Intercommunalité

Le Conseil de développement donne la parole aux habitants Bruno Colombari

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Seize Gardannais font partie du Conseil de développement, qui planche depuis début mai sur le projet d’agglomération englobant 14 communes entre Gardanne et Aubagne. Salariés, militants associatifs, chefs d’entreprise, délégués syndicaux ou retraités, ils ont leur mot à dire sur les grands dossiers de l’environnement, des services publics, du développement économique, de la vie sociale et de la démocratie participative.

La Préfecture n’a toujours pas donné signe de vie à l’heure où nous bouclons ces lignes, mais le projet d’intercommunalité autour de Gardanne et d’Aubagne avance : un journal de 16 pages vient d’être diffusé dans les 14 communes, avec des infos sur l’économie, l’habitat, la démographie et l’environnement. Son nom ? Auméga, comme Aubagne, Merlançon, Étoile et Gardanne, un sigle qui pourrait être celui de la future intercommunalité. Et après des réunions de travail regroupant les élus, c’est le conseil de développement qui s’est mis en place. Forte de ses 78 membres, cette structure est imposée par la loi d’orientation sur le développement durable du territoire. Après, libre aux élus d’en faire ce qu’ils en veulent.

Ceux de GHB, de l’Étoile et du Merlançon et de Gardanne ont en tout cas décidé d’impliquer au mieux ce que l’on appelle pompeusement la "société civile", autrement dit les habitants dépourvus de mandat électif. "Cinq collèges ont été définis, explique Christian Présutto, chargé de mission du Conseil de développement. En principe, seuls les membres du collège citoyen sont désignés par le maire de chaque commune. Pour les autres collèges, ce sont les organisations, structures ou associations choisies par les élus qui nomment quelqu’un." A Gardanne, tous les conseillers ont été sollicités par la mairie. Le collège des services publics est constitué de la santé, l’énergie, l’éducation, les transports ou la fonction publique territoriale. Le collège associatif regroupe des associations de parents d’élèves, de mouvements citoyens, de protection de l’environnement, d’activités sportives, d’animations culturelles ou d’actions caritatives. Le collège du monde de l’entreprise et de l’économie est formé d’artisans, d’industriels, de représentants de grandes surfaces, de l’immobilier ou de la chambre d’agriculture. Enfin, le collège des syndicats de salariés regroupe des représentants des différentes organisations syndicales, au prorata des résultats obtenus lors des dernières élections prud’homales (sauf pour la FSU, à qui ont été attribués deux sièges). Le mandat des conseillers est de trois ans pour le collège citoyen, de six ans pour les autres.

Tout le monde joue le jeu, sauf l’État

"Tout le monde a joué le jeu, explique Christian Présutto, sauf l’État, qui a empêché l’ANPE, la DDTE et l’ONF d’y participer. Les petites communes ont fourni plus de conseillers du collège citoyen. Aubagne et Gardanne sont plus représentées dans les secteurs de la grande distribution, l’entreprise ou les syndicats." Une fois réunis en assemblée plénière, le 5 mai dernier, les 78 membres ont procédé à l’élection de leur président (le Pennois Jean-Luc Venuze) et de leur vice-présidente (la Gardannaise Carmen Phèdre) et se sont répartis dans cinq groupes de travail : l’environnement et l’aménagement de l’espace (dans lequel est abordé la question du logement), l’organisation et l’évolution des services publics (notamment les transports et le traitement des déchets), le développement économique, la valorisation de la vie sociale et du cadre de vie, la dynamisation du débat citoyen et de la démocratie participative (en clair, la participation des habitants aux décisions concernant leur quotidien).

Depuis le 5 mai, tous les groupes de travail (qui s’organisent de façon autonome) se sont réunis au moins une fois. Bernard Bonthoux, directeur d’une entreprise de maintenance informatique et militant à Attac, est issu du collège des associations et préside le groupe de travail sur les services publics. " Au cours de notre première réunion, nous avons parlé de la question des transports : comment les coordonner d’une commune à l’autre ? Comment éviter les ruptures de charge entre deux lignes de bus ? Nous avons aussi discuté de ce qui rend les transports publics attractifs aux yeux des habitants. Et contrairement à ce qu’on peut imaginer, le prix n’est pas le critère décisif. Ce qui compte en premier, c’est la qualité du service : la ponctualité, le confort, l’amabilité du chauffeur... " Lors de leurs réunions, les conseillers sont assistés par des techniciens territoriaux qui les aident à établir un état des lieux. " Ce conseil de développement, c’est un bon exemple de démocratie participative, à laquelle nous sommes très attachés à Attac. C’est d’ailleurs un principe qui pourrait être étendu dans chaque commune. " S’il est conscient qu’au bout du compte, ce seront les élus qui prendront les décisions, Bernard Bonthoux estime que les conseillers peuvent " faire pencher la balance " en cas d’hésitation entre deux choix possibles.

Joël Capra, lui, est technicien de laboratoire à la centrale thermique de Gardanne. C’est à ce titre de salarié des Industries électriques et gazières (IEG) qu’il a été retenu dans le collège des services publics. Mais c’est aussi un militant des logiciels libres, au sein de l’association aixoise AXUL. " Les logiciels libres, les communes doivent y penser. On y gagne en efficacité, et on économise beaucoup d’argent. Et accessoirement, on garde la maîtrise de l’outil économique. " Quant à Internet, " c’est un outil, il est ce qu’on en fait. Il ne faut pas en attendre de miracles. Bien sûr, on peut le configurer pour qu’il apporte quelque chose à la vie en commun. Sinon, ça peut aussi être une galerie marchande à domicile. " Son objectif, en tant que conseiller, " c’est de faire rentrer le citoyen là où la loi l’a fait sortir " avec les créations autoritaires des communautés d’agglomération.

Des conseillers, pas des techniciens

Président de l’office de tourisme, Czeslaw Nadolski se retrouve dans le groupe chargé de l’environnement et de l’aménagement de l’espace. " Nous avons fait un inventaire de l’existant, comme les différents PIDAF, la charte de l’environnement, le plan paysager... C’était l’occasion de remarquer que notre ville fait de gros efforts pour l’environnement, plus que des petites communes qui n’ont pas de tissu industriel. Les villages ont beaucoup d’espace disponible, ce qui veut dire beaucoup de terrains à bâtir. Ce n’est pas pour rien que c’est dans ces communes que la population a le plus augmenté ces dernières années. " Pour Czeslaw Nadolski, il va maintenant falloir " que les gens prennent connaissance du territoire. Un bon moyen serait de créer des sentiers pédestres le long de la chaîne de l’Étoile, d’où l’on surplombe toutes les communes. "

Côté culturel, c’est Loïc Taniou, le directeur du Sous-Marin, qui préside le groupe de travail sur la valorisation de la vie sociale et du cadre de vie, avec des thèmes abordés assez proches du précédent. "De toutes façons, les questions se chevauchent. On parle tous de citoyenneté, de participation des habitants, de respect du cadre de vie. Ça va de l’ennoyage de la mine à la question de l’habitat urbain, des commerces de proximité, des logements sociaux bien intégrés dans les petites villes." L’animation culturelle, un peu écartée dans les intitulés de départ, a été ajoutée. Le Sous-Marin travaille déjà depuis quelques temps avec l’Escale Saint-Michel, à Aubagne. "Il va falloir rencontrer les associations des autres communes pour voir ce qu’on peut faire avec elles." Les limites du dispositif, c’est bien sûr que les conseillers ne sont pas des techniciens. "Chacun confronte les projets avec sa propre vie d’habitant, de militant local. On pose un regard critique et constructif, et on remet un avis. Il est important, et je ne vois pas comment les élus pourraient passer outre. "

Le 20 juin, chaque groupe de travail remettra un avis sur le projet d’agglomération. Le Conseil de développement se réunira en séance plénière le mardi 1er juillet à Aubagne. En septembre, il sera temps d’entrer dans le détail des mesures, en passant du "que faire ?" à "comment le faire ?" En espérant que d’ici là, l’État aura enfin tenu compte de la volonté des élus et de l’implication des habitants.

Les 16 Gardannais du Conseil de développement

- Didier Touat (sportif),
- Carmen Phèdre (militante CNL), vice-présidente du conseil de développement
- Bernard Bonthoux (Attac), président du groupe organisation et évolution des services publics
- Joël Capra (centrale thermique), président du collège des services publics
- Hélène Bastide (sage-femme)
- Marcel Macario (chef d’entreprise BTP)
- Loïc Taniou (programmateur, directeur du Sous-Marin), président du groupe valorisation de la vie sociale et du cadre de vie
- Czeslaw Nadolski (président office de tourisme)
- Denis Maillot (retraité fonction publique)
- Jean-Marc Giner (proviseur)
- André Arnaud (syndiqué CFDT), président du collège des syndicats de salariés
- Alain Soto (syndiqué CGT)
- Josiane Arnal (syndiquée FSU)
- Claude Jorda (syndiqué CGT)
- Jean-Pierre Commeiras (syndiqué FO)
- Yann Moret (syndiqué CGT)