Economie

La centrale se met à l'allemand Bruno Colombari

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Après Endesa, la Snet, qui exploite la centrale thermique de Gardanne, vient de changer de mains. Le groupe allemand E.ON, nouvel actionnaire majoritaire, maintiendrat- il le projet industriel ?

Les nouveaux logos et le papier à entête d’Endesa France, nouveau nom commercial de la Snet dévoilé en janvier dernier, n’auront pas servi longtemps. Le 2 avril, en effet, la tentative d’OPA du groupe allemand E.ON sur l’Espagnol Endesa a débouché sur un accord avec les deux principaux actionnaires d’Endesa, à savoir Enel (Italie) et Acciona (Espagne).

Du coup, E.ON récupère des actifs d’Endesa en Italie, en Pologne, en Turquie et en France, donc, avec la Snet. Voilà E.ON troisième producteur d’électricité de l’hexagone après EDF et Suez, en attendant bien sûr que la partie reprenne entre ces trois là : les 42 milliards d’euros réservés à l’OPA contre Endesa ne vont pas dormir bien longtemps.

Roger Meï, pour sa part, a rappelé sa proposition de créer un grand pôle public de l’énergie à l’échelle européenne, « un atout majeur du développement économique, une garantie pour notre environnement puisque ne répondant pas à la logique du profit qui pousse à produire plus pour vendre plus. »

A la centrale thermique de Gardanne, les préoccupations des salariés vont dans ce sens et sont plus terre-à-terre : alors qu’Endesa a distribué en 2006 la bagatelle de 68 millions d’euros aux actionnaires, la CGT constate que « les taux d’avancement pour le personnel restent toujours trop bas et inégalitaires alors que c’est grâce aux salariés que la Snet connaît une excellente santé économique. »

Le 5 avril dernier, ils bloquaient ainsi l’entrée de la centrale, comme leurs homologues d’Hornaing (Nord). « On se pose des questions sur la pérénité du site, explique Nadir Hadjali, délégué CGT. Le projet industriel d’Endesa sera-t-il repris ? On va défendre le principe d’un groupe au charbon plutôt qu’au gaz auprès de la nouvelle direction, et le maintien du groupe 4 de 250 MW qui nécessite des investissements lourds. Ici, les seuls porteurs d’avenir de l’entreprise, ce sont les salariés. »

Des salariés toujours moins nombreux, puisque les effectifs sont désormais de 170 sur le site de Gardanne, auxquels s’ajoutent entre 80 et 90 sous-traitants. « L’an dernier, c’est la manutention du charbon qui a été externalisée. Dans les cinq années à venir, il va y avoir de nombreux départs en retraite. Si le groupe 4, qui a mal fonctionné l’an dernier, est abandonné et que les départs ne sont pas remplacés, on va tomber à 80 ou 90 agents. » Sont pointés également des économies sur l’entretien des chaudières  : « les révisions sont réduites à l’essentiel. On ne fait plus de préventif. Quand une pièce casse, on répare, mais on n’a plus de stocks, il faut attendre que les pièces arrivent. »

Diminuer les rejets de 60 à 75%

Le directeur du site, Bernard Martres, souligne pour sa part que la révision décennale du groupe 5 de 600 MW aura lieu du 12 mai au 20 juillet, et qu’elle sera suivie de la révision du groupe 4 en septembre-octobre. « Quant aux travaux de désulfuration du groupe 5, ils avancent. Nous ferons des essais à l’automne, pour une mise en service des nouvelles installations au printemps 2008. Les délais prévus seront tenus. »

L’objectif était de répondre aux nouvelles normes européennes de rejet d’oxyde d’azote et de soufre, qui seront réduits respectivement de 60 et 75 %. « En ce qui concerne le futur groupe 6 [une tranche de 400 MW au gaz, NdlR], la demande d’autorisation a été déposée en Préfecture, et des discussions sont en cours avec plusieurs communes concernées par le passage d’un gazoduc. »