Démolition et reconversion

La deuxième vie du puits Z Bruno Colombari

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Construit en 1986, le puits Z a remonté des millions de tonnes de charbon extrait à mille mètres de fond et brûlé dans les chaudières de la centrale thermique toute proche. Si une partie des bâtiments a été démolie, le chevalement sera conservé.

Dix-huit ans après sa construction sur le flan Nord de la colline du Cativel, le puits Z a été en partie démantelé cet été. Pas le chevalement de 70 mètres de haut, que la Ville a souhaité garder, ni le bâtiment électrique de 400 m2 au sol avec sa salle des machines. Mais les ventilateurs, la lampisterie et les installation de criblage et de concassage ont disparu, ainsi que le convoyeur à bande qui surplombait la rocade Est et longeait la voie ferrée en direction de la centrale thermique sur 800 mètres. C’est Charbonnages de France qui prend en charge l’opération en tant que propriétaire et exploitant. « La ferraille sera valorisée et le béton est broyé et concassé, » explique Gaël Aizier, chef de l’unité travaux pour CdF. Au terme du chantier, fin septembre, le puits sera débarrassé de ses bardages de tôle, ses trémies, ses escaliers et une plateforme. « Nous laissons les molettes en haut du puits. L’ascenseur sera également conservé afin d’accéder à la plateforme supérieure. » C’est par là que le charbon extrait des galeries à environ mille mètres de fond était remonté à la surface et acheminé à la centrale thermique pour y être brûlé et produire de la vapeur d’eau destinée aux turbines électriques. Les installations de tri et de concassage près du puits ne servaient qu’en secours des installations de la centrale.

Même s’il ne remontera plus jamais de charbon, le puits Z va encore servir. Il pourrait même jouer un rôle très important en cas de problème au niveau de la galerie de la mer : une installation de pompage pourrait être installée pour parer à une remontée des eaux. « Nous avons d’ailleurs réservé une emprise de 5 000 m2 près du puits. » Le fond du puits Z se trouve à 662 mètres sous le niveau de la mer, et à 880 mètres de la surface. Un piézomètre a été installé pour surveiller la montée du niveau de l’eau. Le pompage ayant cessé au fonds depuis le printemps 2003, l’eau va progressivement noyer les galeries jusqu’à atteindre la galerie de la mer, à la cote + 18. « Pour l’instant, il n’y a pas d’eau au fond du puits, elle est à 750 mètres sous le niveau de la mer. Elle monte d’environ 50 centimètres par jour, un peu moins en période sèche. On estime qu’elle atteindra le fond du puits vers le mois de mars. »
Avec son chevalement beaucoup plus caractéristique que celui du puits Morandat, le puits Z fera partie intégrante du patrimoine industriel de la commune. La salle des machines devraient être conservée en l’état : « il est possible qu’on remette un câble factice entre les treuils et les molettes du puits, afin d’expliquer aux visiteurs comment le charbon était remonté, souligne Jeannot Menfi, adjoint au maire chargé des travaux et ancien mineur. On a aussi gardé un skip. » Un skip, c’est un système de bennes permettant de remonter 30 tonnes de charbon depuis le fond. D’autre part, le reste du bâtiment offre 400 m2 de surface (sur deux niveaux) débarrassés de ses installations électriques et des cloisons en béton. Enfin, il reste les quatre hectares de terrain, accessibles par une desserte de la rocade Est et bien situés à proximité de la D6 et de la zone de la Palun, . « Un bureau d’études travaille en ce moment sur des projets d’utilisation des carreaux des puits Z et Morandat. » A dix-huit ans à peine, le puits Z entame une nouvelle vie sans jamais renier le passé.