Assises de la solidarité et du logement social

La pression monte pour le droit au logement Bruno Colombari

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Les chiffres sont là, douloureux. Chaque mois, le service habitat de la Ville de Gardanne peut proposer des candidats pour un ou deux logements sociaux. La liste d’attente, en mai dernier, était garnie de près de 700 demandes. Parler de crise du logement, c’est rester très en-dessous de la réalité. Alors qu’il y a quelques années, les HLM, comme on dit, étaient une passerelle entre le début de la vie active et l’accession à la propriété, ils deviennent de plus en plus une bouée de sauvetage à laquelle on s’accroche pour ne pas perdre pied. Pour nombre de ménages, les projets de construction ou d’achat sont indéfiniment repoussés, et même ceux dont les revenus sont corrects se rabattent par nécessité sur le logement social. Par nécessité, pas par choix. Ces classes moyennes intéressent d’ailleurs de plus en plus les bailleurs sociaux, qui en feraient volontiers leurs locataires privilégiés.
Le problème ne touche évidemment pas que Gardanne, même si la commune paie un lourd tribu à l’inconséquence des villes voisines qui ne respectent pas le taux de 20 % de logements sociaux parmi les résidences principales. La direction départementale de l’équipement (DDE) fournit d’ailleurs des chiffres éclairants : au 1er janvier 2002, si Gardanne dépasse largement ce seuil avec 26 % de logements sociaux, 32 communes du département étaient en dessous. Parmi elles, on peut citer nos voisines Mimet (3,9 % de logements sociaux), Peypin (0,18 %), Bouc Bel Air (4,71 %), Cabriès (2,8 %), Fuveau (3,09 %) ou Simiane-Collongue (4,16 %). Autrement dit, il y a de la marge : à elles seules, ces six communes devraient offrir en tout 2 566 logements sociaux supplémentaires pour respecter la loi.
C’est tout le sens de la démarche initiée par Gardanne avec la carte-pétition ci-jointe que nous vous invitons à remplir, qui fait suite à la manifestation devant la Préfecture, le 22 janvier dernier. « Nous allons aussi participer aux états généraux pour le logement, le 4 juin à Marseille, et sans doute aux assises nationales prévues par le ministre de la cohésion sociale début juillet, précise Jeannot Menfi, adjoint au maire chargé du logement. Et les 1er et 2 octobre, Gardanne organisera à son tour des assises de la solidarité et du logement. » Ces deux jours mettront à plat la question du logement social, avec en particulier la loi SRU et l’insertion par le logement, notamment pour les personnes handicapées. Des intervenants nationaux seront invités. « L’implantation ces derniers mois d’agences immobilières démontre l’attractivité de Gardanne, où les prix des ventes et des locations sont un peu en dessous de ce qui se pratique ailleurs, poursuit l’élu. Nous réfléchissons à un nouveau programme de logements sociaux dans la commune. Dès 2005, les travaux de la résidence sociale commenceront sur le Cativel, la maison de retraite sera terminée et accueillera 84 personnes. Par ailleurs, le projet de résidence étudiante à Valabre avance (80 chambres gérées par la SAFC) et nous travaillons à l’implantation d’une résidence hôtelière". Sans oublier, bien sûr, les 160 chambres pour les étudiants du centre microélectronique de Provence, dont les travaux vont commencer à l’automne.

L’Abbé Pierre soutient l’initiative

En déplacement à Marseille pour inaugurer une pension de famille gérée par sa fondation, l’Abbé Pierre a fait un détour par la communauté Emmaüs de Cabriès. Accueilli par les bénévoles et les responsables de la communauté, le fondateur d’Emmaüs a rappelé que 5« le logement est un problème tragique. On est en état de guerre, il y a en France un million d’enfants en dessous du seuil de pauvreté. »° Puis, s’adressant aux élus présents dans la salle (Roger Meï, ancien administrateur de la communauté de Cabriès jusqu’en 1995, Georges Pazzaglini, adjoint à l’action sociale, Hervé Fabre-Aubrespy, maire de Cabriès et Stéphane Salord, vice-président de la communauté du Pays d’Aix), il a affirmé : « des maires refusent de construire des logements sociaux, des familles s’embourgeoisent et se barricadent. Des jeunes n’ont plus aucune espérance à vingt ans et se suicident. Si vous avez des responsabilités, ne perdez pas ça de vue. Quand on veut, on peut ! » Invité par Roger Meï pour les assises du logement en octobre, l’Abbé Pierre a aasuré l’initiative de son entier soutien... et qui sait de sa présence.