Santé

La “sécu” minière s’ouvre au public Carole Signes

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Cela fait un an que la société de secours minière du midi a élu domicile dans des locaux neufs, avenue de Toulon. L’occasion de fêter cet anniversaire en organisant des portes-ouvertes, le 12 janvier dernier, destinées à faire connaître le centre de soins de Gardanne, désormais ouvert aux affiliés du régime général.

Le 12 janvier dernier, toute la matinée, la société de secours minière du midi (SSMM) s’est ouverte au grand public. Le but de cette journée : faire découvrir aux Gardannais les nouveaux locaux de l’organisme et les informer des nouvelles dispositions juridiques qui font du centre de soins un lieu potentiellement ouvert à tous.

Comme le précise Alain Bernable, directeur de l’organisme, « en vertu de la loi de 1946, les mineurs devaient auparavant s’adresser obligatoirement à notre service de soin, qui leur était exclusivement dédié. Depuis la parution du décret du 2 novembre 2004, effectif depuis le 1er juillet 2005, les choses ont profondément évolué : il n’y a plus d’obligation pour le mineur de consulter au centre de soins minier. Et, en contrepartie les services sanitaires du régime ont la possibilité de s’ouvrir aux autres assurés sociaux. »

Un décret néfaste selon le syndicat CGT des mineurs, qui craint que cette libre circulation des affiliés ne desserve, à terme, le régime minier. Voire ne contribue à sa disparition pure et simple., dés lors que cette ouverture se fait sans moyen supplémentaires. « La population minière diminue, et nous allons subir, chaque année davantage, le contrecoup de la récession du secteur. Si l’on ne réagit pas, la mort de nos services de soins aura bel et bien lieu. En effet, des postes seront peu à peu supprimés... C’est déjà le cas à Brignoles, où il y avait auparavant trois docteurs et où, aujourd’hui, il n’en subsiste plus qu’un. Or, moins de personnel à disposition est synonyme de phénomènes de files d’attente accentués, donc de qualité de service en baisse. Aujourd’hui encore, nous faisons bénéficier nos assurés de la gratuité des soins, sans avance de frais. Nous souhaitons sauvegarder ces acquis  ! La solution, pour subsister, c’est ainsi de proposer les services de notre centre de santé à d’autres publics, » selon Alain Bernable.

Une solution viable ?

C’est en grande partie pour cela que la SSMM a quitté la cité administrative. « Nous avons déménagé dans un bâtiment neuf et moderne, car nous ne voulions pas que nos anciens locaux renvoie l’image d’un organisme en déperdition. Par ailleurs, il fallait offrir des conditions d’accueil de meilleure qualité au public, » avance Alain Bernable.

Sur le pays gardannais, trois médecins généralistes, deux dentistes, sept infirmières, sept spécialistes de l’ambulatoire et deux pharmacies constituent ainsi cette offre de soins. Par ailleurs, la sécurité sociale minière a signé récemment des accords nationaux sur les centres de santé et reçu, dans la foulée, un agrément de la DDASS rendant possible le tiers payant aux affiliés du régime général. Des accords, passés avec certaines mutuelles (mutuelles du midi, mutuelle des cheminots, MGEN...) lui permettent également d’exempter ces assurés de toute avance de frais. Seule l’ouverture des pharmacies minières pose problème. « Celles-ci sont régies par une réglementation spécifique, explique Alain Bernable. Ainsi, faute d’accord avec ces dernières, elles resteront dédiées aux seuls mineurs.  »

Reste à savoir si le centre de santé va effectivement gagner de nouveaux patients. La tendance n’y est pas favorable  : les Gardannais ne seraient pas forcément prêts à changer leurs habitudes. « Depuis le décret du 2 novembre 2004, 97 % des mineurs ont décidé de rester fidèle à leur médecin traitant minier. » De même, peu de personnes ont quitté leur praticien pour requérir les soins d’un généraliste du centre... La présence de nombreux médecins libéraux et du centre de santé mutualiste représentants déjà une offre de soin conséquente sur la commune.

Ainsi, quelles actions initier pour multiplier le nombre de patients ? Tout passe tout d’abord par la communication, bien sûr. Une opération portes-ouvertes telle que celle du 12 janvier peut toucher un plus large public. Mais pas seulement. En effet, selon le directeur, « un changement des mentalités reste nécessaire, puisque le personnel médical du centre doit intégrer le fait que désormais, il doit s’adapter à d’autres publics. »

Par ailleurs, une refonte totale des horaires est nécessaire. « Ceux de nos dentistes ont été revus de façon à pouvoir accueillir des patients qui, du fait de leur emploi du temps, ne peuvent venir qu’en soirée. Je pense par exemple aux quelques étudiants qui ont décidé de se faire soigner chez nous. Auparavant, comme les mineurs faisaient les 3-8, ils avaient la possibilité, à un moment ou à un autre, de venir soit en matinée, soit l’après-midi. » Les axes de progrès sont donc clairement identifiés.

10 000 affiliés

La sécurité sociale minière gère, en totalité, près de 10000 personnes sur Paca. L’essentiel de ces affiliés se situent dans les Bouches-du-Rhône à Gardanne, Gréasque, Fuveau, dans les Alpes de Haute-Provence, à Manosque, mais aussi dans le Var, puisque la mine de Bauxite de Brignoles dépend de cet organisme. Elle répond à deux missions principales. Tout d’abord, elle sert de caisse primaire aux mineurs, en remplissant les fonctions d’une sécurité sociale classique. Mais elle ne se contente pas de rembourser les soins et offre donc les services d’un centre de soins.
Près d’une centaine de salariés titulaires travaillent au sein de la société de secours minière du midi. Un effectif composé, pour moitié, de personnel administratif, et, pour l’autre, de personnel médical.