Médiathèque

La nouvelle photographie Energies 309

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La jeune photographie a ses revues, comme Photos Nouvelles ou Inframince. Elle a ses petits éditeurs, comme Filigranes, Le bec en l’air, ou l’éditeur marseillais Images en manoeuvres... En 2008, la Médiathèque a bénéficié d’une subvention du Centre National du Livre pour compléter ses collections de livres de photo.

HÔTESSES
Flight Attendants
Brian Finke,Filigranes
Elles sont à la fois gardiennes du vide, serveuses de bar aux petits soins, poupées tirées à quatre épingles, aides-soignantes de nos peurs. Elles vivent dans un monde “nickel”, couleur d’avion et de tarmacs, où tout est standard et en transit, entre chambres d’hôtels et salles d’attente, envols et atterrissages, entre cabines de toutes sortes et simulateurs de catastrophes. C’est un monde aseptisé. Celui des hôtesses de l’air. Censé rassurer. Admettons.

ADOS
(un été)
Marion Poussier, Filigranes
Elles sont entre-elles. Ils sont entre-eux. Elles s’ennuient. Ils les regardent de loin. Elles se demandent si. Ils font les intéressants. Elles contemplent leur portable. Ils draguent. Elles s’enlacent entre elles. Ils se lancent. Elles les narguent en rigolant. Ils sont plus timides qu’elles. Elles embrassent pour de vrai. Ils font les malins. Elles pleurent. Ils sont beaux. Entre l’enfant et l’adulte. C’est l’été. Un été entre parenthèses. Un été chez les ados.

MACHINES
Nous resterons sur terre
Cédric Delsaux, Verlhac
Les premières images sont celles de la nature, lorsqu’elle modèle la Terre. Trois pages plus loin commence le monde des hommes. Un univers de machines, de paysages refaits main, d’architectures impeccables, où tout est en “x” exemplaires, tous identiques. C’est le monde des produits, de l’accumulation et des déchets. Un monde d’une étonnante netteté, très très photogénique. Où l’ordre, jusque dans le désordre, s’impose à l’oeil discipliné du photographe.

NUS
Portraits
Éric Nehr, Filigranes
Ils s’appellent Arnaud, Karine, Margaret, Yakouba, Stéphane, Fatou, Christine, Robert-Henri, Darja, Clémence, Audrey, Jean, Malik, Ludivine, Florence, Robert ou Sarah. Apparemment, ils sont nus. On ne voit que leur visage. Nu, et en couleurs qu’on dira naturelles. Tels qu’ils sont, c’est-à-dire ainsi photographiés par Éric Nehr, ils nous ressemblent. Lorsque sortis du cadre protecteur de la représentation, nous ne sommes plus que nous-mêmes. Ce sont des portraits nus.

NO MAN’S LAND
Jaffa, la passe
Didier Ben Loulou, Filigranes
C’est un paysage désolé. Un terrain vague plus qu’une terre. Ou une terre qu’on n’occuperait qu’à défaut d’autre chose. En attendant, ça ressemble à de la ville. Ou à quelque chose qui l’a été. C’est un chantier abandonné où règnent l’éboulis, l’ordure et la fenêtre murée. Un no man’s land, où l’emplâtre est la matière première de toute création. Et de tout avenir. C’est la Terre Sainte. Soi-disant. C’est aussi du Ben Loulou. C’est-à-dire de toute beauté.

TABOU
Stigma
Antoine d’Agata
Images en manoeuvres
Il semble que l’art, depuis toujours, n’ait eu d’autre but, en forme d’obsession, que de montrer l’immontrable. Ce que nul ne peut voir : Dieu, la mort et la nudité. Interdit qu’on ne pouvait transgresser qu’à grands coups d’alibis religieux. Puis vint la photographie, avec sa manie de montrer les choses soidisant comme elles sont. Telles qu’elles ont été vues, et pour ainsi dire objectivement consignées. Il n’y a plus guère que Dieu qui tarde à se montrer !