Souad Massi et Hurle Vent en concert

La musique est un cri qui vient de l'intérieur Geoffrey Dirat

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La Maison du Peuple a accueilli la première affiche musicale de la rentrée avec Souad Massi, une jeune chanteuse algérienne dont le succès ne cesse de croître. Un concert où l’intimité a rapidement pris le dessus.

Ce qu’elle ressent à l’intérieur, elle le chante à l’extérieur. Ce n’est pas un slogan pour un quelconque produit laitier, c’est juste la façon dont Souad Massi conçoit la musique. De passage à Gardanne, elle a conquis les 300 personnes venues assister au concert qu’elle a donné le jeudi 2 octobre à la Maison du Peuple. Entre mélopées arabo-andalouses et rythmes folk, celle dont le prénom évoque en arabe le bonheur, en a beaucoup donné ce soir là. Rencontre.
énergies : Depuis trois ans vous multipliez les concerts à travers la France. N’éprouvez-vous pas le besoin de souffler un peu ?
Souad Massi : C’est sûr, c’est fatiguant d’être sur scène plusieurs soirs par semaine. Cela demande beaucoup de travail et d’énergie, mais il faut surtout avoir une hygiène de vie irréprochable. En tout cas, pour le moment je n’ai pas du tout envie de mettre le holà, j’ai tellement galéré pour trouver des dates que maintenant j’en profite au maximum. La scène est un endroit spécial. Au début de chaque concert j’ai le trac, mais très vite le plaisir prend le dessus quand je vois les gens et quand j’arrive à les rendre heureux.
Justement, comment s’établit la relation avec ce public qui généralement ne comprend pas l’arabe et donc ne saisit pas les paroles que vous chantez ?
Les gens parviennent à dépasser l’obstacle de la langue, j’essaie de les faire passer au delà des textes. En général je rappelle simplement le contexte dans lequel j’ai écris la chanson avant de l’interpréter. Je suis plus sensible à l’ambiance qu’aux mots et chaque salle a la sienne. Plus elle est petite, plus je suis proche du public, ça me permet de regarder les gens.
Après le succès de Raoui, votre premier album, la sortie de votre deuxième CD, Deb, était très attendue. Avez-vous ressenti une pression particulière ?
Le succès de Raoui est relatif. En fait, il ne s’est vendu qu’à 80 000 exemplaires. Il a seulement touché un certain public. J’avais simplement à cœur de respecter ceux qui ont aimé le premier album, mais je voulais aussi proposer une musique plus riche.
Ce nouvel album est éloigné du premier où les rythmes folk étaient omniprésents.
Je ne voulais pas m’enfermer dans une catégorie ou dans un style. En plus, Deb a été composé dans d’autres conditions, j’avais notamment plus de moyens pour le réaliser. L’album reflète mon état d’esprit du moment où j’avais envie d’oser, de tenter autre chose. Je voulais intégrer des sons et des instruments différents de la culture arabo-andalouse qui est la mienne comme par exemple les sonorités tziganes ou les tablas pakistanaises.
Habituellement on vous colle l’étiquette de chanteuse engagée. Est-elle justifiée ?
Je ne veux pas être une porte parole de l’Algérie ou des femmes algériennes. J’écris simplement des chansons avec mon vécu et les gens s’y retrouvent, peut être plus les femmes. Je suis juste concernée par les problèmes de mon pays, je participe à des concerts, c’est tout.
 

Sous les pavés, la scène

C’est durant les manifestations des mois de mai et juin derniers que la "nouvelle formule" des Hurle Vent a vu le jour. Autour des deux piliers que sont Jérôme et Nathalie Sainati, respectivement chanteur-guitariste et violoniste, se sont greffés Lawrence Caudie (percussions et bruitages électroniques), Francis Agresti (basse) et Éric Pagès (caisse claire).
Après quelques tâtonnements, Hurle Vent s’oriente résolument vers une musique intimiste et acoustique. De Brassens à Deep Purple en passant par Louise Attaque ou les Têtes Raides, le groupe s’imprègne d’influences multiples. Loin de les imiter, ils en tirent un son bien à eux.
Quatre mois après avoir donné de la voix sur les pavés, le groupe est monté ensemble sur scène pour la première fois. Et quelle première scène : ils ont assuré la première partie de Souad Massi. Une opportunité que le groupe n’a pas manqué de saisir. Il n’y a qu’Éole pour savoir où le vent les portera.