On part sur la pointe des pieds avant d’en tirer une morale simpliste, car ce matin là, au café des parents, c’est la vie qui passe. Et c’est tout.

Espace Parents avec l’Association d’aide à l’insertion et la CAF
Renseignements : 04 42 51 52 99