Economie

La maison en bois, construction d’avenir Energies 306 - Stéphane Conty

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Très répandue dans les pays anglo-saxons, la maison en bois reste plus confidentielle en France. Installée à Gardanne dans la zone d’activités Avon, la société Triangle constituée en Scop, Société coopérative ouvrière de production, a décidé de se lancer dans l’aventure avec des premiers résultats encourageants.

Le 17 octobre Triangle Scop a organisé un aprèsmidi portes ouvertes pour présenter son activité de réalisation de maisons en bois dont la démarche est la suivante. Après création des plans par un architecte, le bureau d’étude de l’entreprise modélise l’infrastructure en bois qui est ensuite réalisée dans les ateliers avant d’être transportée sur le site de construction et assemblée. Si le principe peut paraître facile, sa mise en application s’avère être beaucoup plus délicate comme le souligne Jacques Di Stefano, président de Triangle Scop.

« Sur le bois le moindre défaut d’une pièce ou dans l’assemblage se voit de suite et peut être lourd de conséquences. C’est un travail qui demande beaucoup de précision au moment de la conception. La phase de création au bureau d’étude est primordiale. »

Un travail de précision qui a nécessité des investissements de la part de l’entreprise quand elle s’est lancée dans cette aventure. « C’est une activité très pointue où il n’est pas facile d’avoir une rentabilité. Le savoir se perd et les professionnels très qualifiés sont rares et chers. Toutefois ces dernières années d’importants progrès techniques ont été réalisés qui rendent l’activité économiquement viable. »

Une maison en bois permet de substantielles économies de chauffage

En 2007 Triangle Scop agrandit ses locaux à la zone Avon et investit dans une machine numérique qui lui permet de se positionner sur ce marché en proposant des prix concurrentiels face à la maçonnerie “classique”. A plans identiques, une maison en bois se situe dans la même gamme de prix qu’une maison en parpaings, avec certaines particularités que souligne Jacques Di Stefano.

« Le bois est un matériaux noble et naturel dont l’exploitation a un coût énergétique assez bas et qui libère très peu de gaz à effet de serre. Outre le confort et le côté chaleureux et convivial, une maison en bois permet de substantielles économies de chauffage. Revers de la médaille, en été le bois isole mal de la chaleur. Toutefois on commence à trouver des alternatives intéressantes pour y faire face. »

Le concept de maison en bois ne concerne pas que l’habitat individuel, mais aussi le collectif, une pratique déjà bien répandue en Allemagne. Triangle Scop travaille à Nîmes sur un projet de bâtiment sur trois niveaux. Elle a aussi réalisé pour le compte d’une association caritative à Marseille 24 modules qui peuvent êtres déplacés, assemblés sur trois étages ou utilisés isolément pour répondre à des situations de logement d’urgence.

Enfin, de part sa relative légèreté (environ 20% de la même structure réalisée en parpaings), l’infrastructure en bois peut permettre de surélever des bâtiments, notamment anciens, qui ne seraient pas en mesure de supporter une élévation “en pierre”. D’autant que l’infrastructure en bois peut être recouverte des mêmes enduits, permettant ainsi l’harmonisation de la construction.

Toutefois Triangle Scop ne se résume pas à la maison en bois qui pour l’heure ne représente que le quart de son activité. Elle travaille essentiellement sur les marchés publics. C’est elle qui a réalisé toute la charpente du gymnase Léo-Lagrange. Son coeur de métier est d’ailleurs la charpente en bois et la couverture et habillage en zinc.

Comme son nom l’indique l’entreprise est une Scop (Société coopérative ouvrière de production) qui compte 45 salariés. Un statut adopté dès sa création en 1982 et peu répandue en France, qui correspond à une conception particulière de l’entreprise.

Les salariés peuvent devenir progressivement des associés

« C’est une prétention à vivre sa vie professionnelle différemment. Les salariés peuvent devenir progressivement des associés. Chez nous, c’est le cas pour 33 personnes. Nous avons un conseil d’administration tous les trimestres où chaque associé peut s’exprimer sur les grandes orientations prises par l’entreprise. Dans une Scop un homme égale une voix, indépendamment de la part du capital qu’il détient. Une fois par an, nous avons une assemblée générale où sont aussi invités les autres employés. Le bilan de l’année y est présenté et les membres du conseil d’administration élus. Je suis donc président élu de l’entreprise, mais par leur vote les associés ont la possibilité de me démettre de cette fonction si par exemple ils estiment que je n’ai pas bien fait mon boulot. Par rapport à une entreprise classique c’est un système qui donne des avantages aux employés-associés, mais aussi des responsabilités vis à vis de l’entreprise et du collectif. Ainsi contraintes et bénéfices sont partagés » explique Jacques Di Stefano.

Une entreprise qui place l’homme au coeur de son développement, un concept séduisant et viable pour une entreprise qui a déjà 26 ans d’âge.

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Energies 306
1er décembre 2008